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SALON DU TEXTILE, HABILLEMENT, CUIRS ET ÉQUIPEMENTS : Des perspectives et une infinité de lacunes à combler

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Le Salon international du textile, habillement, Cuirs et équipements, « Texstyle Expo » 2020, qui se tient durant trois jours (hier, aujourd’hui et demain) au Centre intentionnel des conférences (CIC), a montré une énième fois toutes les lacunes qui restent à combler pour redresser un secteur très mal en point.

Le constat qu’en feront et les exposants algériens – il y en a, du reste, beaucoup d’étrangers aussi – et les officiels venus inaugurer la rencontre est, le moins que l’on puisse dire, navrant. Les chiffres qui donneront le plus froid dans le dos ce sont ceux communiqués par Yassine Djeridene, ministre de la Microentreprise, des Start-up et de l’Économie de la connaissance. «L’industrie du textile et des cuirs est une activité stratégique, vus les besoins du marché algérien que les spécialistes évaluent à 150 millions d’articles par an », dira-t-il. Et d’ajouter : « Les capacités de production nationales ne peuvent satisfaire que 12% de ces besoins, ce qui nous pousse à aller vers l’importation».
Même constat du côté du ministre délégué chargé du Commerce extérieur, Aïssa Bekkaï, venu, lui aussi, inaugurer le Salon. « Les indices de la balance commerciale sont inquiétants et nous devons absolument mettre fin à cette dépendance à l’importation ainsi qu’aux hydrocarbures », dira-t-il, assurant qu’une politique axée sur l’équilibre entre exportations et implorations est la première visée de la nouvelle équipe gouvernementale.

Une concurrence féroce
Le même ministre délégué parlera de la protection des produits algériens à travers un certain nombre de mécanismes, dont « l’instauration de nouvelles taxes sur les produits importés », et ce, entre autres, pour mettre fin à une concurrence qui met à mal la production nationale. Et c’est d’ailleurs là-dessus que les exposants algériens présents au Salon ne pouvaient pas diverger.
M. Hadj Tahar Boulenouar, président de l’Association nationale des commerçants et des artisans (ANCA), parlera, lui, de pas de 12% des besoins satisfaits par la production nationale, mais uniquement de 10%. « Des quelque 500 millions m2 de tissus et 70 millions de paires de chaussures consommés localement, 90% nous viennent de l’importation», dit-il avant d’évoquer le potentiel de l’Algérie en la matière. Il parlera de 3 500 ateliers de confection de chaussures qui travaillent – bizarrement – avec des cuirs importés. «Pourtant, en Algérie, des millions d’ovins et de bovins sont abattus annuellement. Le premier souci c’est que nous n’avons pas d’usines de transformation», a déploré le président de l’ANCA.
M. Benammar Mustapha Kamel, président de la Commission nationale de la chaussure, affiliée à l’ANCA, parlera, pour sa part, d’un taux d’intégration de 65% dans la production nationale qui, rappelons-le une fois encore, ne couvre que 10% à 12% des besoins nationaux. «Il faut que les responsables prennent des mesures immédiates pour mettre un terme à la concurrence déloyale qui tue carrément la chaussure algérienne », dira-t-il, tout en assurant qu’uniquement en taxes, « une paire revient à 600 Da, sans compter les coûts de la matière première, sans compter l’assemblage, sans compter la commercialisation… » . M. Lyès Dahmane, directeur marketing de la Sarl Royale Eponge, parlera, non sans amertume, de son entreprise qui est passée, en 2012, de la production à l’importation pure et simple. « Nous ne pouvions plus continuer. La concurrence était devenue féroce : Turcs, Chinois, Pakistanais, Espagnols… ont envahi le marché algérien. Et nous nous sommes retrouvés contraints de ventre au kilo un matériel qui nous a coûté des milliards. C’est malheureux de le dire, mais l’importation était la seule alternative qui se présentait à nous ».

Main-d’œuvre qualifiée inexistante
Le même opérateur évoquera le manque flagrant d’une main-d’œuvre qualifiée dans le domaine du textile et des cuirs. « Cette donne a fait que le produit local ne pouvait plus concurrencer le produit importé non seulement à cause de son coût élevé, mais aussi à cause d’une qualité très médiocre », dit-il. Même sonnette d’alarme du côté du Groupe GETEX, l’un des opérateurs les plus en vue dans le domaine, avec 5 filiales et 40 unités de productions à l’échelle nationale. « Comme le secteur a connu une période de déclin, dira son directeur général, M. Zerrouki Mokrane, on avait même oublié l’existence du secteur. Il n’y a même pas de formation aujourd’hui. Pas d’établissements, pas de centres de formation, pas d’écoles… qui forment pour le secteur du textile et des cuirs, et cela pénalise fortement la production nationale ». M. Zerrouki dira également – autres contraintes – que, pour le textile, 80% des intrants dépendnt de l’importation. Et « pour le cuir, a-t-il ajouté, la peau brute animale est locale, mais c’est une filiaire qui n’est pas du tout organisée ».
Hamid F.

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