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Il y a cinquante-six ans, le peuple algérien fêtait sa libération du colonialisme français / Goudjil : «Raconter les faits de notre histoire, c’est évoquer leurs origines et impacts»

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Cinquante-six ans sont passés, depuis le jour du 5 juillet 1962, une date qui, pour toute algérienne et tout algérien d’aujourd’hui, ne signifie pas seulement la commémoration de la proclamation de l’Indépendance de l’Algérie, mais l’annonce, notamment par les youyous des millions de femmes algériennes, à travers le pays, de l’effondrement, par la Révolution armée du peuple algérien, du système politique colonial français, érigé, durant plus d’un siècle, en Algérie.

En ce jour, des millions d’algériens et d’algériennes se sont précipités, portant les couleurs de l’emblème national, celui brandit, par le jeune martyr Bouzid Saâl, un certain 8 mai 45, à Sétif, avant qu’il soit la cible des balles assassines des autorités coloniales françaises. Hissé vers le haut, le drapeau flotte au rythme de l’air de la liberté qui soufflait enfin, sur l’Algérie, après plus d’un siècle de domination coloniale, en ce jour du 5 juillet 1962, où le peuple algérien, s’est précipité, occupant les grands boulevards et rues des villes, les ruelles des villages et d’chours, pour exprimer sa joie d’avoir réussi, ce qu’il avait entrepris, pour en finir avec le colonisateur français, dans son pays. En ce jour triomphal, où la fête se manifestait par des larmes de joie mais aussi des larmes, pour les milliers de femmes, d’hommes et d’enfants à travers le pays qui n’ont pas été de ce jour : les martyrs de la guerre de libération algérienne. Et en ce jour historique, qui a couronné la plus grande révolution du 20e siècle, en mettant fin à la présence en Algérie, d’une des plus grandes puissances coloniales, pour un des acteurs et témoins de la révolution algérienne et de l’Algérie, depuis le jour de son indépendance, à ce jour, Salah Goudjil, nous a annoncé, hier, qu’il compte se pencher sur l’écriture d’un livre «sur les différentes étapes qu’a connues et traversées le Front de Libération National, de 1962 à nos jours» animant, le Forum du Courrier d’Algérie, consacré , hier, au cinquante-sixième anniversaire de l’Indépendance, le 5 Juillet 1962, de notre pays. L’invité n’a pas hésité d’aller aux fins fond de sa mémoire, pour évoquer, lors de ce Forum, les nombreux évènements, notamment phares de l’histoire du mouvement nationaliste algérien, de la crise PPA/MTLD, que certains membres valeureux de l’organisation spéciale (OS) ont réussi à dépasser, car convaincus que la liberté et la dignité s’arrachent et que l’heure «est à l’action armée pour en découdre avec le colonialisme en Algérie», a souligné notre invité. Et c’est avec humilité qu’il aborde des faits et des évènements, qu’il garde bien en mémoire, défiant ainsi les aléas des traces du passage du temps, notamment ceux en lien, avec un des leaders de la révolution algérienne, le défunt martyr, Mostefa Ben-Boulaïd. Il se rappelle, que Krim Belkacem avait déclaré, à Tunis, que «Ben-Boulaid était le père de la révolution» dira Salah Goudjil, qui n’a pas manqué d’évoquer longuement le parcours et les faits de ce valeureux dirigeant de la Révolution du 1er Novembre 54. Sur le jour du 5 juillet 1962, pour ce moudjahid de la région des Aurès, le peuple algérien «a voté massivement en faveur de l’indépendance» et est descendu dans les rues, de jour comme de nuit, «pour célébrer sa liberté arrachée au prix d’innommables sacrifices». Pour lui, tout citoyen algérien en âge de se rappeler ce jour, «ne peut oublier ce que fut le passé des algériens sous la domination coloniale française, les