Des élus de la municipalité d’Ivry sur Seine ont dénoncé la position de la France vis-à-vis de la question sahraouie, déplorant sa politique étrangère alignée sur les thèses marocaines au détriment des droits du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance. Rencontrée à Alger, à la veille de son déplacement aux camps des réfugiés sahraouis, la délégation de cette municipalité, conduite par l’adjointe au maire, Sévérine Peter, a critiqué la politique de l’État français vis-à-vis de la question du Sahara occidental .Elle a affirmé que « la position de la France est totalement alignée sur les thèses marocaines et l’’occupation des territoires sahraouis, au mépris du droit du peuple sahraoui à son autodétermination ». Les élus de la municipalité d’Ivry sur Seine, conviés aux festivités de commémoration du 43ème anniversaire de la proclamation de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) ont relevé que la politique étrangère de la France avait subi un changement « radical » avec l’election de Sarkozy et celle d’Emmanuel Macron.
«Nous assistons à une diplomatie française qui privilégie les intérêts économiques, l’exploitation illégale des ressources naturelles et les ventes d’armes au détriment des valeurs humaines et de démocratie, telles que la défense des droits de l’Homme et l’autodétermination des peuples sahraouis et palestiniens », a fait observer Séverine Peter, chargée des questions internationales et de la communication au sein de la ville d’Ivry. Évoquant l’existence d’un « lobbying superpuissant » en France qui soutient le Royaume marocain dans son occupation du Sahara occidental, l’adjointe au maire a affirmé, en outre, que « les autorités françaises demandaient souvent aux élus et aux députés de l’Assemblée de ne pas s’engager sur des questions internationales, notamment celles portant sur le Sahara occidental et la Palestine ». « Il existe en quelque sorte un consensus au sein de partis politiques français pour ne pas aborder la question sahraouie. D’ailleurs, elle est au-dessous de toutes les préoccupations de quasiment toute la classe politique de l’Hexagone », a regretté encore Mme Peter, élue du Parti communiste français.
En dépit de ce constat, Saïd Hefad, issu de la majorité municipale, se dit, de son côté, « optimiste » et a assuré que l’opinion française, notamment celle de sa commune, est consciente de la souffrance du peuple sahraoui vivant sous l’occupation marocaine. « J’ai un grand espoir que le peuple sahraoui fera entendre sa voix et j’ai entièrement confiance dans les efforts menés par l’ONU pour l’autodétermination du peuple du Sahara occidental », a-t-il souligné. Pour sa part, l’élu Mehdy Belabbas, écologiste et adjoint au maire, s’est dit « déçu » par les accords commerciaux et de pêche UE-Maroc élargis illégalement aux territoires sahraouis occupés, qui ont été approuvés récemment par le Parlement européen. Dénonçant un « pillage » des ressources naturelles sahraouies, M. Belabbas a affirmé que « la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), qui avait déjà statué sur l’illégalité de ces accords, va devoir encore une fois les bloquer après que le Front Polisario ait décidé de les contester ». Les élus de la municipalité d’Ivry sur Seine ont été unanimes à renouveler leur soutien au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, s’engageant à poursuivre les actions de solidarité en faveur des Sahraouis vivant dans les camps des réfugiés sahraouis, notamment dans la prise en charge médicale des enfants souffrants de maladies. Depuis 10 ans, le centre médical de la commune accueille chaque année une dizaine d’enfants sahraouis bénéficiant de soins et de traitements médicaux. À ce propos, la directrice du centre, Marianne Petit, qui fait partie de la délégation, a relevé la « dégradation » de la santé des enfants sahraouis vivant dans les camps des réfugiés, évoquant des problèmes ophtalmologiques, dentaires et même de croissance. La municipalité d’Ivry organise, chaque année, des séjours en France au profit des dizaines d’enfants sahraouis afin de leur permettre d’oublier les souffrances des conditions de vie difficiles dans les camps et de découvrir la mer et autres sites touristiques. La Mairie d’Ivry avait, également, accompagné en avril dernier Claude Mangin-Asfari, épouse de Naâma Asfari, militant des droits de l’Homme au Sahara occidental détenu dans une prison marocaine, dans sa grève de la faim illimitée pour avoir le droit de rendre visite à son mari, après trois ans de refus et de son refoulement par les autorités marocaines. Après cette grève qui, avait suscité un large élan de solidarité en France, Claude Mangin-Asfari a eu gain de cause et a pu se rendre au Maroc en janvier dernier pour s’enquérir de la situation de son époux, emprisonné depuis plus de sept ans et condamné, sans preuves, à 30 ans de prison ferme. Abritant un comité de l’Association des amis de la République arabe sahraouie démocratique en France (AARASD), la municipalité tient, selon ses élus, à renforcer les liens d’amitié entre la ville d’Ivry et le peuple sahraoui et à continuer à défendre la cause des réfugiés et des prisonniers politiques sahraouis.
M. Bendib
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