Ils étaient livrés à eux-mêmes dans ces bidonvilles infectés de rats. Des taudis construits illicitement et dans l’anarchie avec tous les risques que cela comportait, à côté des étangs pollués où les moustiques qui y proliféraient considérablement, propageaient des maladies hydriques, dont les enfants étaient les plus vulnérables.
Par Lazreg Aounallah
Les enfants étaient les premiers touchés par le phénomène de la contamination de ces maladies graves au vu de leur vulnérabilité. Ignorant les conséquences graves de ces maladies, ils se plaisaient à nager inconsciemment dans ces eaux extrêmement dangereuses provenant le plus souvent des égouts et ce, sous les regards indifférents des habitants. Les responsables locaux, ignorant complètement leur situation désastreuse, les méprise totalement. Plusieurs enfants étaient décédés à cause de ces eaux usées qu’ils utilisaient pour se débarbouiller le visage. Les responsables locaux les ignoraient totalement. Ceux-ci étaient la plupart du temps des chômeurs ou des retraités à faibles revenus et qui arrivaient difficilement à joindre les deux bouts pour faire vivre leurs progénitures. Certains d’entre eux exercent des commerces informels mais ceci à leurs risques et périls. Parfois les agents de contrôle leurs dressaient des contraventions pour les obliger à ne plus récidiver. Brahim, le benjamin de la famille, âgé à peine de 14 ans, vient d’être chassé du collège pour ses absences répétées et abusives. Pourtant, il était un élève studieux et très intelligent. Il vit au milieu d’une famille nombreuse composée de neuf enfants. Le père, un sexagénaire, n’arrivait plus à subvenir à leurs besoins. Il avait une maigre retraite et vendait de vieux objets dans un marché aux puces, situé au centre d’Alger, pour arrondir les fins de mois devenues extrêmement difficiles en ces temps de vaches maigres. Avec sa smala, il habitait dans un taudis composé de trois pièces qu’il avait lui-même construit avec quelques amis sur les hauteurs d’Alger. Personne de ses enfants ne travaillait. L’aîné avait 32 ans. Il avait suivi une formation d’une année pour apprendre le métier de menuisier. Mais depuis la fin de cette formation sanctionnée par un diplôme d’État, il n’arrivait plus à se procurer un emploi en fonction de son métier. Les patrons préféraient recruter des menuisiers expérimentés. Il subissait la hantise du chômage chronique. Il n’avait personne pour le soutenir pour l’aider à décrocher un emploi. Une centaine de familles menaient une vie misérable dans ces bidonvilles infestés de rats et qui étaient quotidiennement exposés aux dangers des eaux polluées avec toutes les conséquences qui en dérivaient. Plusieurs enfants ont quitté l’école parce que leurs parents n’arrivaient pas à leur payer les affaires scolaires. Ces enfants issus de parents pauvres se retrouvent contraints d’apprendre dans la rue qu’à l’école. La rue est devenue une école pour ces enfants égarés. Les responsables locaux ne ménagent aucun effort pour les aider à sortir de cette situation calamiteuse dans laquelle ils s’enfoncent de plus en plus. Ces bidonvilles étaient habités par des familles qui avaient fui leurs villages durant la décennie noire. Ils avaient peur d’être massacrés par des hordes sauvages qui imposaient leur loi pour soumettre tout le monde à leur diktat. Plusieurs en enseignants ont été massacrés pour n’avoir pas obéi à leurs instructions obscurantistes. Toute personne qui n’obtempérait pas à leurs désirs était automatiquement exécutée. Même les jeunes filles n’échappaient pas à leur diktat. Beaucoup avaient été violées et séquestrées. Ces sanguinaires obtempéraient aveuglément à leurs chefs sanguinaires qui se cachaient derrière la religion islamique pour assouvir leur vengeance sur des innocents. Leurs crimes odieux étaient innommables. Leur fanatisme outré les avait rendus totalement aveugles. C’étaient des machines à tuer Ils ne faisaient aucune distinction entre un bébé ou un vieillard. Ils ne reculaient devant rien. Ils agissaient à leur première impulsion. La plupart des familles s’obstinaient à rester dans leurs villages. Elles ne voulaient pas abandonner les