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Jeff Goldblum : le faux dilettante

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Vingt ans après, l’acteur américain reprend du service dans «Independence Day Resurgence». Retrouvailles à Los Angeles avec le dandy le plus iconoclaste de Hollywood qui a su survivre aux aliens et aux dinosaures. Roland Emmerich ET Robert Altman. Wes Anderson ET Steven Spielberg. Il y a des grands écarts dans la carrière de Jeff Goldblum. Si le public ne se souvient pas toujours de son nom, sa silhouette longiligne et féline, son visage de clown binoclard est ­reconnaissable. De « Jurassic Park » à «Independence Day », de « Grand Budapest Hotel » à la série « New York section criminelle », l’acteur atypique est toujours resté populaire malgré les hauts et les bas. Mais Jeff Goldblum se fiche éperdument des plans de carrière. Il prend le plaisir là où il est et lorsqu’il vient.
Quand on le rencontre à deux pas de Sunset Boulevard pour une longue discussion à l’occasion de la sortie de «Independence Day Resurgence », on retrouve le même clown faussement triste qu’on voit à l’écran. Affable, il se dit intimidé de parler à Paris Match, sa compagne (ancienne gymnaste olympique canadienne) l’ayant prévenu que c’était « important » !
Pianiste de jazz qui écume les clubs de Los Angeles, l’acteur dit vénérer l’héritage de Serge Gainsbourg.
Vingt ans après le premier opus d’«Independence Day », son personnage de scientifique décalé s’en retourne combattre une invasion planétaire d’extraterrestres toujours aussi peu amicaux. Le film est pompier dans le fond mais jouissif dans la forme. « C’est un pur divertissement, explique-t-il. Ce que j’aime, chez Roland ­Emmerich, c’est qu’il sait filer la métaphore sans qu’on s’en aperçoive. Il y a dans le film une bataille contre un mal invisible, au-delà des différences politiques, ethniques ou religieuses. » De là à y voir un message subliminal sur l’actualité, il n’y a qu’un pas : « La métaphore extraterrestre n’est qu’un miroir de la stupidité humaine, ­esquisse-t-il. On attaque sans réfléchir. On combat sans ­comprendre. Mais on ne gagne que si l’on se rassemble. » Le plaisir qu’il a eu à tourner le film, c’est aussi celui de rencontrer Charlotte Gainsbourg, qui joue à ses côtés le rôle d’une scientifique française, ancienne conquête de son personnage. « Elle est timide mais elle sait où elle va. Je l’avais trouvée impressionnante dans “Melancholia” et “Antichrist”. »
Du Goldblum dans le texte. L’un des rares à pouvoir ­parler de Lars von Trier quand il fait la promotion d’un blockbuster hollywoodien. Et quand on lui demande s’il a aussi ­accepté la suite d’«Independence Day » pour l’argent, il jure qu’il aime faire l’acteur, quel que soit le genre du film. Avant de terminer sa phrase avec un petit clin d’œil qui vaut affirmation ! En ce moment, il a le vent en poupe. Il s’apprête à tourner aux côtés de Cate Blanchett dans « Thor 3 » et, cela se murmure, dans un troisième «Independence Day». Jeff Goldblum serait donc un faux dilettante. « L’étoffe des héros » ou « Les copains d’abord» sont des films cultes pour les quadras. «Jurassic Park » et «Independence Day » lui assurent une cote de popularité chez les plus jeunes. Il a tourné avec Woody Allen, Robert Altman avant de devenir l’alter ego de Wes Anderson, un chèque en blanc pour les cinéphiles. « Ce n’est pas volontaire. Je me souviens par exemple de “La mouche”. Pour moi, à la lecture du scénario, c’était un film sombre. Mais David Cronenberg en a fait un film fantastique populaire. Ce sont les metteurs en scène qu’il faut féliciter, pas les acteurs. »
En fait, Goldblum a réussi à ne jamais se dévaloriser. Dans les années 2000, alors que le téléphone ne sonne plus à Hollywood, il va creuser son sillon à la télévision et dans les talk-shows. L’Amérique n’a ainsi jamais oublié le sketch hilarant du « Stephen Colbert Show » où il faisait sa propre épitaphe, après une rumeur annonçant son décès. Son titre ? « Jeff Goldblum sera regretté ». Aujourd’hui, il est plus vivant que ­jamais. Surtout qu’un nouveau rôle lui prend beaucoup de temps depuis plus d’un an, celui du père. à 63 ans (on lui en donne facilement dix de moins), il dit que c’est le plus important de sa vie.

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