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L’EXPERT EN ÉCONOMIE ABDELMALEK SERRAI, APPROUVE LE TEXTE, MAIS SOUS CONDITIONS : « Il faut produire la pièce de rechange pour un environnement industriel parfait »

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Afin d’avoir une vision plus globale sur les défis, les opportunités et les tendances à surveiller au cours des prochains mois, concernant ces nouveaux textes, nous avons rencontré l’expert en économie, Abdelmalek Serrai. Dans son expertise, Serrai révèle de prime abord que ces décrets exécutifs ne profiteront pas seulement aux acteurs directs du secteur. « Ce cahier des charges est encourageant pour la mise en œuvre de production de pièces détachées et de multitudes petites et moyennes entreprises. Ce n’est pas seulement le constructeur lui-même, mais c’est tout ce qu’on peut créer tout autour des complexes centraux, pour permettre aux Algériens d’apprendre à produire la pièce industrielle pour le secteur automobile », a-til expliqué. À une question sur les perspectives d’atteindre un taux d’intégration conséquent, autour de 30 ou 40%, Mr. Serrai reste avisé à ce sujet, et averti. Et d’ajouter : « Je n’y crois pas, parce que les procédures bancaires sont encore très lentes, et tout investisseur digne de ce nom ne pourra pas être en compétition, c’est-à-dire produire les pièces d’ici trois à quatre ans, à même de fournir la voiture centrale. Quoi que le code actuel des investissements est excellent, c’est le meilleur depuis l’indépendance en termes d’ouverture pour la liberté d’investir, de médiatiser les investisseurs algériens et internationaux et la possibilité d’avoir des terrains, mais il reste ce point noir chez nous en Algérie, qui est la bureaucratie. Notamment le système bancaire qui n’est pas encore aussi rapide comme on l’aurait voulu. L’environnement de l’industrie n’est pas tout à fait parfait ». Toujours dans le sillage des procédures bancaires, l’expert dira encore que « Bien sûr, le président de la République avait annoncé qu’on va accélérer les procédures bancaires, mais on n’a pas encore vu ça sur le plan pratique. On n’arrive pas à avoir des exécutions à court terme et elles sont plutôt à moyen et long termes quant aux montages financiers, ce qui va freiner un peu la mise en œuvre d’entreprises et ne va pas permettre d’avoir un taux d’intégration à 40%. Autre chose, les sous-traitants qui existent actuellement ne se connaissent même pas. Cela veut dire qu’il faut encore multiplier les rencontres, les salons spécialisés, les séminaires et les expositions, pour permettre à ceux qui produisent déjà  de se compléter. Nous avons bien sûr des industries, mais elles ne sont pas spécialement dans le secteur du véhicule ».

« Pas prêts pour importer le véhicule électrique »

Au sujet de la concession automobile, l’économiste approuve ces nouvelles règles, qui selon lui permettront d’avoir un meilleur contrôle sur les importateurs de véhicules neufs. « C’est normal, le gouvernement a raison. Notamment pour ce qui est du stock, parce que si vous avez des véhicules et vous n’avez pas le stock de pièces détachées, il y a des pannes, donc nous risquons d’avoir un parc automobile partiellement en panne. Notre système douanier, il faut qu’il soit en alerte rapide, le système fiscal aussi et toutes les autorisations dont on a besoin dans l’industrie et les finances. C’est là où il faut faire le travail, pour alléger et améliorer les procédures de tout l’environnement industriel, pour permettre à ces opérateurs économiques et nationaux, et surtout étrangers, de travailler rapidement et de nous permettre d’avoir un véhicule à très fort taux d’intégration d’ici cinq à six ans », souligne-t-il. Néanmoins, pour ce qui est des ambitions d’importer des véhicules électriques, il estime que cette convoitise est encore loin d’être acquise. «  On peut produire des pneus, le châssis, la tuyauterie hydraulique, la câblerie, les sièges, même la carrosserie, mais tout ce qui est électrique et électronique, je ne pense pas. Puisque les véhicules actuellement sont ultras modernes, et que tous les cerveaux du moteur sont encore difficiles à maîtriser, c’est là qu’il faut voir est-ce qu’on est vraiment capables. Nous ne sommes donc  pas prêts pour importer des véhicules électriques. L’infrastructure de distribution pour ces véhicules n’existe même pas. Il faut faire un repérage géographique, et le repérage de tout ce qui est communication territoriale, nous ne l’avons pas, nous sommes en retard. Peut-être à moyen terme, mais pas à court terme, au moins. Nous n’avons pas encore le système de service électrique ».

« Installer des superstructures sur tout le territoire »

Abdelmalek Serrai cite comme exemple le marché du GPL, qui selon lui, n’est toujours pas maîtrisé convenablement. «  Comment vont- ils le faire ? Comment vont- ils l’installer  ? Au niveau des stations d’essence  ? Au niveau de nouvelles stations ? Le GPL, on l’a fait, mais on n’a pas eu beaucoup de succès. Pourtant, le GPL est très bon marché chez nous. Malgré cela, on n’a pas encore pu le développer comme il était souhaité au départ. Il y a donc une nécessité d’installer des superstructures à travers tout le territoire national. Nous avons un très grand pays, et les distances sont énormes. N’est-ce pas ? Il y a des routes où entre deux villages, il y a quatre cent à cinq cent kilomètres. Dans le Sud, entre deux villes, il y a huit cent à neuf cent kilomètres », expose Abdelmalek Serrai, en apportant d’autres précisions à cet égard. « Où allez- vous installer les stations de service, de GPL et d’électricité  ? Il faut comprendre que le plan de développement du pays est tellement vaste et tellement dynamique qu’il faut répondre à beaucoup de choses. Nous sommes de très bons producteurs, certes, d’électricité, nous sommes même exportateurs, mais nous n’avons pas encore les super structures diversifiées sur tous les réseaux routiers. Le réseau routier sur les Hauts-Plateaux est très long ». Avant de conclure, Serrai sera on ne peut plus clair, en disant : « Il faut d’abord développer une industrie de distribution d’électricité. Nous n’avons pas encore ce programme de développement, est-ce qu’il a été réfléchi et agréé par des experts  ? Aussi, il nous faudra des moyens financiers et techniques pour installer tous les distributeurs à travers le territoire national, dans ces conditions-là, on pourra parler d’importation des véhicules électriques. Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs, on doit parler du programme. Cette avance, elle est un peu hâtive. Peutêtre la lancer en tant que perspective, d’ici dix ans, mais actuellement, on n’est pas encore prêts ».

Propos recueillis par Hamid Si Ahmed

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