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Palestine à l’ONU, la guerre diplomatique

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Depuis que le Conseil de sécurité a décidé, le 8 avril dernier, de prendre en charge la demande d’adhésion pleine et entière de la Palestine aux Nations unies, les réunions se déroulent à huis clos. Cependant, l’ambassadrice maltaise Vanessa Frazier, qui assure, actuellement, la présidence tournante du Conseil a déclaré que l’institution qu’elle préside « a décidé que cette délibération devrait avoir lieu lors du mois d’avril ». Sauf que déjà la propagande sioniste a mis en place toute une stratégie médiatique pour tenter de faire prévaloir la position d’Israël sur ce sujet qui consiste à opposer un refus strict à la demande palestinienne. Un certain nombre de médias pro-israéliens ont annoncé hier et les jours d’avant que « le consensus n’a pas prévalu » sur cette adhésion. Ce qui est contraire à la réalité. D’abord parce que le Conseil de sécurité ne se contentera pas d’un consensus mais d’un vote en bonne et due forme. C’est ce qui a été évoqué par la présidence maltaise plus haut. Ensuite, la présidente du Conseil a déclaré, jeudi dernier, que « les deux tiers des membres » sont en faveur de l’adhésion pleine et entière de la Palestine aux Nations unies. Sans nommer les pays. Les deux tiers, c’est-à-dire 10 membres, alors que la condition à atteindre est de neuf voix pour.
Reste le problème du véto. Qu’il soit américain voire peut-être anglais. Les USA seraient sur une position où ils exigent que l’admission de la Palestine comme membre permanent devrait résulter d’un accord entre les palestiniens et Israël et non pas par vote ou consensus des institutions de l’ONU. Ce qui est un non-sens sachant que les États-Unis avaient voté pour la résolution 181 de 1947 sur le partage de la Palestine en trois entités. Un État palestinien, un État juif et la ville de Jérusalem placée sous contrôle international. Donc et si aujourd’hui, les États-Unis adoptent une autre position, ils perdraient de leur crédibilité avec le reste du monde. Déjà que l’invasion de l’Irak sur un mensonge et le retrait chaotique d’Afghanistan ont mis à mal l’image de l’oncle Sam, en rajouter avec la Palestine ne serait pas sans conséquences.
Pour la Grande Bretagne qui avait abandonné le statut de puissance mandatrice de la Palestine après la Seconde guerre mondiale, il s’agit de corriger un point noir de son histoire. Rendre à la Palestine au moins la moitié de ce qui lui a été pris. Et lorsque l’étape du Conseil de sécurité sera franchie, celle de l’Assemblée générale ne sera que pure formalité puisque 139 pays reconnaissent, actuellement, l’État de Palestine alors que l’ONU compte 193 États membres. Ce qui est largement supérieur aux deux tiers des votes requis pour l’adhésion. Finalement la bataille décisive se joue au Conseil de sécurité où siège l’Algérie, seul pays arabe. Lourde charge s’il en est. Le seul fait que la demande ait été déposée, est un « moment historique » pour l’ambassadeur palestinien à l’ONU, Riad Mansour. Le vote devrait avoir lieu jeudi prochain. Et le succès avec !
Zouhir Mebarki

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