crimes commis en masse sur tout un peuple». À l’indépendance, le peuple algérien était 8 à 9 millions d’algériens, «aujourd’hui, nous sommes à près de 42 millions» dira le sénateur Salah Goujil, avant d’ajouter «combien restent-ils de ces 8 à 9 millions d’algériens de 1962» et de répondre «peut-être près d’un million» avant d’insister sur l’importance «de l’écriture des parcours et de l’histoire» d’acteurs et d’actrices de cette période décisive dans le cours de l’histoire du peuple algérien. S’agissant, en ce qui le concerne, du 5 juillet 1962 qui était un grand jour pour l’Algérie et son peuple, il raconte, pour la première fois, que «le 2 juillet de cette année, c’est le jour du décès de ma défunte mère» avec laquelle, il n’avait passé que 15 jours avant qu’elle quitte ce bas monde, lui qui ne l’a pas vu des années durant «si ce n’est deux à trois fois en 1955» nous confie-t-il. Alors que les rues et les boulevards de Batna, étaient submergés, en ce jour du 2 juillet, par les algériens, hommes et femmes, célébrant l’indépendance, «le cortège funèbre suivait son chemin, vers le cimetière, en présence de nombreux combattants de la révolution», et les gens, en les voyant, raconte Goudjil «se sont joints à nous, pensant que c’était à l’occasion de la proclamation de l’Indépendance, jusqu’à arriver au cimetière, ils se sont rendus compte que c’était un enterrement» dira Salah, Goudjil, hier. Insistant, lors de ces récits, sur la Révolution et les premières années de l’Indépendance de l’Algérie, sur l’importance de «raconter les faits et les évènements» de notre histoire, «sans omettre, et c’est essentiel et primordial» dira-t-il, Salah Goudjil souligne qu’il est impératif «de mettre en lumière ce qui a été à l’origine de ces faits et évènements ainsi que leurs impacts respectifs» pour mieux cerner le cours de l’Histoire. Et en ce jour du 5 juillet 1962, on pouvait voir dans l’effervescence populaire, à travers les yeux des femmes et des hommes, jeunes et moins jeunes, l’expression de la confiance du peuple en la promesse de l’Indépendance et du projet national, qu’ont lancé, plus de sept ans auparavant, le 22 juin 1954, les jeunes dirigeants du groupe des 22, et la décision du déclenchement, quatre mois après, de la Révolution algérienne contre le colonialisme. Pour cet ancien moudjahid, dès les premières heures, «la vie humaine ne valait rien devant le sacrifice pour que l’Algérie soit libre et indépendante» dira Salah Goudjil qui, poursuivant son témoignage, revient sur les six membres, fer de lance du 1er Novembre 1954. Tous, dira l’invité, «des rescapés de l’Organisation spéciale (OS), ils avaient été intégrés dans des structures clandestines, et ce, bien avant la création de l ‘OS, et déjà ils évoluaient dans les maquis des Aurès et de la Kabylie» a précisé Goudjil. Il raconte que le défunt Hocine Aït Ahmed, dirigeant national de l’OS qui, lors de son hommage à la mémoire de Mostefa Ben Boulaïd, en se rendant à la stèle, érigée à Batna, lors d´un meeting qu´il tenait dans le cadre de la campagne présidentielle de 1999, il se rappelle de ce moment, lui qui n’était qu’à quelques mètres, dans sa maison. Aït ahmed a exprimé « sa reconnaissance à Mostefa Ben Boulaïd lequel, à l´époque, lui fit délivrer par les services de l’état-civil de la commune mixte d´Arris où exerçait un militant du PPA-Mtld, Mahmoud ben Akcha, enterré aux côtés de Ben Boulaïd» . Des documents délivrés, poursuit-t-il, portant «l’´identité du nom d´un aurésien décédé, qui lui permirent de se rendre à l´étranger, pour la cause nationale» et ce jour-là, «Hocine Aït Ahmed est devenu chaoui, originaire des Aurès» dira note invité, hier, au Forum.
Karima Bennour

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