Accueil MONDE Irak : l’armée cherche à isoler l’EI

Irak : l’armée cherche à isoler l’EI

0

Les forces irakiennes aidées des milices chiites ont lancé mardi une opération destinée à isoler les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) dans la province clé d’Al-Anbar avant de tenter de reprendre sa capitale Ramadi, sur fond de polémique irako-américaine. L’annonce de l’opération a été faite au lendemain des déclarations de la Maison Blanche qui a tenté d’apaiser les tensions avec Bagdad, après les critiques du secrétaire à la Défense Ashton Carter qui a accusé l’armée irakienne d’un «manque de volonté» face à l’EI. Ramadi, la capitale de la province d’Al-Anbar, la plus grande d’Irak, avait résisté pendant des mois aux assauts des jihadistes qui l’ont finalement conquise le 17 mai après une vaste offensive et une retraite chaotique des forces irakiennes.
Le Premier ministre irakien Haider Al-Abadi a promis de reprendre cette région à l’EI qui contrôle la majorité de la province d’Al-Anbar (ouest) s’étendant des limites de la région de Bagdad aux frontières syrienne, saoudienne et jordanienne. Pour ce faire, il a fait appel aux Unités de mobilisation populaires, force paramilitaire à majorité chiite qui a aidé l’armée à reprendre à l’EI la ville de Tikrit (nord) en mars. M. Abadi avait hésité jusque-là à faire intervenir cette coalition chiite de peur de s’aliéner la communauté sunnite majoritaire à Al-Anbar.
Dans le cadre de l’opération lancée mardi, les forces irakiennes et paramilitaires chiites se dirigeront du sud de la province de Salaheddine, frontalière d’Al-Anbar, vers les régions désertiques au nord-est de Ramadi en vue d’isoler les jihadistes et préparer l’offensive pour reprendre la capitale provinciale.-

«À tes ordres Hussein»
«L’objectif est de libérer les régions entre les provinces de Salaheddine et d’Al-Anbar et d’essayer d’isoler celle-ci», a déclaré à l’AFP Ahmed Al-Assadi, un porte-parole des Unités de mobilisation populaires. L’opération a été baptisée «A tes ordres Hussein» du nom de l’un des imams les plus vénérés par la communauté musulmane chiite, a-t-il ajouté. Les forces gouvernementales, renforcées par des tribus sunnites et des miliciens chiites, sont parvenues à reprendre ces derniers jours une partie du territoire perdu à l’est de Ramadi.
La capture de Ramadi par les jihadistes a constitué un revers pour le pouvoir irakien et son grand allié américain engagé avec d’autres pays arabes et occidentaux dans une campagne aérienne contre l’EI en Irak et en Syrie voisine où les jihadistes occupent la moitié du territoire.
Les Etats-Unis envoient également des armes aux Irakiens et ont déployé des milliers de conseillers militaires dont certains sont déployés dans la base d’Al-Assad, dans la province d’Al-Anbar, à une centaine de km de Ramadi.
Après les critiques du secrétaire américain à la Défense, le vice-président Joe Biden s’est empressé de téléphoner lundi à M. Abadi pour rendre hommage à l’armée irakienne, reconnaissant «le courage et l’énorme sacrifice» de ses soldats face à l’EI et pour réaffirmer le soutien de son pays «au combat du gouvernement irakien».

Changer de stratégie
Néanmoins la chute de Ramadi, qui a provoqué la fuite de dizaines de milliers de personnes, a soulevé des questions sur la stratégie non seulement du gouvernement Abadi mais aussi des Etats-Unis. Plus de 3.000 raids aériens de la coalition internationale menée par Washington n’ont en effet pas empêché l’EI de continuer à s’emparer de pans de territoire en Irak et en Syrie et d’étendre son «califat» proclamé en juin 2014 sur les régions conquises à cheval entre ces deux pays. Fort de dizaines de milliers d’hommes, ce groupe accusé de crimes contre l’Humanité a recours à de multiples exactions -rapts, viols, décapitations, nettoyage ethnique- dans les régions sous son contrôle.
Il a réussi en janvier 2014 à prendre des secteurs de la province d’Al-Anbar, cinq mois avant de lancer le 9 juin une offensive fulgurante en Irak qui lui a permis de s’emparer de régions au nord et à l’est de Bagdad, notamment Mossoul, la deuxième ville d’Irak. L’EI a profité de la guerre civile en Syrie pour prendre le contrôle en 2013 de vastes régions. Il a infligé de nouveaux revers au régime syrien en s’emparant le 21 mai de la cité antique de Palmyre dans le désert syrien frontalier de l’Irak, et pourrait menacer Homs et Damas, des bastions du régime selon les experts.

Article précédentBox office US : démarrage raté pour George Clooney
Article suivantReal Madrid : Ancelotti limogé malgré ses appuis

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.