La 3ème édition des «Conversations régionales pour la Prévention de l’extrémisme violent dans la région sahélo-saharienne», qui se tiennent aujourd’hui et demain à Alger, arrive à point pour rappeler combien la situation dans la triple région maghrébo-saharo-sahélienne reste précaire au milieu de menaces et périls multiformes : terrorisme, banditisme, drogue, trafic d’armes et réseaux de la traite humaine.
Toutefois, le Nord-Mali demeure le centre d’expérimentation des stratégies de puissance, tout comme la Libye ; or les deux pays sont les voisins sud et sud-est de l’Algérie. D’où toute la volonté pour solutionner d’abord, ces deux régions avant de parler paix.
Dans ce cadre, les accords d’Alger demeurent un outil indispensable pour une solution politique négociée. La représentante des États-Unis au Conseil de sécurité de l’Onu, disait lors d’une réunion sur la paix et la sécurité en Afrique que «l’accord d’Alger reste de la plus grande importance à notre disposition pour commencer à faire face à la situation au nord du Mali». Les représentants de l’Union Africaine et de l’UE l’ont soutenue.
Le 23 mai dernier, lors d’une réunion du Conseil de sécurité de l’Onu, les représentants des États-Unis, de l’Union européenne et de l’Union africaine ont considéré que l’accord de paix issu du processus d’Alger concernant la crise au Sahel était une plateforme efficace pour résoudre la crise dans cette région.
S’exprimant sur la politique sécuritaire dans la région du Sahel et évoquant plus particulièrement le rôle de la force G5 Sahel, Amy Noel Tacho, représentante des États-Unis, a déclaré que le Conseil de sécurité et la communauté internationale se sont beaucoup concentrés sur les modalités d’appui à la force conjointe mais il est important de rappeler «que la solution sécuritaire à elle seule ne permettra pas de régler les problèmes économiques et politiques».
«L’accord d’Alger reste de la plus grande importance à notre disposition pour la stabilité de ce pays», a-t-elle ajouté en soulignant qu’il était important de «ne pas perdre de vue le processus de paix dans ce pays en s’attaquant aux causes profondes du conflit».
L’accord de paix au Mali, issu du processus d’Alger, a été signé en 2015 à Bamako entre le gouvernement malien et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Ce texte prévoit, entre autres, un retour à une vie politique démocratique par l’organisation d’élections libres.
L’Algérie, qui s’était opposée à l’intervention de l’Otan en Libye, avait imaginé, quelques années avant la naissance du G5S, un mécanisme similaire impliquant des pays de la région. Il s’agissait du CEMOC (Comité d’État-major opérationnel conjoint), lancé en avril 2010 et basé à Tamanrasset. Cette structure réunissait, théoriquement, les forces armées des pays sahéliens sous l’égide de l’Algérie. Si l’Algérie tourne le dos au G5 Sahel, c’est parce qu’elle considère que c’est un outil dévoyé de sa fonction et qu’elle est la véritable initiatrice du projet. Le G5 Sahel a été constitué à la hâte pour contrecarrer le projet algérien, mais celui-ci demeure sans aucune prolongement dans la société azawadie et dans les agglomérations des villes du Nord-Mali, Aghelhoc, Gao, Kidal et Tombouctou. Détaché des populations locales, qui n’ont pas adhéré au projet, le G5 Sahel risque au meilleur des cas, de faire un dangereux flop, là où Serval et Barkhane ont échoué avant lui, et au pire des scénarios de devenir une autre machine de guerre qui va tourner dans le mauvais sens.
O. F.