Le Conseil de sécurité de l’ONU a aussi étendu à la Syrie l’interdiction de faire du commerce de biens culturels volés afin d’endiguer les pillages. Le site gallo-romain de Palmyre est en proie au pillage en Syrie. Le site gallo-romain de Palmyre est en proie au pillage en Syrie. Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté, jeudi à l’unanimité, une résolution visant à asphyxier les groupes djihadistes comme le groupe État islamique (EI) et le Front al-Nosra, qui tirent des millions de dollars du pétrole, du trafic d’antiquités et de rançons. Le texte, présenté initialement par la Russie, a été coparrainé par les principaux acteurs de la crise syrienne (États-Unis, Russie, France, Royaume-Uni, Syrie, Iran, Irak, Jordanie). Il rappelle aux États l’obligation de s’abstenir de toute transaction pétrolière directe ou indirecte avec l’EI et de geler les avoirs financiers du groupe. Le Conseil leur demande de signaler à l’ONU lorsqu’ils saisissent du pétrole brut ou raffiné venu de zones tenues par les djihadistes en Syrie et en Irak. Il étend à la Syrie l’interdiction de faire commerce de biens culturels volés, qui s’appliquait déjà à l’Irak. Il recommande de mieux contrôler les mouvements des camions et avions dans les zones tenues par l’EI, susceptibles de transporter des marchandises volées (or, produits électroniques, cigarettes). Cette recommandation s’adresse en particulier à la Turquie, principal point de passage. Mais le Conseil ne reprend pas la recommandation d’experts de l’ONU de saisir les camions-citernes passant des zones tenues par l’EI aux pays voisins. Cette initiative s’inscrit dans un contexte de pressions accrues sur les djihadistes. Selon des responsables américains, « l’organisation terroriste la mieux financée au monde» a perdu du terrain sous les coups de boutoir de la coalition internationale, ses revenus pétroliers sont en baisse et elle doit s’attendre à une vaste offensive terrestre en Irak.
Sanctions contre les récalcitrants
Selon un rapport de l’ONU datant de novembre, les djihadistes gagneraient de 850 000 à 1,65 million de dollars par jour en vendant du pétrole à des intermédiaires privés. Mais certains experts estiment que ces revenus ont diminué de moitié à la suite des bombardements menés par la coalition et de la baisse du prix du brut sur les marchés. Cette résolution très technique, qui s’applique aussi à d’autres groupes extrémistes comme le Front al-Nosra, est placée sous le chapitre 7 de la Charte de l’ONU. Celui-ci prévoit la possibilité de sanctions pour les récalcitrants. La résolution regroupe et détaille en fait toute une panoplie de mesures prises par le Conseil depuis que l’EI s’est emparé de larges pans de territoire en Syrie et en Irak. Par ailleurs, un régime de sanctions (gel d’avoirs, embargo sur les armes notamment) s’applique depuis de nombreuses années aux organisations et individus affiliés de près ou de loin à Al-Qaida. Le Conseil avait aussi adopté, en août 2014, une résolution visant à couper les fonds aux djihadistes en menaçant de sanctionner les pays qui leur achèteraient du pétrole. Il s’agissait également d’endiguer le flux de combattants étrangers partis rejoindre l’EI en Irak et en Syrie et qui seraient désormais plus de 20 000.
Paris nie officiellement payer des rançons
La nouvelle résolution «va resserrer un peu l’étau et montrer la détermination du Conseil, même si son impact à court terme est difficile à évaluer», explique un diplomate occidental. Il juge cependant «positif» que la Russie soit à l’origine de cette initiative. Faire appliquer ces décisions ne sera pas facile vu le nombre d’intermédiaires qui trafiquent avec les djihadistes. Le Conseil recommande aussi une nouvelle fois de ne pas verser de rançon en cas d’enlèvement, mais plusieurs pays européens, dont la France, sont accusés de le faire par des voies détournées. Paris a toujours nié officiellement payer des rançons pour faire libérer ses ressortissants. La principale nouveauté de la résolution est une interdiction spécifique du trafic des oeuvres d’art et antiquités dérobées en Syrie. Une telle interdiction s’applique déjà à l’Irak. «Tous les États membres, indique le texte, devront prendre les mesures nécessaires pour prévenir le commerce de biens culturels irakiens et syriens» sortis illégalement d’Irak depuis août 1990 et de Syrie depuis mars 2011 (date du début de la crise syrienne).