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Grèce : réunion du gouvernement après un marathon européen

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Le gouvernement grec doit se réunir samedi, au lendemain d’un marathon européen peu concluant à l’issue duquel Athènes a réitéré sa demande d’un plan-relais d’aide au pays et avant une semaine de réunions à haut risque. La posture du gouvernement, et le temps qui passe alors que se présentent des échéances de dettes cruciales à honorer, ont poussé l’agence de notation Standard & Poor’s à dégrader d’un cran la note de la Grèce vendredi soir, de «B» à «B-», en menaçant d’aller encore plus loin. Dans la soirée, Moody’s a accentué la pression en annonçant placer la note grecque «sous examen en vue d’une dégradation» en raison de «l’incertitude élevée des négociations entre la Grèce et ses créanciers publics». Le gouvernement réclame 1,9 milliard d’euros aux banques centrales de la zone euro, au titre des bénéfices réalisées par celles-ci sur leurs avoirs en titres grecs, ainsi que l’extension de sa capacité d’endettement fixée par ses créanciers à 15 milliards d’euros en 2015, a répété une source gouvernementale vendredi.

«Sans pression et sans chantage»
Le financement-relais doit permettre «de négocier sans pression et sans recourir au chantage», selon cette source. Le message s’adresse à Berlin, qui joue la montre alors que les sources de financement de la Grèce se tarissent, et à tous les partisans d’une ligne dure en Europe. «Nous ne faisons pas de financements-relais», a asséné le patron de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, selon l’agence Bloomberg. Or, la Grèce va jouer son va-tout devant l’Eurogroupe comptant les 19 ministres des Finances de la zone euro, mercredi avant un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne à Bruxelles.
D’ici là, le gouvernement grec doit peaufiner sa stratégie et samedi, le conseil des ministres doit se réunir pour la deuxième fois en trois jours.
Athènes maintient une revendication majeure du gouvernement Tsipras: s’affranchir des accords passés depuis 2010 qui imposent un programme de rigueur jugé humiliant en échange d’une aide de plus de 200 milliards d’euros. La Grèce veut repartir sur de nouvelles bases, avec une dette allégée via des montages financiers sophistiqués et moins de contraintes budgétaires. Elle juge qu’un plan-relais lui permettrait de peaufiner ses demandes et de mettre au point un ambitieux programme de réformes, notamment fiscales.

L’Allemagne intransigeante
Mais pour l’Allemagne, la Grèce doit s’en tenir aux engagements passés et au calendrier fixé, sans régime d’exception même temporaire.
Le compte à rebours est donc plus que jamais engagé pour Athènes qui pourrait se voir privé le 28 février de toute aide internationale. Son financement ne tient plus qu’à un filet de sécurité de la Banque centrale européenne, le mécanisme «ELA». La réunion de l’Eurogroupe sur la Grèce «était attendue et elle est bienvenue», avaient indiqué plus tôt des sources proches du Premier ministre, Alexis Tsipras, au retour d’un marathon d’entretiens à Rome, Paris, Bruxelles, Francfort et Berlin pour roder son argumentaire anti-austérité. M. Tsipras mène de front sa campagne européenne et des engagements domestiques, ayant obtenu le soutien de milliers de manifestants jeudi soir à Athènes.
Il doit présenter dimanche son programme au Parlement suivi d’un vote de confiance prévu mardi. Cela ne devrait guère faciliter le dialogue européen: plusieurs promesses anti-austérité de son parti Syriza horripilent les partisans de la rigueur en Europe, qu’il s’agisse d’augmenter le salaire minimum, de réembaucher des fonctionnaires ou d’arrêter les privatisations.
Face à Athènes, le camp de la discipline budgétaire s’organise, avec Berlin mais aussi Lisbonne et Madrid, tout justes sevrés de l’aide européenne. L’Italie et la France ont adopté une ligne plus conciliante, mais refusent qu’un allègement de la dette grecque ne pénalise leurs contribuables. Tentant de donner encore une marge de manoeuvre à la Grèce, le ministre italien de l’Economie Pier Carlo Padoan a fait savoir que l’Eurogroupe «n’était pas un lieu de conflit entre une équipe et une autre, mais celui d’une recherche constante de solutions partagées».
Les Etats-Unis ont, eux, jugé via leur ambassadeur en Grèce David Pearce «très important que le gouvernement grec travaille en coopération avec ses collègues européens, et avec le FMI». La réunion extraordinaire de l’Eurogroupe mercredi sera précédée d’une rencontre des ministres des Finances du G20 lundi et mardi à Istanbul.
«La Grèce ne figure naturellement pas à l’ordre du jour officiel, mais on peut probablement s’attendre à ce qu’elle joue un rôle dans les rencontres bilatérales» en marge du sommet, a estimé un porte-parole du ministère allemand des Finances.
Dans une note alarmiste, les analystes de Capital Economics ont jugé vendredi que la Grèce n’a «jamais été aussi proche d’une sortie de l’euro».

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