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Yennayer : Un espoir de classer la dechra de Menaâ site culturel protégé

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Le lancement des festivités nationales du nouvel an amazigh 2971 à partir de la ville de Menaâ, située à 85 km au Sud-Est de Batna, est pour ses habitants, une occasion de faire connaitre cette dechra amazighe chargée d’histoire, ainsi qu’un espoir de sa classification comme site culturel protégé. La manifestation chapeautée par le Haut-commissariat à l’amazighité (HCA) permettra de « faire connaitre ce chef-d’œuvre architectural et monument antique, dont la construction remonte à plus de 10 siècles, et ce en le dévoilant à des invités et participants de diverses régions du pays », a considéré le président de l’APC de Menaâ, Mostefa Hebara. Pour les jeunes de Menaâ activant au sein de l’association Thefsouth (le printemps), qui œuvre depuis plusieurs années à la promotion de ce patrimoine, le défi de faire sortir de l’ombre la vieille dechra a été gagné, et l’objectif désormais est sa revalorisation et sa sauvegarde contre les risques de dégradation.
« L’objectif actuel est la classification du village comme site culturel protégé et sa restauration », a affirmé pour sa part à l’APS Moussa Kala, président de l’association, notant que la fête du printemps ou Thefsouth fait partie des initiatives permettant d’œuvrer à focaliser l’attention sur ce village chaoui plusieurs fois séculaire pour le sauver et le protéger des dégradations.
« Les constructions de la vieille dechra, qui conservent les principaux traits de son architecture amazighe authentique, ont besoin de protection et de davantage d’intérêt », a ajouté M. Kala.

Nécessité d’accorder un statut légal au monument
Le directeur de wilaya de la culture et des arts, Omar Kebour, a souligné, de son côté, la nécessité de donner un statut légal au village de Menaâ à travers l’élaboration d’un dossier technique à remettre à la Commission nationale des biens culturels en vue de créer un secteur sauvegardé permettant de prendre en charge la protection du site et sa sauvegarde. Aussi, le responsable a assuré que la question des relevés topographiques à la base du dossier technique vient d’être prise en charge grâce à une aide qui sera accordée par la wilaya à la commune de sorte à « permettre, sauf imprévu, de présenter le dossier à la commission nationale d’ici la mi 2021 », tandis que, a-t-il ajouté, le dossier historique, légal et juridique sera élaboré par les services de la wilaya de la culture e t des arts.
La problématique de la dechra de Menaâ remonte à la période coloniale, puisqu’elle a été classée en 1928 site naturel qui fait qu’elle ne relève pas du secteur de la culture et ne peut donc prétendre à la loi sur la protection du patrimoine culturel de 1998. « Il est aussi devenu impératif, pour donner un statut légal à ce patrimoine architectural, de créer un secteur sauvegardé en vertu de la loi 98/04 sur la protection du patrimoine culturel », a relevé le directeur de la Culture, notant que le fait d’être encore habité ne permet pas de classer la cité comme patrimoine archéologique. Après l’élaboration de l’étude technique qui définira dans le détail les composantes de la dechra et la parution de l’arrêté de création du secteur sauvegardé, on pourra demander, a affirmé M. Kebour, la levée du gel sur le montant octroyé depuis plusieurs années pour l’étude du secteur sauvegardé de Menaâ.

Un chef-d’œuvre architectural plusieurs fois séculaire
Situé au confluent de l’Oued Abdi et de l’Oued Bouzina, la dechra de Menaâ se distingue par son architecture plusieurs fois séculaire érigée de matériaux naturels reflétant, selon les experts, le génie architectural des populations locales. Ce modèle authentique de construction destiné à être habité diffère de celui des « Thakil ath », soient des greniers collectifs typiques de la région des Aurès qui sont destinés à la conservation des récoltes et provisions des communautés locales, ont-ils expliqué. Destiné ainsi à l’habitaion, ce modèle assure aération et fraicheur en été et emprisonne la chaleur en hiver, a-t-on encore noté, précisant que le plan urbanistique du village permet le respect de l’intimité des foyers conformément aux valeurs conservatrices de la société locale. Les ruelles étroites et sinueuses s’apparentent à un labyrinthe dans un souci de défense, a fait remarquer Hadj Saïd, un des vieux habitants de la dechra, relevant que les formes géométriques des fenêtres des maisons, qui sont arrondies, triangulaires ou carrées, servent à distinguer les groupes de familles. En fait, la vieille dechra avait été construite par ses fondateurs sur une colline dominant ses alentours pour mieux se défendre et regroupant la majorité des archs des Aurès, dont Aïth Daoud, Aïth Abdi, Aïth Bouslimane et Aïth Frahtribus, explique Hadj Said. Le vieux village de Manaâ qui ouvre ses cinq portes aux visiteurs à l’occasion de la fête du printemps (Thefsouth) conserve encore sa magie puisée de la contiguïté entre la chaleur du Sahara et le froid des montagnes des Aurès. C’est cette magie qui avait amené l’écrivain algérien Ahm ed Toufik El Madani à lui attribuer le titre de « joyau des Aurès ».

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