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Forcés au nul dans des conditions dantesques : Sous le signe du courage, les «Verts» jusqu’au bout du calvaire

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Une sortie et des craintes. Un scénario ouvert sur le pire et l’impression bizarre que l’E.N. a perdu deux points mais gagné au change un groupe. Courage, volonté et une belle envie de tirer un trait sur le passé. Un redéploiement différé à octobre ? Les ingrédients sont réunis. à Belmadi de s’attaquer à ses nombreux chantiers et un projet réalisable. Ses premiers semblent apparemment donner le ton.

Par Azouaou Aghiles

Il y avait du … cœur
Pour sa rentrée des classes sous les ordres de son nouveau maître, Djamel Belmadi, l’Algérie n’a pu faire mieux qu’un petit match nul qui n’aide pas à se faire une idée sur le travail réalisé en moins d’une semaine (des délais plus que trop courts) par le nouveau coach. Forcés au partage des points dans un contexte particulier et peu propice à l’organisation d’une rencontre de cette importance, les «Verts», qui ont globalement dominé les débats sans jamais se montrer souverains comme on l’espérait et ce, pour des raisons extra-sportives en laissant filer au passage deux précieuses unités, n’ont pu tenir leur avantage au score qu’un peu moins de deux minutes sur une erreur d’inattention défensive (le chantier décidément le plus brûlant qui attend le staff technique même si l’attaque a paru quelque peu émoussée et encore à la recherche de ses repères ), et reportent à d’autres délais le déclic promis. Première conclusion et malgré une belle réaction sur le plan psychologique des joueurs, la tendance, toujours, veut que beaucoup de travail attend l’équipe. Sur ce qu’ont montré le capitaine Brahimi et ses camarades, qui en voulaient terriblement, il n’y a pas ou plus le feu à la maison et le pompier Belmadi, dépêché pour l’éteindre, semble en avoir circonscrit une bonne partie en redonnant une âme à un groupe rarement aussi solidaire ces deux dernières années et ayant vécu un début d’été difficile après son élimination sans gloire du Mondial 2018 en Russie qu’il a suivi à la TV. Un groupe dans de meilleures dispositions mentales donc et un message clair : celui de se transcender sans s’arrêter sur les conditions de jeu et les à-côtés comme ils l’ont montré avant et pendant ce premier test sur la voie de la rédemption à l’occasion d’une partie qui n’aurait jamais dû se jouer, conditions de sécurité, inexistantes, obligent. Très peu donc d’enseignements techniques à tirer sinon cette envie palpable d’en découdre et, courage en prime, de se réhabiliter au plus vite et retrouver l’amour d’un public qui, curieusement depuis la nomination de Belmadi, croit à nouveau en ses favoris après un désamour et un divorce qui n’auront que trop duré et pesé sur le moral d’une sélection qui avait pourtant les moyens de le rendre heureux. Une opinion rarement aussi divisée et qui se donne, une fois n’est pas coutume et avant que ne s’écoule la période de grâce (quoique les révélateurs sont à nouveau favorables, les clignotants au vert côté tribunes, ce qui laisse promettre déjà un retour à Tchaker, le désormais jardin fétiche du «Club Algérie» et théâtre de bien d’exploits mémorables, réussis) le mot pour faire corps autour de ses favoris. Comme avant ce «semi-échec» (sur le plan statistique s’en est malheureusement un) que le simple supporter a plutôt et contrairement aux habitudes, bien accueilli en accordant de larges circonstances atténuantes à une équipe qui a mis beaucoup de cœur à l’ouvrage et rarement (c’est un des points positifs) refusé le combat.

