Accueil MONDE Les États-Unis en Irak : Ou comment éviter un nouvel enlisement

Les États-Unis en Irak : Ou comment éviter un nouvel enlisement

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L’expression emprunte à l’argot militaire et remonte à la Somalie : mission creep. Elle revient avec insistance à chaque fois que l’administration de Barack Obama annonce de nouveaux renforts en Irak.  La formule renvoie à la dérive d’une intervention militaire en dehors de son cadre initial, une fuite en avant dont le prix politique est généralement particulièrement élevé. Cette crainte de perte de contrôle est profondément ancrée dans la réflexion du président des États-Unis, toujours très réticent à se saisir de l’outil militaire. Elle est renforcée dans le cas de l’Irak par le fait que l’homme qui avait mené à son terme le retrait militaire américain, en décembre 2011, est aujourd’hui contraint à redéployer des troupes sur le même théâtre d’opérations.

Effectifs
À la veille de l’offensive victorieuse des djihadistes de l’Etat islamique à Mossoul, en juin 2014, la présence militaire américaine se limitait à environ 250 hommes, chargés de la sécurité de l’ambassade des Etats-Unis à Bagdad et de son antenne à Erbil, dans le Kurdistan irakien. Le 16 juin, alors que l’Etat islamique menaçait l’aéroport de Bagdad, ces effectifs ont été doublés, puis augmentés de 300 conseillers militaires. La poussée djihadiste contre Erbil, début août, a encore entraîné l’envoi de 130 hommes pour défendre les installations diplomatiques. En septembre, 350 conseillers militaires supplémentaires ont été envoyés en Irak, portant le total des effectifs américains à 1 500 hommes. Un chiffre qui a été doublé en novembre. L’envoi des 450 hommes annoncé le 10 juin fait qu’à terme 3 500 soldats américains seront présents sur le terrain.

Mission
M. Obama a exclu jusqu’à présent l’envoi de troupes combattantes au sol (« No boots on the ground »). L’effort de guerre est assuré pour l’instant par des bombardements aériens organisés à partir des bases et des porte-avions américains présents dans le Golfe. Le Président n’est pas hostile à des raids ponctuels des forces spéciales, comme en mai en Syrie, mais il s’oppose à ce que des soldats soient déployés au sol pour guider les frappes aériennes. Les soldats présents en Irak sont donc cantonnés à la protection des installations diplomatiques américaines et à la formation des bataillons de l’armée irakienne chargés de la contre-offensive face à l’Etat islamique. Cette stratégie suscite de vives critiques, républicaines comme démocrates. Les déploiements sont jugés à la fois trop modestes et trop tardifs compte tenu de l’état de désorganisation de l’armée irakienne. Le veto de M. Obama contre la présence de forces combattantes au sol bride l’armée américaine, selon ces mêmes critiques. Enfin, la Syrie reste une base de repli commode pour les djihadistes faute d’alliés au sol pour les Etats-Unis.

Localisation
Les soldats américains ont été initialement déployés à Bagdad et à Erbil. Les renforts annoncés le 10 juin seront cependant déployés dans la base d’Al-Takaddum, dans la province d’Al-Anbar, à l’ouest de Bagdad, sur le modèle d’un déploiement précédent dans la base Al-Asad. Les Etats-Unis souhaitent en effet reprendre pied dans ce bastion sunnite négligé par les autorités chiites en place à Bagdad et qui constitue une cible de choix pour l’Etat islamique. Les Etats-Unis s’étaient déjà appuyés par le passé sur les tribus sunnites de cette province pour lutter contre les djihadistes d’Al-Qaida, dont l’Etat islamique est un avatar.

Comparaison
Avec 3 500 hommes sur place, les effectifs américains restent négligeables par rapport aux 150 000 hommes présents de 2003 à 2006. Un chiffre qui avait même culminé à 170 000, soldats en novembre 2007 au moment du surge («renfort») décidé par le président George W. Bush pour stabiliser un pays miné par les violences intercommunautaires, exacerbées par Al-Qaida. Ces effectifs avaient ensuite été réduits à 40 000 en 2010, un an avant le retrait. Les budgets en jeu sont également très différents. En novembre 2014, l’administration américaine a demandé au Congrès 5 milliards de dollars (4,4 milliards d’euros) pour financer ses opérations en Irak. C’est beaucoup moins que la soixantaine de milliards de dollars nécessaires annuellement au plus fort de l’intervention américaine, il y a presque une décennie.

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