Le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), Amar Saâdani, a lancé hier, de manière solennelle, son initiative politique de la création d’un front national de soutien au programme du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. L’annonce a été faite lors de l’ouverture des travaux de la première session du comité central (CC) de l’ex-parti unique, tenue à l’hôtel El-Aurassi d’Alger. Cette initiative est ouverte sans exclusive aux partis politiques, aux associations de la société civile, aux syndicats, aux patronats, aux journalistes, aux cadres et personnalités nationales. Le patron du FLN a invité toutes les parties s’inscrivant dans une vision portée sur le dialogue et la concertation des valeurs clés, selon lui, pour le règlement des différences d’opinions et de positions, qui caractérisent l’échiquier politique national. Cette initiative ne fait que confirmer, aujourd’hui, combien Saâdani se bat pour maintenir la position de son parti à la première marche du podium. En effet, en juin dernier, l’homme fort du FLN a refusé de s’engager dans l’alliance politique proposée par son alter ego du RND, Ahmed Ouyahia, une proposition qui vise plus au moins les mêmes objectifs que la sienne. Mais, contrairement au RND, Saâdani veut ratisser large, en voulant mobiliser toutes les forces politiques dans une association qui soutiendra «sans réserves» le programme du chef de l’État. Pour sa première apparition publique depuis l’entame de la rentrée partisane, le secrétaire général du parti majoritaire a mis l’accent sur son projet politique, quand bien même l’ordre du jour de cette rencontre bat le plein. Selon les termes de Saâdani, qui a tenu à esquisser les contours de son initiative, il s’agit d’un cadre de dialogue, où les partenaires se pencheront sur les questions qui visent l’intérêt du pays, afin de renforcer l’unité nationale, la préservation de la paix et de la stabilité nationale, ainsi que la poursuite du processus de la Réconciliation nationale et la consolidation de la justice sociale, a-t-il souligné. Dans une session ayant vu la participation de 480 membres du comité central, sur les 505 existants, parmi eux une pléiade de ministres du gouvernement se présentant sous leur casquette de militants du parti, le chef du FLN a rendu un hommage à Abdelaziz Bouteflika, lequel était intronisé président lors du 10e congrès tenu fin mai dernier. D’ailleurs, Saâdani n’a pas caché «sa fierté» de voir sa formation politique consolidée par nombre de membres de l’Exécutif national, à sa tête Abdelmalek Sellal, Premier ministre. Qu’en-est-il de ce projet? Il s’agit d’une initiative politique pour le progrès, la cohésion et la stabilité, pouvait-on lire sur une mouture explicite rendue publique lors de cette rencontre. Une première lecture fera clairement apparaître que les velléités de Saâdani entendent faire de son parti une locomotive, non pas uniquement par rapport à son rival direct le RND, mais, désormais, pouvant atteindre les autres appareils politiques, moins influents soient-ils, les associations et les personnalités les plus en vue sur la scène nationale. Pour le patron du plus vieux parti national, devant les défis qui attendent le pays, il est plus que jamais impératif de se mobiliser autour des grandes questions qui lient les composantes structurelles nationales, quels que soient leurs points de vue, pour peu, a-t-il laissé entendre, qu’elles s’inscrivent dans la droite ligne du projet du chef de l’État, en matière des réformes politiques.
Se référant au discours du président de la République d’avril dernier, portant sur ces réformes visant à mettre de l’équilibre dans les institutions, et la dotation du Parlement de plus de prérogatives, Saâdani a évoqué le projet de révision de la Constitution, un point inscrit au menu de cette session. En effet, il sera question d’engager un débat profond tout autour, afin de rappeler les propositions du parti quand à l’adoption d’une Loi suprême à la mesure de ses aspirations. Lors de l’ouverture des travaux de cette session, quatre commissions ont été mises sur pied, afin de discuter de quatre questions.
Il s’agira des règlements intérieurs du parti et du CC, d’un avant-projet sur les prochaines joutes sénatoriales, de la Constitution et, enfin, sur la résolution politique devant conclure cette rencontre. Dans son discours, le chef du FLN s’est exprimé succinctement sur la situation économique, en rappelant que son parti soutient le plan du gouvernement, qui vise la diversification de l’économie et la relance industrielle. S’agissant de l’adoption du nouveau bureau politique (BP) issu du dernier congrès, Saâdani a présenté ses proches collaborateurs composant la nouvelle direction politique, tard durant la journée d’hier. Le chef du FLN a mis, donc, fin à un suspense ayant duré depuis la fin du congrès. Aucun ministre du gouvernement Sellal ne figure sur cette liste, du fait qu’ils sont pris par leurs tâches au niveau de l’Exécutif.
Farid Guellil