En attendant le Bénin
En décidant notamment de le montrer en acceptant de braver les dangers encourus quant à leur intégrité physique et relever le défi dans un contexte hallucinant. La note pleine et chapeau bas, vraiment pour des joueurs qui avaient toutes les raisons de refuser de fouler une arène en ébullition. Transformée en volcan prêt (on signalera ici l’esprit sportif et l’hospitalité d’un public certes passionné qui le montrera en prenant d’assaut une enceinte qui aura rarement connu un tel engouement populaire) à exploser à tout moment alors que leurs clubs employeurs étaient à l’écoute de la moindre information en provenance de la capitale gambienne, Banjul, transformée, le temps d’un match, pas comme les autres, (il aura duré plus de trois heures entre palabres et temps règlementaire) pour les locaux avec la présence de super stars de la trempe de Mahrez qui a fait sensation. Ni leurs contrats mirobolants, ni leurs salaires faramineux, ni la suite de leur carrière n’ont finalement pesé sur leur décision de montrer leur attachement aux couleurs. C’est donc avec un cœur comme ça (on ne s’attardera pas sur la prestation d’ensemble, juste moyenne et on ne pouvait leur demander plus sur un terrain rendu impraticable par une pelouse mal tondue et peu propice au jeu technique, c’est pourquoi les Ghezzal, Bentaleb et autre Taider useront de balles à l’abordage, et donc un jeu décousu et contre-nature arrangeant sensiblement les affaires de l’adversaire tout heureux de revenir à la marque pratiquement dans la minute qui suivra la réalisation toute d’opportunisme de Bounedjah et de sauvegarder le point d’un nul au parfum de victoire pour les «Scorpions» ou d’une défaite, c’est selon mais toutes proportions gardées, de «défaite», pour des «Combattants du désert» qui se sont bien battus) que l’E.N. a retrouvé les durs chemins de l’Afrique avec, comme toujours (on dira inévitablement) tous les ingrédients des compétitions continentales et leurs considérations extra-sportives. Les joueurs de Belmadi, bien dans sa peau de leader, qui ont tenté de réaliser la meilleure performance (les conditions à la limite du dramatique qui ont entouré cette fête du football africain dans toutes ses coutures, avec des mouvements de foule faisant craindre le pire sous la forme de nombreux blessés parmi l’assistance et un envahissement de terrain, pour dire toute la crainte de débordements violents, ne l’ont malheureusement pas rendue possible et empêchent une meilleure lecture du rendement collectif) et en convalescence, rappelons-le, diffèrent donc à d’autres sorties moins houleuses, la sortie de «crise» non sans laisser des signes qui ne trompent pas quant à leur volonté de faire oublier leurs contreperformances de cette désastreuse campagne continentale sur la route de la défunte Coupe du monde où ils auront figuré parmi les grands absents. En tout cas regrettés par bien des observateurs.