terres de leurs ancêtres. Elles ont décidé de résister malgré les menaces des terroristes. Certaines familles avaient été malheureusement décimées sans aucun état d’âme car elles refusaient de se soumettre au diktat des sanguinaires. Les quelques familles qui ont décidé de quitté leurs villages par peur d’être massacrées étaient contraintes de construire illicitement des taudis pour fuir la sauvagerie des terroristes aveuglés par leur fanatisme. Elles avaient choisi de vivre dans des bidonvilles au milieu des rats que de se laisser massacrer sauvagement. Devant leur situation calamiteuse, elles étaient livrées à elles-mêmes. Le problème de l’inexistence des sanitaires les faisait terriblement souffrir surtout la nuit où le danger se faisait sentir. Il n’y avait aucune sécurité. Ces lieux d’habitation étaient le plus souvent totalement isolés du centre des villes. Beaucoup d’entre eux avaient de la peine pour effectuer leurs emplettes car les habitations étaient éloignées du centre-ville. Ils étaient contraints de parcourir plus de 2 kilomètres pour rejoindre le centre-ville. Un parcours du combattant. Ceux qui possédaient des voitures avaient plutôt moins de mal à effecteur le trajet pour faire leurs achats. Durant la période hivernale, la vie était beaucoup plus difficile à supporter. Les chemins n’étaient pas goudronnés. La vase qui s’y accumulait empêchait les voitures de passer facilement sur ces routes boueuses et sinueuses qui constituaient d’énormes obstacles pour les conducteurs. Un vrai calvaire pour ces rescapés. Les enfants n’avaient pas droit d’aller à l’école dans cette situation fâcheuse où ils n avaient aucune chance de regagner la ville dans ces conditions déplorables surtout durant la période hivernale où la pluie tombait torrentiellement provoquant parfois des inondations qui empêchaient les enfants de rejoindre facilement l’école. Beaucoup d’entre eux avaient abandonné parce qu’ils n‘arrivaient plus à supporter ce calvaire qui n’avait pas de fin. Nés dans la misère et continuant à y vivre, ils ne savaient plus à quel saint se vouer.
Ils voyaient qu’ils n’avaient aucun avenir. Aucune perspective ne se profilait à l’horizon pour eux. Ce sont des enfants perdus à cause des erreurs de leurs parents qui les avaient mis au monde sans penser à leur lendemain. Il nous a été donné de constater que ce sont toujours les parents pauvres qui enfantent beaucoup malgré la misère dans laquelle ils sombrent quotidiennement. Ils disent toujours qu’il faut laisser le bon Dieu faire les choses et c’est toujours lui qui assure la pitance de l’être humain. Certaines personnes se méprennent sur ce sujet devenu tabou en ces temps qui courent où la loi de la jungle prime sur tout. Vivant dans une grande misère, des enfants sachant pertinemment que leurs parents n’arrivaient plus à subvenir à leurs soins, décidèrent un jour de se former en groupes pour aider leurs parents à leur manière, parce que les pouvoirs publics les avaient totalement délaissés. Ils avaient fomentés des plans machiavéliques pour cambrioler des maisons dont les propriétaires étaient absents et de passer à l’action quand le moment sera venu. Ils s’étaient entendus qu’il fallait opérer uniquement dans la nuit et de ne voler que des objets précieux pour les vendre à des prix conséquents pouvant faire vivre leurs familles pour un certain temps et tout cela à leur risque et péril. Brahim faisait partie de cette bande de voleurs. Lui, aussi, sa famille vivait dans la misère. Il devait regagner le groupe pour les aider. Plusieurs vols étaient opérés dans plusieurs appartements de la ville. Les propriétaires à leur retour avaient constaté les grands dégâts causés à leurs logements.
Ils avaient décidé de porter plainte au commissariat de police. Des souricières avaient été tendues pour essayer d’épingler les auteurs de ces vols en série. Quelques jours après, toute la bande de voleurs était appréhendée et les auteurs, ayant reconnus leurs faits, avaient été traduits devant le juge des mineurs qui avait pris les décisions qui s’imposaient pour appliquer la loi dans toute sa rigueur contre cet état de fait nuisant à la société.
L. A.