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ILS ONT MARCHÉ POUR LA 16E FOIS DE SUITE : L’hommage des étudiants aux habitants d’Illizi et de Djanet

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Promesse faite promesse tenue. Les étudiants ont battu le pavé, hier, des rues et des villes du pays, comme annoncé auparavant sur les réseaux sociaux, à l’occasion de leur 16e mardi de protestation consécutif, depuis le 26 février dernier, jour de leur première marche nationale et pacifique.

Ainsi, après avoir passé avec succès l’épreuve des marches durant le mois de Ramadhan, sans répit, malgré le jeûne, la chaleur, et la répression policière, la communauté estudiantine a réaffirmé, hier, encore une fois, son attachement aux revendications populaires pour le changement du système politique en place et l’édification d’un État de droit.
À Alger, comme il était de coutume depuis déjà 16 semaines, leur marche organisée a drainé des milliers d’étudiants et enseignants issus des différents établissements universitaires de la capitale et de ses environs, tels Blida Boumerdès et Tipasa.
Les manifestants ont tenu à marquer leur rendez-vous hebdomadaire et aller au bout de leur action pacifique, malgré une présence policière monstre, déployée au niveau du Tunnel des facultés et le Boulevard Mohamed V, comme nous l’avons constaté de visu, sur place.

La réponse des étudiants à Bensalah
Le rendez-vous estudiantin de ce mardi est le premier depuis l’annulation de la présidentielle du 4 juillet prochain. Selon les contestataires, «il n’est pas question de savoir combien de temps restera-t-il à Bensalah au pouvoir, car le peuple a, d’ores et déjà, décidé qu’il parte !» Autrement dit, les étudiants ont exprimé leur «refus de dialoguer avec le pouvoir à l’heure actuelle», comme nous l’a précisé une étudiante rencontrée au niveau de la Place Maurice Audin. Poursuivant, notre interlocutrice estime qu’«il faudra que les 2B (Bensalah et Bedoui) partent», notamment pour envisager tout dialogue avec le pouvoir. Ajoutant que la communauté estudiantine plaide pour «une période de transition.» Concernant les conditions de ce dialogue, elle estime qu’«il faudra qu’il soit honnête et transparent.»

À défaut de la Grande-Poste, cap sur la Place des Martyrs
Aussi déterminés que durant le mois de Ramadhan, les étudiants se sont donné rendez-vous à la Place des Martyrs. À notre arrivée vers 10H00 du matin, des petits groupes d’étudiants étaient déjà là, en attendant l’arrivée des autres qui, au fur et à mesure, commençaient à débarquer. Les manifestants pressent le pas pour arriver à l’heure de la mobilisation. L’accès menant vers l’esplanade de la Grande-Poste, un lieu emblématique symbolisant les premières marches populaires du 22 février historique, a été totalement quadrillé et le passage menant vers la rue Larbi Ben M’hidi était également fermé à tout accès.
Cet édifice, notons-le, est fermé au public depuis le 17 mai dernier, jour du 13e vendredi de mobilisation populaire citoyenne pacifique, pour une histoire de «travaux de réhabilitation» selon la wilaya d’Alger. Au fait, comme nous l’a souligné hier un étudiant rencontré sur les lieux, la communauté estudiantine s’attendait à ce que « les forces de l’ordre soient déployées massivement» pour les empêcher de manifester.

La maturité politique toujours au rendez-vous
Les étudiants, après l’entame de leur marche, peu avant 11h30, ont brandi très haut leurs pancartes pour dire d’une voie commune : «Système dégage !»
En plus de la mobilisation, qui était importante ce mardi, et davantage plus organisée, les étudiants ont encore une fois forcé le respect et l’admiration de l’opinion. Par leur maturité et leur prise de conscience surtout et qui étaient reflétées dans leurs slogans et la forme de leur protestation pacifique.
À cela s’ajoute le sentiment de patriotisme qui se dégageait du fait que les couleurs nationales sont portées, haut et fort, sur les têtes, pour se protéger de la chaleur. Des images vues et revues, depuis 16 mardis de protestation, qui laissent dire que l’Algérie est présente dans les cœurs des étudiants.
Preuve en est, les voix des manifestants qui entonnaient des chants patriotiques, comme l’hymne national «Kassaman» et le chant «Watani watani Ghali ettamani (Oh patrie, notre chère patrie !)» Tout au long de leur parcours, ils scandaient des slogans, tels «le peuple est la source de tout pouvoir ! Il a dit son mot : Dégagez !», «Ya h’na ya n’touma, ma ranach habssine (Soit c’est nous, ou bien c’est vous, on ne va pas s’arrêter)».

Solidarité avec les habitants de Djanet et d’Illizi
Si le sujet des inondations, qui ont touché Djanet et Illizi, est au cœur de l’actualité nationale, les étudiants ont affiché leur solidarité avec leurs concitoyens du sud du pays. Ainsi, ils ont brandi plusieurs pancartes exprimant leur soutien aux sinistrés. À noter que l’esprit de solidarité des étudiants n’est pas une première. Dans un passé récent, et lors d’une marche de mardi, ils ont observé une minute de silence en hommage aux victimes de l’effondrement d’une bâtisse à la basse Casbah.

Réaction à l’arrêt des bus de «Tahkout»
Tel que nous l’avons constaté de visu avant hier, une paralysie a gagné le transport universitaire à cause d’une mise à l’arrêt brutale des bus de l’entreprise «Tahkout». Les étudiants ont scandé : «Klitou leblad ya seraquine (Bande de voleurs, vous avez dilapidé l’argent public)», allusion à la mise sous mandat de dépôt de l’homme d’affaires controversé Maheddine Tahkout, lui et des membres de sa famille. Les slogans scandés par les étudiants étaient une expression de «satisfaction» quant à la poursuite judicaire de cet homme d’affaires poursuivi dans plusieurs affaires liées à l’obtention d’«indus privilèges publics».
Ainsi, privés de transport durant toute la journée de lundi, les étudiants estiment être pris en otage et victimes «de la mauvaise gestion et de la corruption», nous a déclaré l’un d’eux.
Mohamed Amrouni

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