Déclenché le16 février dernier, le bras de fer ayant opposé durant plus d’un mois le ministère de l’Éducation nationale aux différents syndicats du secteur a enfin fini par trouver son épilogue. En effet, à l’issue d’une ultime rencontre ayant réuni les représentants du ministère et le syndicat maximaliste CNAPESTE, et après bien des quiproquos et d’échanges d’accusations de part et d’autres, le ministère de l’Éducation nationale a annoncé par voie de communiqué de presse, rendu public jeudi dernier, qu’un accord portant sur la promotion des enseignants au grade supérieur dans les conditions définies par les dispositions statutaires avec une mise en oeuvre qui concernera le personnel enseignant été conclu. «Les différentes parties sont arrivées à un accord portant promotion des enseignants au grade supérieur dans les conditions définies par les dispositions statutaires avec une mise en oeuvre qui concernera le personnel enseignant. Cette opération de promotion s’échelonnera jusqu’à juin 2017», selon le communiqué du ministère de l’Éducation nationale. Cet accord fait suite aux différentes réunions tenues au siège du ministère de l’Éducation nationale avec les syndicats agréés auprès du secteur de l’éducation, dans la continuité des négociations entamées depuis le 8 février 2015, après que l’administration centrale ait réalisé l’évaluation de la situation globale des postes budgétaires en déterminant ceux ouvrant droit dans la promotion dans les grades de professeur principal et professeur formateur et ce, en conformité avec les dispositions statutaires et celles relatives à la réglementation en vigueur. En ce qui concerne les personnes occupant des postes en voie d’extinction, «il a été arrêté des mesures supplémentaires en complément à l’instruction N°11 du 22 septembre 2014, complétant l’instruction N°04 du 6 juillet 2014 portant mesures d’application du décret 12/240 du 29 mai 2012, portant statut particulier des personnels spécifiques à l’éducation nationale», ajoute le communiqué. Les présentes mesures ont été prises par le ministère de l’Éducation nationale en commun accord avec les différents partenaires sociaux dans un souci de stabiliser de manière pérenne l’école algérienne, conclue le communiqué.
Le jusqu’au-boutisme du CNAPESTE
Le CNAPESTE est le principal syndicat à avoir continué à intensifier la pression sur les pouvoirs publics. L’intransigeance et l’entêtement du CNAPESTE ont été tels qu’ils ont fini par exacerber les tensions et, avec des fortunes diverses, les enseignants ont été plus blâmés qu’applaudis par la vox populi. En effet, des critiques acerbes ont fusé de la part des parents d’élèves qui, soucieux du bien-être des potaches, ont brandi la menace d’ester les grévistes en justice. De l’autre côté, les élèves, et essentiellement ceux concernés par les examens ne sont pas restés de marbre, critiquant avec des mots à peine voilés la mesure portant distribution de CD de cours et investissant bruyamment la voie publique, faisant part de leur désapprobation. Donc, et au sortir d’un ultime round de négociations avec le ministère de tutelle, le CNAPESTE a fini par lâcher du lest et confirme la bonne nouvelle. Le CNAPESTE a décidé de mettre fin à la grève après la réunion en urgence convoquée par le ministère de l’Éducation nationale pour examiner les revendications soulevées, selon un communiqué publié sur le site web de ce syndicat. De son côté, le coordinateur national du syndicat, Larbi Nouar confirme et indique que le syndicat a décidé de «mettre fin à la grève et de reprendre les cours à partir de dimanche prochain». Sur le même registre, il a fait part de l’engagement du syndicat à prendre en charge les élèves sur le plan pédagogique. Avant la conclusion de cet accord, le CNAPESTE avait intensifié son mot d’ordre de grève. Accusant la tutelle de fuite en avant, ce syndicat avait organisé des sit-in au niveau des directions de l’éducation des wilayas du pays durant la semaine écoulée. La poursuite de la grève et l’intensification des mouvements de protestation «sont la seule solution pour mettre la tutelle devant ses responsabilités », avait en effet martelé le principal animateur du syndicat, Messaoud Boudiba. De l’autre côté, les représentants du ministère de l’Éducation accusaient le CNAPEST d’avoir dévier de son rôle d’organisation socioprofessionnelle et de faire du chantage. Pour rappel, la grève des enseignants des lycées avait été déclenchée le 16 février dernier avec comme principales revendications la retraite après 25 ans de travail et la promotion automatique.
