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Décès d’Amar Ezzahi et de Hadj Fergani : La scène artistique algérienne endeuillée

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Désormais, 2016 est marquée par la perte des figures emblématiques de la chanson algérienne. En l’occurrence, les maitres de la chanson chaâbi Amar Ezzahi, et du Malouf Hadj Fergani. Ces monuments de la chanson algérienne ont eu droit à des hommages populaires à la hauteur de leurs œuvres et parcours artistiques.

Amar Ezzahi (le joyeux), de son vrai nom Amar Ait-Zaï est surtout une histoire de bonheur et de joie comme son nom l’indique. Il est la plus grande figure du chaâbi. Décédé à l’âge de 75 ans, après avoir mené une vie d’ascète. Il a passé la majeure partie de sa vie près de la vieille ville d’Alger où il était arrivé très jeune, après sa naissance dans un village de Kabylie en 1941. Son répertoire compte des dizaines de chansons enregistrées à partir de 1963. Il a enregistré quelques 45 tours, dont le premier, en 1968, avec les deux chansons qui vont le révéler, Ya djahel leshab et Ya el adraâ, puis à peine plus de 33 tours et une seule cassette. De son vivant, Amar Ezzahi a marqué d’une empreinte indélébile la musique algérienne avec des chansons qui resteront gravées dans la mémoire collective de l’Algérie à l’image de Ya Kadi nass, El Ghram, Dif Allah, Zennouba, Ya’l Ghafel Toub, El Djafi, Hadjam El Ouala3ine, Nabiwni Radou Ledjouab, Ghadder kassek Hat Noubti, El Harraz, Koub ou’ara, Youm El Khmis, Men Houa Rouhi W’rahti, Anaya Berrani Ghrib, Mir El Ghiwane, Asmaa Noussik Ya Insane, Esmeralda. Il a réuni et non pas qu’avec son talent seulement, toutes générations confondues. La fidélité à son caractère, sa simplicité, sa constance dans son comportement aura apporté la stabilité à toute personne en quête d’idéal de dignité, un idéal vivant. Il est dans un pays avec peu de personnes exemplaires dans un environnement en complète perdition. Aujourd’hui, des milliers de jeunes algériens trouvent en lui la force de faire face à la vie exécrable qu’ils vivent au jour le jour. Désormais, ils garderont d’Amar Ezzahi, l’image d’un grand artiste, réservé, modeste et très humble qui ne s’est jamais intéressé au monde des affaires et de la politique. Connu pour sa discrétion, il évitait tout contact avec la radio et la télévision et refusait tout entretien avec les journalistes. Pendant toute sa vie, il a fait le bonheur de ses compatriotes lors des fêtes familiales qu’il animait avec son grand talent de musicien et sa voix si puissante, qui rendait fou tous ceux qui l’écoutaient. Cet homme capable d’improviser sur une chanson comme personne d’autre. Un chanteur pour les âmes, sous l’averse , sous les orages, ses chansons teintées de rêves , de nostalgie ,viennent déposer sur la grève, des fleurs sur les ravages, ses notes en accents de soleil égayent, colorent et fortifient ,redonnent à Alger un peu de vie. Il demeurera celui qui a marqué d’une empreinte ineffaçable le patrimoine algérien chaâbi. Une autre figure, que l’Algérie a pleurée, Mohamed Tahar Fergani, de son vrai nom, Regani Mohamed-Tahar, décédé à Paris (France) à l’âge de 88 ans. Le chanteur, violoniste et compositeur du malouf constantinois a, d’abord, débuté sa carrière artistique dans le genre oriental égyptien au sein d’une troupe musicale, avant de changer de registre et de s’orienter vers le Malouf, un style musical propre à la ville de Constantine, sous l’influence des Cheikh Hassouna Ali Khodja et Baba Abid. Sa voix exceptionnelle et sa maitrise inégalable de l’archet, ont fait de lui le maître incontesté de l’école du Malouf constantinois. L’artiste disparu compte, par ailleurs, à son actif des centaines d’enregistrements de chansons dans divers genres musicaux à l‘exemple du Mahjouz, du Zjoul et du Hawzi, qui ont contribué à préserver le patrimoine musical de Constantine. Sa dernière apparition en public s’est produite en juillet 2015, lors d’un hommage rendu à son père Hamou Fergani et de son frère Mohamed- Seddik, dit Zouaoui, durant la manifestation « Constantine, capitale de la culture Arabe », au cours de laquelle il avait donné le ton à une qaâda purement constantinoise saluée par des tonnerres d’applaudissements. Enfin, ces deux monuments laisseront un vide incommensurable aux milliers de fans qui leurs vouent un grand respect et une admiration sans borne !
Djedjiga Hamitouche

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