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Liban : 42 ans après, la bibliothèque nationale rouvre ses portes

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Le conflit qui déchira le pays entre 1975 et 1990 a entraîné la détérioration puis l’abandon des collections. Les travaux de construction d’un lieu pour les accueillir ont été entamés en 2011. Inauguré le 4 décembre, l’établissement ne pourrait retrouver le public que dans un mois ou deux.

Pour que le Liban ne soit pas «un espace de passage et de saccage pour des tribus sans hier et sans lendemain»: les mots de la chroniqueuse Fifi Abou Dib dans L’Orient-Le Jour pour célébrer la réouverture de la bibliothèque nationale du Liban à Beyrouth sont forts. Quarante-deux ans après sa fermeture, l’établissement flambant neuf a rouvert ses portes le 4 décembre, en présence du Premier ministre Saad Hariri, annonçait France 24. Et affiche fièrement une collection de 300.000 ouvrages. Fondée par Philippe de Tarazi en 1921, un intellectuel libanais, philanthrope et bibliophile, l’institution n’a pas été épargnée par la guerre civile qui a mis à feu et à sang la société libanaise entre 1975 et 1990. Le personnel a été forcé de s’enfuir. Certains ouvrages ont disparu. Et la plupart d’entre eux ont été abandonnés dans un local, laissés en pâture aux insectes, à l’humidité et aux champignons. Les vitres du bâtiment avaient été brisées par les bombardements. Il faudra attendre encore neuf ans après la fin du conflit pour qu’une étude réalisée par la bibliothèque nationale de France dise l’urgence de la situation. Les années qui suivent ne sont pas simples. Des velléités des gouvernements successifs sont étouffées pour privilégier les chantiers de plus grande ampleur de l’après-guerre. Longtemps restés dans une zone franche du port de Beyrouth, les cartons ont finalement pris place dans un bâtiment de la Faculté de droit de l’Université dans le quartier de Sanayeh. En 2006, le gouvernement a accepté un don de 25 millions de dollars alloué par l’émir du Qatar en participation au «Projet Renaissance», comme le nomment les autorités. Les travaux de restauration et de construction d’une extension du bâtiment ont commencé en 2011 et fini en septembre 2017.

Trois millions de dollars à trouver
«La bibliothèque ouvrira ses portes dans un mois ou deux, précise Hassan el-Akra, le directeur général à l’Orient Le Jour . Le temps que de nombreuses questions soient réglées, dont celle de la sécurité et de la formation d’un plus grand nombre de personnels». Soit un coût de trois millions de dollars. Gérard Khatchérian, président du «Projet Renaissance» entre 2002 et 2018, explique au quotidien libanais que la Bibliothèque nationale aura du mal à trouver ces fonds.
Inquiet pour l’avenir des lieux malgré les efforts entrepris, il se désespère surtout de l’attitude des ministères qui, selon lui, «ne prennent pas conscience de l’importance de ce projet». Combien de temps encore la douloureuse chronique de la bibliothèque nationale va-t-elle continuer à s’écrire?

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