Un groupe est né
Un peu brouillons et même peu inspirés, à l’image de cette «absence» de réaction de l’axial Tahrat sur le but gambien, Bensebaini et consorts, malgré leur possession de balle, sont restés timides malgré l’opportunité de s’installer durablement dans le camp adverse. Ils ont manqué de cette ultime touche pour l’emporter et imposer leur statut de favoris devant un vis-à-vis tout heureux de limiter les dégâts en arrachant un point inespéré valant son pesant d’or au vu de la renommée des vedettes algériennes à l’origine précisément de ce déferlement des supporters sur un théâtre dans l’incapacité d’accueillir autant de monde. Belmadi et ses troupes, qui inaugurent leur grande revue des effectifs sur une joute plus qu’officielle, auront le temps, d’ici la première semaine d’octobre et la rencontre face au Bénin, à Blida, de voir s’éclaircir leur ciel après une longue période faite d’amoncellement de nuages, pour ne pas dire de déboires en tout genre. Retrouver le niveau qui a été le leur et peser à nouveau de tout leur poids lorsqu’il faudra redescendre sur des terrains (c’est aussi cela les vérités de l’Afrique) pas toujours accueillants, voire hostiles. Tout est bien qui finit bien (on insiste sur le volet sécuritaire avec des noms qui avaient toutes les raisons de rester aux vestiaires) pour une sélection qui a soif de revanche sur le sort et sur elle-même. C’est du moins ce qu’on retiendra d’un voyage à multiples inconnues (des risques aussi !) et des regrets de devoir attendre encore une autre opportunité (dans un petit mois tout au plus) pour mesurer l’apport d’un Belmadi fort de caractère comme on l’a vu lors de ses deux sorties médiatiques où il a provoqué quelques étincelles. Mesurer surtout à quel point cette personnalité, son style, vont déteindre (on l’a peut-être remarqué dans la réaction des joueurs lorsqu’il a fallu répondre présents et aller au charbon alors que les conditions n’étaient pas réunies pour un match de football) sur un groupe répondant positivement aux décisions prises en interne dans le sens d’une réelle prise en main. Un groupe en train de revivre avec, cette fois, l’apport de supporters croyant dur comme fer en ce technicien paraissant si sincère (ça comptera pour la suite de la mission) et qui a surtout envie de gagner en ne badinant toutefois pas avec la discipline. Alors la Gambie ? Pour beaucoup, c’est un test à valeur de confirmation, les joueurs ayant montré énormément de caractère. Sur la voie de retrouver son football et qui a, à nouveau, soif de succès. Une soif qui les a animés lors de cette rencontre où il fallait plus (pour paraphraser l’entraîneur gambien, Tom Saintfiet) que le talent (*) pour s’imposer en terres africaines. Samedi, les Mahrez and Co ont semblé bien comprendre le message en jouant avec les tripes. Avec courage. Enseignement majeur s’il en est. De bon augure surtout. Il faudra seulement faire parler le résultat et ça viendra naturellement. Patience.
A. A.

(*) Belmadi et Zetchi, en rassembleurs : « Les joueurs n’ont pas eu peur et on a beaucoup aimé »
C’était avant le début de la rencontre, les «Verts», refusant, à juste titre, de quitter les vestiaires. Une phrase qui dit ce qu’elle dit d’un coach et d’un président qui disent certes ne pas être «complètement satisfaits du résultat» mais appréciant la réaction «d’hommes» de leurs … hommes : «Les joueurs n’ont pas peur de l’adversaire, mais de l’insécurité.» Belmadi vient de résumer une partie où les Algériens, l’esprit dans les tribunes mais (un bon point) la tête bien sur les épaules, ont joué, sans évidemment enflammer les débats avec ce talent à l’origine du déplacement en masse des supporters locaux créant ainsi un climat d’insécurité permanent dans le stade (surtout autour de la pelouse) le match qu’il fallait. En jouant avec courage et détermination. Sans peur, et pratiquement sans beaucoup de reproches, à part quelques regrets. Ceux, par exemple, de n’avoir pas su ou pu jouer leur jeu (la pelouse, dans un état lamentable, ne s’y prêtait pas du tout) et assurer la victoire qui aurait relancé la machine. Le courage, c’est d’abord celui d’un sélectionneur qui donne le la et montre la voie à suivre en galvanisant, lors de l’échauffement, ses poulains mis devant leurs responsabilités une fois la décision prise, après une heure et demie de palabres sans fin, de donner le coup d’envoi, ce dont le référée du jour, le Tunisien, s’exécutera. Pour le président, la satisfaction est grande de constater qu’«un groupe est né.» La raison bien simple ? L’«état d’esprit des joueurs dans des conditions où tout était réuni contre nous (…) Les joueurs ont fait un match d’hommes. Ils ont été combatifs ». Une bonne réaction qu’il ne passera pas sous silence en ne tarissant pas d’éloges et en saluant «la solidarité dont ils ont fait preuve du début à la fin du match en montrant ce qu’ils valaient justement sur ce plan. En se défonçant sur le terrain.» Un nouveau discours et, peut-être, la conviction que le projet est vraiment en marche. Bons signes…

A. A.

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