Le groupe terroriste a pris possession de la ville du centre de la Syrie et détruit un des symboles de la répression du régime syrien depuis les années 80. Le groupe État islamique (EI) a fait exploser, samedi, la prison de Palmyre, un des symboles de la répression du régime syrien depuis les années 80, rapporte l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Cette grande prisons en plein désert, dont le seul nom terrorisait les Syriens, a «été détruite en grande partie après que l’EI eut planté des bombes à l’intérieur et dans ses environs», selon l’ONG. La ville antique du centre de la Syrie avait été prise il y a dix jours par les djihadistes.
Des sympathisants de l’EI ont diffusé sur Twitter plusieurs photos de la destruction présumée de la prison, avec des images d’explosions et de bâtiments détruits. «L’EI efface une preuve de la criminalité du clan des Assad en faisant exploser la célèbre prison de Palmyre», a tweeté Mohammad Sarmini, un membre de l’opposition syrienne en exil. «La prison de Palmyre est un témoin des crimes du siècle», commente un militant sur Twitter, tandis que d’autres affirmaient qu’il fallait préserver ce «symbole de la terreur des Assad» avec tout ce qu’il comprenait comme d’éventuelles preuves des atrocités qui y ont été commises. La prison de Palmyre est tristement célèbre pour le massacre de centaines de détenus par le régime dans les années 80, au temps de Hafez El-Assad, père de l’actuel président Bachar El-Assad. Des prisonniers politiques y ont croupi et été torturés pendant de longues années, avant que le régime n’y envoie surtout des insoumis et des déserteurs avec le début de la révolte de 2011. Avant la chute de Palmyre aux mains de l’EI, le régime a transféré les détenus vers d’autres prisons en Syrie, selon l’OSDH. Avant de faire exploser l’établissement pénitencier, l’EI avait diffusé une vidéo montrant des images inédites des geôles, notamment les cellules individuelles où la lumière du jour filtrait à peine.
Au moins 71 civils fauchés par les raids à Alep
Les hélicoptères du régime syrien ont largué samedi des barils d’explosifs sur des zones rebelles de la province d’Alep, ont rapporté des mouvements proches de l’opposition à Bachar al-Assad. Au moins 71 civils ont été tués dans ces raids. Les frappes ont visé Al-Bab, une ville sous contrôle de l’Etat islamique (EI), et le quartier Al-Chaar à Alep, zone sous contrôle des rebelles syriens, a précisé l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Selon cette ONG basée à Londres, 59 civils ont été tués à Al-Bab et douze à Alep.
«Il s’agit d’un des plus grands massacres commis par l’armée de l’air du régime depuis le début de l’année», a dénoncé la Commission générale de la révolution syrienne (CGRS), un réseau de militants couvrant la guerre en Syrie depuis 2011.
Un marché visé
La CGRS a évoqué des «échoppes détruites, des voitures brûlées (…) et des restes de corps humains dans l’un des hôpitaux de fortune» à Al-Bab. Dans cette localité située au nord-est de la ville d’Alep, les raids ont ciblé un marché populaire à une heure de grande affluence, selon le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane, qui a lui aussi accusé le régime d’avoir commis un «massacre». A Al-Chaar, quartier rebelle de l’est d’Alep, des cadavres étaient posés sur un trottoir sous des couvertures noires, alors qu’un bulldozer s’employait à retirer du quartier une voiture détruite avant de la déblayer les gravats, a constaté un correspondant de l’AFP sur place. Un membre de la défense civile Chouhoud Hussein a affirmé que les raids avaient «causé d’importants dégâts. Les immeubles situés dans le secteur souvent visé par les raids sont menacés d’effondrement». Les Nations unies ont condamné samedi soir ces bombardements. Staffan de Mistura, émissaire spécial de l’ONU pour la Syrie, a jugé «totalement inacceptable» que l’armée de l’air syrienne frappe «aveuglément» la population civile. «L’utilisation de barils d’explosifs doit cesser», a-t-il dit.
Arme particulièrement destructrice
Le recours du régime aux barils remplis d’explosifs, qui causent aussi des dégâts considérables, notamment en milieu urbain, est régulièrement dénoncé par de nombreuses organisations de défense des droits de l’Homme comme une arme particulièrement destructrice, qui tue de manière aveugle. Les forces du régime ont commencé en 2013 à larguer à Alep ces bombes composées de gros barils d’huile, de cylindres à gaz ou de réservoirs d’eau, vidés de leur contenu et remplis de puissants explosifs ainsi que de ferraille. Alep, deuxième ville du pays, est divisée depuis 2012 entre l’est aux mains des insurgés et l’ouest contrôlé par le régime. Mais dans la province éponyme, le régime ne contrôle que quelques secteurs au sud et sud-est de l’ex-capitale économique du pays. Les rebelles tiennent les régions au nord, ouest et sud, tandis que l’EI domine l’est et le nord-est.