Ministère : les voies du dialogue maintenues ouvertes
Durant la période de l’appel à la grève décidée par les syndicats du secteur, le ministère de l’Éducation nationale n’a cessé d’appeler à la retenue et à la raison. En effet, le ministère de l’Éducation nationale a eu à exprimer, par la voie de ses représentants ou de la ministre en charge du secteur, Nouria Benghebrit, sa volonté de maintenir les portes du dialogue et de la concertation ouvertes. Il a même été plus loin en proposant l’urgence d’instituer une Charte d’éthique et de stabilité dans le secteur de l’éducation à laquelle il a appelé l’adhésion de l’ensemble des syndicats du secteur et ce, dans la finalité de réaliser un consensus «pour l’instauration d’un climat favorable à la réalisation des objectifs pédagogiques». De même, le ministère avait souhaité que les enseignants grévistes reprennent le travail et continuent d’exercer leur noble mission dans l’encadrement et la formation des élèves.
Le mouvement du CSE désamorcé
De son côté, la Coordination syndicale de l’éducation (CSE) n’est pas aussi intransigeante. En ce sens, la Coordination a annulé un débrayage de trois jours, prévu à partir du 9 mars dernier, et a été reçu par le ministère de tutelle qui a pris sur lui de prendre les devants et de tenir langue avec les protestataires. Pour rappel, la CSE est composée de sept syndicats, à savoir le Snapest, le CLA, la SNTE, le Snapep, le Satef, l’Unpef et le Snapap. Sous cette coordination, les enseignants ont observé une grève de deux jours, le 10 et le 11 février dernier, mais le taux de suivi a été diversement apprécié. En effet, la tutelle avait estimé que le taux de suivi de la grève lancée par la Coordination des syndicats de l’éducation (CSE) pour les deux journées du 10 et du 11 février a à peine atteint les 14,84% alors que la CSE estime que le taux de suivi «est nettement supérieur à celui annoncé par la tutelle». Pourtant, le représentant de cette coordination, Meziane Meriane, avait eu à déclarer que les négociations avec le ministère de tutelle achoppaient sur certains points dont le départ à la retraire après 25 ans de services. La CSE avait demandé à la tutelle de réviser les statuts des différents corps de l’éducation nationale dans un souci d’équité et de justice en matière de classement, de promotion, de réintégration et des postes nouvellement créés. La CSE appelle, également, à la promotion systématique des personnels et travailleurs du secteur de l’éducation durant leur carrière professionnelle, la récupération des instituts de technologie pour leur exploitation dans la formation spécialisée et l’élargissement du réseau national des écoles supérieures des enseignants. Pour autant, le dialogue n’a pas été rompu. Même si la ministre, Nouria Benghebrit, avait eu à s’exprimer, expliquant que les dysfonctionnements contenus dans les statuts nécessitent la révision des statuts sur une période pouvant aller jusqu’à cinq années avec la «possibilité de résoudre quelques problèmes au cours de cette période». Elle-même tenu une réunion de travail conjointement avec son collègue du département du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Mohamed El Ghazi, et la participation du patron de la Centrale syndicale UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd. Commentant la plate-forme de revendications soumises par la CSE, Nouria Benghebrit a eu à déclarer que le problème «est dû à une mésentente sur le contenu de ces revendications». Le ministère s’emploie actuellement à identifier les problèmes de façon précise dans chaque wilaya, pour connaitre le nombre d’enseignants et de travailleurs concernés par l’effet rétroactif, a-t-elle précisé. Elle a aussi précisé que les textes réglementaires relatifs à la prime de rendement et à la valorisation des heures supplémentaires étaient au niveau du gouvernement.
Mohamed Djamel