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Institut d’éducation physique et sportive de Chlef : les moyens font cruellement défaut

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À quelques jours de la rentrée universitaire, les choses ne semblent pas évoluer dans le bon sens, en tout cas celui souhaité par les étudiants de l’Institut d’éducation physique et sportive.

En effet, l’absence d’installations et de terrains de sport, à l’IEPS d’Ouled-Farès, n’est pas pour arranger les étudiants qui fréquentent cet établissement dépendant de l’université de Chlef. Cette lacune incompréhensible les a contraints jusqu’à ce jour à un vrai parcours du combattant pour suivre leur formation, car ces étudiants étaient tenus d’assister aux cours théoriques au campus d’Ouled-Farès, où se trouve leur institut et pratiquer des séances de sport dans les stades, piscines et autres salles situées dans la ville de Chlef. Pour les responsables de l’Institut, «à défaut des structures sportives adéquates, nous éprouvons d’énormes difficultés pour assurer une formation de qualité». Il faut noter qu’en plus du coût exorbitant, dont devra s’acquitter l’université pour louer les installations sportives relevant de la direction de la jeunesse et des sports, responsables et étudiants continuent de souffrir le martyre à cause des déplacements quasi-quotidiens entre l’Institut et ces mêmes infrastructures sportives qui leur manquent tant à Ouled-Farès. Mohamed Yahyaoui, le directeur de l’Institut, fulmine quand on lui parle de ce problème. «Comment voulez-vous assurer une formation de qualité à vos étudiants, lorsque, du matin au soir, ils sont trimbalés entre l’Institut et les stades et autres piscines ?», s’interroge-t-il, ajoutant que «l’État dépense des fortunes pour que les conditions minimales soient réunies pour un bon enseignement, et ce n’est pas le cas, présentement, dans cet institut fréquenté par plus de 1 000 étudiants». Pour le premier responsable de l’Institut, «c’est un problème d’organisation quasiment impossible à résoudre, qui gêne énormément le staff pédagogique».
L’inquiétude est grande chez tout le personnel d’encadrement car «comment l’administration va-t-elle assumer son rôle de suivi et de contrôle des activités pédagogiques, si les étudiants et les enseignants sont ailleurs ?», s’interroge-t-on, à juste titre. Question qui ne peut trouver de réponse dans l’immédiat car, pour ce faire, ce contrôle nécessite la réalisation de l’ensemble de l’infrastructure projetée au profit de l’Institut au niveau du campus d’Ouled-Farès. «Il ne vous échappe pas, nous dit Yahyaoui, que tout a été réfléchi sur le principe qu’il devait y avoir des terrains et des infrastructures à proximité de l’Institut. Or, de tout ce qui a été prévu, nous n’avons rien vu, sauf quatre stades en piteux état et une salle couverte, entièrement dégradée». Plus grave, les responsables en charge de la construction de ces équipements n’ont pas jugé utile de réaliser… des voies d’accès ! Il faut, dira-t-il, «dépenser des centaines de millions supplémentaires pour prétendre remettre en état ces infrastructures». Quant au stade et à la piscine, enseignants et étudiants attendent toujours leur réalisation. Inscrits en 2007-2008, ces deux projets ont fini par être abandonnés par les autorités, ce qui fait enrager davantage Yahyaoui : «On peut les différer une année ou deux, mais pas éternellement ; je ne pense pas d’ailleurs qu’ils verront le jour de sitôt car, aux dernières nouvelles, ils ont été carrément abandonnés par les autorités centrales», nous annonce-t-il. Aussi, pour permettre aux étudiants de suivre leurs cours, la direction de l’Institut est obligée de louer le stade et la piscine de la direction de la jeunesse et des sports. Au prix fort, car il a été décidé dernièrement de ne plus louer les installations sportives étatiques au prix symbolique. Conséquence de cette situation : l’université se doit de débloquer des sommes faramineuses, alors qu’elle aurait pu, si ses responsables avaient été plus proches des étudiants, faire pression pour que les deux projets voient le jour. Par ailleurs, selon notre interlocuteur, la décision de transférer l’Institut à Ouled-Farès n’était pas bien réfléchie et étudiée, car il n’y avait à l’époque que les murs.
