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Éthiopie : Washington accentue sa pression pour une issue au conflit du Tigré

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L’Erythrée et l’Éthiopie ont dénoncé samedi les sanctions annoncées la veille contre l’armée et le pouvoir érythréens par les États-Unis pour faire pression sur les acteurs du conflit au Tigré et trouver une issue pacifique dans cette région du nord de l’Éthiopie.

L’Érythrée a condamné des sanctions « illicites et immorales », faisant d’elle « un bouc émissaire », dans un communiqué du ministère de l’Information. Elle a reçu le soutien de l’Éthiopie qui a appelé Washington à « annuler sa décision », estimant que le TPLF devrait être « la véritable cible des sanctions ». Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a appelé à de nouvelles discussions entre Addis Abeba et les rebelles, avant son départ pour une tournée africaine la semaine prochaine. Une absence d’accord entre les parties « conduirait à l’implosion de l’Éthiopie et aurait des conséquences sur d’autres pays dans la région », a-t-il estimé. « L’autre option est de stopper toutes les actions militaires en cours, s’asseoir à une table pour négocier un véritable cessez-le-feu permettant l’accès de l’aide humanitaire à toutes les zones où la population en a besoin », a poursuivi M. Blinken. Le gouvernement américain a condamné tant le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), au pouvoir dans cette région, que le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, un ancien allié et prix Nobel de la Paix, dans ce conflit qui a fait des milliers de morts depuis un an et placé des centaines de milliers d’habitants dans des conditions proches de la famine, selon l’ONU. Début novembre, une enquête du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme a conclu à de possibles crimes contre l’humanité commis par toutes les parties.

L’Éthiopie épargnée
Le président Joe Biden avait ouvert la voie en septembre à des sanctions contre tous les protagonistes du conflit. Mais celles imposées vendredi ne visent que l’appareil militaire et politique de l’Érythrée, l’un des pays les plus reclus du monde, soumis à des sanctions internationales. Washington « veut donner du temps et de l’espace » pour voir si des discussions entre l’Éthiopie et le TPLF « peuvent progresser », a expliqué dans un communiqué M. Blinken pour justifier de les avoir épargnés. Le régime érythréen a soutenu militairement Addis Abeba en envoyant des troupes au Tigré, région qui borde sa frontière sud. Les États-Unis ont plusieurs fois réclamé le retrait de ces forces – qui « ont été responsables de massacres, de pillages et de crimes sexuels » dans ce conflit, a affirmé le Trésor américain dans un communiqué. Les sanctions visent notamment l’armée érythréenne (EDF) et le Front populaire pour la démocratie et la justice (PFDJ) du président érythréen Issaias Afeworki, seul parti autorisé en Érythrée qui donne « des ordres directs aux généraux de l’EDF », selon le Trésor. Le porte-parole du TPLF, Getachew Reda, s’est lui félicité qu' »au moins, (les États-Unis) reconnaissent le rôle des Érythréens dans la campagne génocidaire au Tigré ». Mais pour Cameron Hudson, expert pour l’Atlantic Council, Abiy Ahmed « reste responsable de ce conflit et le fait d’éviter encore une fois de sanctionner les entités éthiopiennes reflète le sentiment que (le Premier ministre) peut s’impliquer (dans des négociations) et que son approche du conflit a changé », a expliqué l’expert.

Efforts diplomatiques
Ces derniers jours, les diplomates étrangers ont intensifié leurs efforts pour tenter d’arracher un cessez-le-feu. L’ex-président nigérian Olusegun Obasanjo, envoyé spécial de l’Union africaine, et M. Feltman se sont rendus en Ethiopie cette semaine. M. Blinken sera lui au Kenya voisin mardi. Jeudi, Addis Abeba a émis des conditions à des pourparlers avec le TPLF, qui a enregistré des victoires importantes sur le terrain ces dernières semaines et n’a pas écarté de marcher sur la capitale. Elles incluent un cessez-le-feu, le retrait des rebelles des régions d’Amhara et d’Afar et la reconnaissance de la légitimité du gouvernement central. Le TPLF a en retour réclamé l’entrée au Tigré de l’aide humanitaire, bloquée depuis le 18 octobre alors que 364 camions attendent une autorisation, selon l’ONU.
Le plus célèbre des Tigréens, le chef de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus, a dénoncé vendredi le « blocus systématique » de cette région qui empêche l’envoi de vivres et de médicaments.
« Les gens meurent à cause du manque d’approvisionnement », a-t-il dit à Genève. Les autorités éthiopiennes sont aussi accusées d’avoir harcelé ou arrêté des Tigréens employés par les agences de l’ONU.

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