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France : l’UMP joue son avenir

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L’UMP joue sa survie, aujourd’hui, lors d’un bureau politique destiné à entériner l’après-Copé et à poser les jalons du congrès extraordinaire de l’automne, une transition délicate sous l’égide d’Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin et François Fillon qui a rouvert le champ des possibles pour Nicolas Sarkozy.

Quinze jours après la démission forcée de Jean-François Copé, emporté par l’affaire Bygmalion, ce triumvirat devrait théoriquement lui succéder à la tête du parti lors de cette nouvelle réunion de crise, prévue à 18h00, où les sarkozystes, confortés par un dernier baroud d’honneur des copéistes, entendent contester la validité de cette gouvernance inédite. Une gouvernance d’autant plus litigieuse et suspecte à leurs yeux, qu’elle fédère aux côtés du «casque bleu» Jean-Pierre Raffarin les deux plus sérieux rivaux de Nicolas Sarkozy pour 2017 : Alain Juppé, champion des sondages d’opinion, et François Fillon, «plus déterminé que jamais à y aller» selon des proches.
Les partisans de Nicolas Sarkozy, qui le pressent de prendre le parti pour imposer de facto sa candidature, craignent que les «pachas», ainsi que les nomme le sénateur UMP de la Vienne, ne prennent de vitesse l’ancien président en verrouillant les primaires d’investiture de 2016 pour la présidentielle.
Jean-François Copé, dont la démission sera effective le 15 juin, a convié la constitutionnaliste Anne Levade, présidente de la Haute autorité de l’UMP, à la réunion de mardi pour veiller au «respect des règles juridiques» dans la période d’intérim précédant l’élection du nouveau président. Des fidèles de Nicolas Sarkozy arguent que la direction du mouvement revient statutairement au vice-président délégué du parti, en l’occurrence Luc Chatel.

«MISSION D’URGENCE»
Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin et François Fillon, qui se parlent régulièrement au téléphone, se verront mardi avant la réunion pour arrêter une solution de consensus qui assure sécurité juridique et légitimité politique, a-t-on précisé dans l’entourage du député de Paris. L’option qui se dessine est de confier les pouvoirs administratifs et juridiques à Luc Chatel, en appui des trois «Sages». Le bureau politique, qui compte une cinquantaine de membres, délibère à la majorité des suffrages exprimés. «Sauver l’UMP d’une disparition désormais possible : voilà l’enjeu des prochaines semaines», a prévenu mardi dernier François Fillon, qui a dénoncé avec vigueur les «turpitudes» passées. Irrité par les récriminations des sarkozystes, accusés par des cadres du parti de fomenter un «putsch», l’ancien Premier ministre fait valoir «une mission d’urgence» destinée à «restaurer la confiance des militants», «garantir l’unité» de l’UMP et «assurer les conditions exemplaires et transparentes» du futur congrès, qui réveille les ambitions personnelles. «S’il veut tuer dans l’œuf les velléités de relève de ceux qui versent déjà des larmes de crocodile sur ses tracas judiciaires, Nicolas Sarkozy doit reprendre lui-même la présidence de l’UMP. Dans une élection par les adhérents, il est imbattable», estime le politologue Thomas Guénolé. Selon Le Journal du Dimanche, l’ancien président présenterait son «plan de décollage» à ses proches lundi ou mardi.

SARKOZY TENTÉ D’ACCÉLÉRER
«On n’échappe pas à son destin», a lancé, vendredi en Suisse, selon ATS, Nicolas Sarkozy, qui manie à dessein depuis deux ans l’ambiguïté sur ses intentions. Deux scénarios s’affrontent dans les rangs des proches de l’ancien président et des politologues : un retour anticipé qui verrait Nicolas Sarkozy se lancer dans la course à la présidence de l’UMP avant les vacances d’été. Prendre le parti en octobre pourrait lui permettre d’escamoter la primaire, qu’il récuse, et d’imposer sa loi pour 2017.
Un risque dont Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin ont déjà pris la mesure en proposant que le futur président de l’UMP ne soit pas candidat à la primaire, un exercice inédit à droite dont les règles approuvées par plus de 90% des militants UMP n’interdisent pas que le «chairman» brigue l’investiture. Deuxième option : Nicolas Sarkozy, sous la menace de potentiels nouveaux écueils judiciaires, donne du temps au temps en continuant de cultiver une distance relative et de déléguer à ses lieutenants le soin d’accréditer la thèse du «recours gaullien». Quel que soit le calendrier, la perspective d’un retour du perdant de 2012 est loin de faire l’unanimité au sein du parti, et c’est aussi à cette aune que Nicolas Sarkozy définira sa stratégie. Bruno Le Maire, qui songe à briguer la présidence de l’UMP, a affirmé dimanche sur BFM TV que l’hypothèse d’un tel retour ne lui posait «absolument aucune difficulté». «Je ne calque pas ma vie sur la vie de Nicolas Sarkozy». Xavier Bertrand, candidat déclaré à la primaire, a quant, à lui, de nouveau insisté sur France Inter sur la nécessité de «tourner définitivement la page de 2012» sous peine, selon lui, pour l’UMP de ne pas figurer au second tour du scrutin de 2017.

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