Selon le directeur, il aurait fallu patienter un peu et attendre que les travaux soient entièrement achevés. «Et, encore, si vous aviez vu dans quel état était ce bloc, vous auriez crié au scandale», s’insurge Yahyaoui qui estime que les responsables qui l’ont précédé n’auraient pas dû s’engager à déménager, alors que la bâtisse n’était pas entièrement équipée et qui, plus est, comportait pleins de vices et de défauts. Cette situation serait à l’origine du déclin de l’Institut qui passe de 2 500 étudiants en 2006 à 1 062 aujourd’hui. «Nous étions les leaders au niveau national car, parmi les 22 instituts, nous étions classés parmi les meilleurs au plan de la pédagogie et du nombre de spécialités enseignées. Dans le meilleur des cas, les autres instituts dispensaient 3 à 4 spécialités, nous en avions, par contre, six», précise notre interlocuteur qui ne s’avoue pas pour autant «vaincu» par l’adversité. Bien au contraire, Yahyaoui fait montre d’une extraordinaire volonté de faire sortir son établissement du ghetto qui lui a été imposé. «Si nos effectifs sont descendus à 1 000 étudiants, cela veut dire qu’il y a mal donne, quelque part. Et, en premier lieu, la mauvaise gestion dont sont coupables, et les responsables de l’université et les autorités locales donnant l’impression de ne pas s’intéresser au devenir de l’Institut.» Et de se poser la question qui fâche : «Pourquoi a-t-on autant tardé pour construire les installations, c’est-à-dire la piscine et le stade ?» Côté infrastructures pédagogiques, les choses ne vont pas mieux. L’institut ne dispose en effet que de 12 minuscules salles pour les travaux pratiques. Selon les enseignants «les salles ne peuvent abriter plus de 12 personnes alors que les groupes sont constitués au minimum de 25, voire 30 à 35 étudiants !» C’est la nature même de l’enseignement dispensé qui impose ce nombre car, pour une séance pratique de football, il faudrait au moins deux équipes de 11 en plus des entraîneurs et des arbitres. Selon les enseignants «l’administration de l’institut doit lutter sur plusieurs fronts pour assurer un enseignement digne de ce nom à ses étudiants, notamment en leur fournissant le matériel pédagogique adéquat et des conditions de travail décentes. Pour les actuels dirigeants de l’institut, il n’y a pas de doute que les précédentes administrations de l’université se faisaient une idée fausse de l’enseignement de la spécialité: «Ils pensaient que l’éducation physique et sportive est une affaire de ballons et de filets. «J’ai dû expliquer au responsable du budget que l’institut enseignait aussi des modules d’anatomie, de biochimie, de morphologie, de physiologie et de médecine du sport». Il faut des matériaux pour étudier tous ces modules, pour permettre à l’étudiant de comprendre l’anatomie du corps humain, et cela avec un matériel pédagogique, souvent comparable à celui utilisé dans les facultés de médecine : squelette, crâne articulaire, articulations de l’épaule, du genou, de la hanche.C’est la particularité des sciences et techniques de l’activité physique et sportive, qui sont liées aux sciences humaines, dont la psychologie, la sociologie, etc.», explique à nouveau Yahyaoui. En outre, il faut équiper l’institut en matériel de prise de vue et de logiciels à même de permettre d’analyser des situations et des phases de jeu dans toutes les disciplines. Il y a toutefois des aspects positifs que le directeur a bien voulu commenter. À commencer par les débouchés offerts pour les diplômés de l’institut. «Maintenant, les diplômés de toutes les spécialités trouvent plus ou moins des postes de travail dans le secteur de l’éducation (les collèges et les lycées)», explique Yahyaoui qui rappelle qu’auparavant les diplômés des filières l’entraînement sportif et management sportif (gestion des infrastructures et clubs) n’étaient pas acceptés, au contraire de ceux ayant suivi la spécialité «éducation physique et sportive». Le vœu le plus cher de Yahyaoui est celui de voir l’Institut devenir faculté des sports, et pourquoi pas, dira-t-il, rivaliser avec les grandes universités américaines ou européennes. Raison pour laquelle il a entrepris de signer des conventions d’échange et de partenariat autres qu’avec les seules universités françaises.
Pour l’instant, l’institut entretient des relations avec les universités de Strasbourg, Nancy et Paris-5 et, depuis quelque temps, il compte développer des échanges avec l’université de St-Petersburg (Russie), et l’institut des sports de Catalogne (en Espagne). Par ailleurs, trois autres conventions sont à l’étude, la première avec l’université de Californie, la seconde avec l’université de Manchester et la troisième avec l’université de 3 Rivières, au Québec. Pour Yahyaoui cet enfant de Ksar El-Boukhari, qui boucle sa quinzième année à Chlef, son but est d’arriver à surpasser les autres instituts nationaux. Sur tous les plans : qualité de l’enseignement, de la formation et celle des résultats dans les différents paliers. Pour rappel, l’institut d’éducation physique emploie 56 enseignants, dont 33 enseignants de rang magistral et 25 maîtres-assistants. Yahyaoui souligne que l’encadrement est jeune et ambitieux, indiquant qu’il y a actuellement 41 doctorants, dont certains viennent de soutenir leur thèse.
Notre interlocuteur nous informe par ailleurs que nombre d’enseignants exerçant à Oran, Tissemsilt, Mostaganem, ou Boumerdès sont issus de l’institut de Chlef. Enfin, sur les 1 062 étudiants que compte l’institut, 409 sont en première année, 187 en deuxième année, 93 en troisième année, 175 en première année master et, enfin, 198 en deuxième année. Il y a au total 373 en master et 689 en licence.
Bencherki Otsmane

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