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Prix du village le plus propre : Azemour Oumeriem ou l’éco-citoyenneté par excellence

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Fraîchement couronné du Prix «Rabah Aissat du village le plus propre», Azemour Oumeriem (commune de Tirmitine, 10 km au Sud de Tizi-Ouzou) doit sa consécration à son engagement écologique, affirment des membres du comité du village. Celui-ci vit, depuis cette consécration, au rythme des visiteurs venus, pour la plupart, satisfaire une «curiosité».

«Une situation à laquelle nous ne sommes pas préparés, mais sommes heureux d’accueillir tous ces visiteurs et partager notre joie avec eux», confie Madjid Moufredj, membre du comité du village, Tidukla (L’union). Le village, constitué de deux hameaux peuplés de quelques 2500 âmes abritant le chef lieu de la commune en bordure du chemin de wilaya 228, était à l’origine une dense forêt d’oléastre (olive sauvage), d’où d’ailleurs son nom original, Azemour Oumerien, devenu Azemour-Oumeriem, suite à une déformation de l’administration coloniale française, selon Moufredj. Pour ce village, l’aventure a commencé à l’occasion de la célébration de Yennayer, jour de l’an amazigh, le 12 janvier 2018, et l’organisation d’une première action de volontariat après le renouvellement des membres du comité du village qui a rassemblé près de 300 personnes «munis de simples équipements rudimentaires mais animés d’une grande volonté», relève Madjid. «L’adhésion croissante des habitants aux actions de nettoyage et d’implantation de quelque 500 arbres ornementaux nous a encouragé à s’engager davantage dans notre action qui prenait une allure de plus en plus écologique et l’idée de créer un centre de tri et de compostage a fait son chemin», a-t-il poursuivi. Installé avec des moyens de fortune sur un terrain cédé par un habitant à la lisière Nord du village, sur une surface de 120 mètres carrés, le petit «laboratoire» de fortune est devenu le moteur de «l’engagement écologique» du village. Partout, des niches et des bacs à ordures sont installés pour chaque type de déchets, et deux à trois fois par semaine la collecte est transportée au centre où «les déchets combustibles sont compostés sur place et les autres, plastique, verre, carton, aluminium, sont vendus à des récupérateurs et l’argent versé à la caisse du comité du village», assure notre interlocuteur.

Entre scepticisme et volonté
«La participation au concours du village le plus propre a fait débat entre enthousiasme des uns et scepticisme des autres, et nous avions décidé d’y participer, pas forcément pour être primés mais pour nous stimuler nous-mêmes» souligne, Madjid Moufredj. L’idée a beaucoup séduit, notamment les jeunes, et la cadence du travail s’est accélérée avec un système de cotisation mensuelle de 500 DA le mois pour tout salarié et retraité à quoi se sont ajoutés d’autres aides et dons. En 28 jours, une cascade longue de 36 mètres, longeant l’artère principale du village et soutenant la cour de la moquée, qui sert aussi de place du village, a été réalisée par un artisan de Bouzguène, aidé par les jeunes du village qui travaillaient de 6h jusqu’à… 22h. Des anciennes bâtisses, à l’exemple de l’huilerie du village qui date de 1915 et la fontaine publique (Assaridj) et les deux Tajemaat, ont été rénovées et repeintes mais en gardant leur aspect original qui constitue l’identité du village, son patrimoine. Entre autres innovations, des objets ont été récupérés pour l’embellissement.
Et c’est ainsi que des pneus usagés ont servi à fabriquer une digue de soutènement et des escaliers en contrebas de la placette du village. Des palettes utilisées dans le transport de marchandises ont servi de haies tout au long des trottoirs. Après la distinction de leur village, les habitants d’Azemmour Oumeriem ont conscience qu’ils doivent maintenir la cadence pour servir d’exemple aux autres villages. Le comité du village ambitionne d’ancrer définitivement la culture environnementale dans les esprits et les mœurs du village. Ses membres réfléchissent déjà aux moyens et actions à mettre en œuvre pour réaliser ce objectif. Et c’est ainsi que cinq minutes d’éducation écologique et environnementale ont été dispensées aux élèves du village. Et, en vertu du règlement du concours qui fait obligation aux villages lauréats d’investir 20% du montant de la subvention allouée à un projet écologique, il est prévu l’organisation d’un festival éco-citoyen au printemps 2019 et l’agrandissement du centre de tri et de compostage en le dotant de plus de moyens.
Madjid affirme qu’au-delà de la consécration, cette dynamique a «servi à renforcer le sentiment d’appartenance au village qui, à son tour, nous a fait prendre conscience de la nécessité de s’offrir un meilleur cadre de vie et de prendre soins de notre environnement».
Smail Mohamed, un autre membre du comité de village, raconte, à cet égard, que pour les besoins de réfection et d’extension d’une piste, cette dynamique a permis de résoudre un vieux conflit foncier entre deux voisins qui se trainent devant la justice depuis plus de 20 ans.
Les membres du comité ont rendu «un grand hommage» aux femmes du village qui se sont faites «ambassadrices de l’écologie» et se sont aussi portées volontaires dans les actions de nettoyage et d’embellissement.

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