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L’ACADÉMIE ALGÉRIENNE DE TAMAZIGHT INSTALLÉE AVANT FIN 2018 : Ouyahia recadre le débat

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Suite au mouvement de grèves qui se propage, depuis octobre dernier, dans les lycées des wilayas amazighophones, appelant au boycott des cours de la langue arabe, du moins comme réponse à leurs compères issus de régions arabophones et qui refusent de suivre les cours de tamazight, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, intervient pour mettre les choses au clair et recadrer le débat sur la question amazighe. Le chef de l’Exécutif monte au créneau pour calmer les esprits et éviter que la situation s’embrase davantage. Face à la polémique lancée en début de la rentrée scolaire par des parents d’élèves de certaines wilayas qui refusent à leurs enfants de suivre des cours en tamazight provoquant ainsi la colère des lycéens en Kabylie, Ahmed Ouyahia a voulu mettre les points sur les «i». Lundi, il a en effet défendu le caractère national et obligatoire de l’enseignement de cette langue ancestrale, assurant que «l’Académie algérienne de la langue amazighe sera mise en place avant la fin de l’année en cours», conformément aux nouvelles dispositions de la Constitution de 2016. En marge de la cérémonie d’inauguration du 23e Salon international du livre d’Alger (SILA), Ouyahia a fait savoir que le gouvernement n’envisage pas, par contre, de supprimer le HCA (Haut commissariat à l’amazighité), organe créé en 1995 pour promouvoir cette langue. « Le HCA joue un rôle important dans la promotion de la langue amazighe et continuera à accomplir sa mission en coordination avec l’Académie », a-t-il déclaré.

«Des gens tentent de semer le trouble à propos de Tamazight»
Dans la foulée, le Premier ministre a aussi réagi aux appels à la grève et au boycott de la langue arabe, mettant en garde contre toute dérive. «Il y a des gens qui tentent de semer le trouble à propos de cette question », a-t-il précisé. « Le Président de la République a pris des mesures pour promouvoir le tamazight en tant que langue nationale et officielle aux côtés de la langue arabe », a-t-il rappelé, expliquant que « tamazight est aujourd’hui enseignée dans plus de 30 wilayas ». D’où l’institution de l’Académie algérienne de la langue amazighe, issue de l’amendement constitutionnel de 2016 (article 4) et bénéficiant d’un statut spécial (rattachée à la Présidence de la République). Cette institution sera composée d’une cinquantaine de membres et aura comme principale mission de compiler un corpus national en patrimoine langagier et lexical amazigh dans toutes ses variétés linguistiques. La nouvelle Académie sera chargée également d’établir la normalisation de tamazight en lui donnant un caractère académique, linguistique et national unifié, notamment le choix de sa transcription. Un point qui a véritablement attisé les débats; entre partisans des caractères latin, arabe et tifinagh (transcription originelle de Tamazight).
Les députés islamistes dans l’assemblée, qui étaient auparavant catégoriquement contre l’officialisation de cette langue, se sont accrochés mordicus aux caractères arabes, dénonçant, dans la posture des partisans des caractères latins.
Intervenant en fin des débats sur ce texte, le ministre de l’Enseignement supérieur, Tahar Hadjar, a appelé à éloigner cette question des « politiques », recommandant de laisser ce travail aux académiciens et spécialistes de l’Académie. Pour sa part, la ministre de l’Éducation nationale, Nouria Benghebrit, a dénoncé «des cas isolés», allusion aux parents qui refusent à leurs enfants de suivre les cours de cette langue ancestrale. Face à cette situation, des lycéens à Tizi-Ouzou, Boumerdès, Béjaïa et récemment à Bouira, ont séché les cours pour finir dans la rue, exigeant que tamazight soit enseignée, au même titre que l’arabe, sans exception dans toutes écoles et tous lycées d’Algérie.
Hamid Mecheri

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