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Sierra Leone : des rescapés d’Ebola espèrent retrouver une place dans la société

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Ils ont remporté la bataille contre Ebola mais y ont perdu des proches, leur travail, des biens, leur vie d’avant. En Sierra Leone, des rescapés réunis par les autorités et l’ONU pour partager leur expérience espèrent retrouver une place dans la société. «Nous sommes traités comme des lépreux, rejetés par la communauté au sein de laquelle nous avons grandi», affirme Senessieh Momoh, chauffeur, un des 35 guéris (25 femmes et 10 hommes) ayant participé à la «conférence des survivants d’Ebola», jeudi et vendredi à Kenema, dans l’est du pays, région la plus touchée. «Des gens qui étaient nos amis, avec qui nous avons partagé le vin de palme, ne veulent plus être avec nous», déplore le chauffeur, qui pense avoir contracté le virus en transportant un passager malade de Kenema à Kailahun, une cinquantaine de km plus loin. «Cette conférence va aider à changer les mentalités des populations à notre sujet», se réjouit-il. James Gebbeh, agriculteur, fait aussi partie des survivants de différentes couches sociales venus à l’invitation du gouvernement et d’acteurs de la lutte anti-Ebola, dont l’Unicef, pour partager leur expérience à huis clos. Avant que sa vie ne bascule, Gebbeh ne croyait pas à l’existence d’Ebola, explique-t-il. Il a contracté le virus par un cousin malade évacué chez lui d’un village voisin, mais il en a réchappé après avoir été traité deux mois au centre anti-Ebola de Kailahun. Rentré chez lui guéri, «j’ai été rejeté par des gens que je connaissais depuis toujours», dit Gebbeh, évoquant des voisins qui se barricadent en le voyant arriver, l’interdiction d’aller chercher l’eau au puits… «Actuellement, je compte uniquement sur l’approvisionnement fourni par les organisations humanitaires», confie-t-il. Quand elle a commencé à manifester les symptômes d’Ebola, Isata Yillah, une femme d’affaires, a d’abord –sur le conseil de sa soeur– caché sa situation aux autorités sanitaires recensant les cas potentiels qui se sont rendues à son domicile. Puis n’en pouvant plus, elle est allée se faire diagnostiquer, puis soigner, indique-t-elle. Guérie après quelques semaines de traitement, elle est rentrée chez elle pour apprendre une funeste nouvelle: «On m’a annoncé que j’ai contaminé mon mari qui est mort, me laissant seule avec nos quatre enfants.» Elle se considère cependant comme «chanceuse» par rapport à d’autres rescapés: «Je remercie Dieu que l’un de nous deux soit en vie pour s’occuper des enfants. Et ce qui m’encourage, c’est que la communauté a accepté mon retour et ne m’a pas ostracisée».

«Un grand atout»
Janet, une rescapée qui ne s’identifie que par son prénom, part de Kenema sourire aux lèvres et avec «une pleine confiance» en elle-même, dit-elle. «Quand je rentrerai, je dirai: «Janet est de retour, sans Ebola. Je ne suis plus malade!»». Selon l’Unicef, à Kenema, les rescapés ont pu écouter des spécialistes –dont ceux de la santé mentale et des psychosociologues– «sur la façon de surmonter les traumatismes et la stigmatisation».
Ils ont aussi appris auprès de professionnels comment «aider les agents de santé et les habitants à dispenser des soins aux personnes placées en quarantaine». Ils ont accepté de se rendre sur des sites de diagnostic et de traitement pour appuyer ceux qui se soumettent au test du virus et réconforter ceux qui sont malades.
«Les survivants seront un grand atout» dans la lutte contre l’épidémie, «car ils sont maintenant immunisés contre le virus et ne peuvent plus le contracter», déclare Issa Davies, un responsable en Sierra Leone de l’Unicef. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les survivants d’une espèce du virus Ebola, en l’occurrence celle dite Zaïre, sont immunisés contre cette espèce. L’OMS a mobilisé certains survivants pour apprendre aux soignants à minimiser les risques de contamination. L’Unicef également a commencé à tirer parti de cette immunisation pour confier à des survivants des enfants en quarantaine ou des orphelins de l’épidémie. Pour cette agence onusienne, la rencontre de Kenema était «un projet pilote» pour, à terme, enrôler 2 500 survivants dans la lutte. Des résidents de Kenema, en quarantaine depuis près de trois mois en raison d’Ebola, se sont aussi dits réconfortés par la vue des rescapés et les discussions avec eux. Augustin Lamin, chauffeur de taxi, était heureux de les voir «en bonne forme physique», à l’opposé de ce qu’il imaginait. «Ils nous ont largement convaincus que le virus Ebola est réel et que toutes ses victimes n’en meurent pas», assure-t-il.
L’épidémie d’Ebola a fait en Sierra Leone 1 200 morts sur 3 410 cas signalés, selon le dernier bilan publié vendredi par l’OMS. Le bilan global (pour 7 pays concernés) est de 4 555 morts sur 9 216 cas enregistrés.

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