Accueil ACTUALITÉ CRISE DIPLOMATIQUE AVEC L’ALGÉRIE : La balle dans le camp de l’Espagne

CRISE DIPLOMATIQUE AVEC L’ALGÉRIE : La balle dans le camp de l’Espagne

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Feignant d’oublier que la crise diplomatique entre l’Algérie et l’Espagne a commencé en mars 2022, quand le Premier ministre espagnol a pris l’initiative de violer la légalité internationale sur la question du Sahara occidental en s’alignant sur la position du Maroc, et que, depuis, rien n’a changé dans cette position du gouvernement espagnol, des médias, comme Europe presse, laissent croire que les relations entre les deux pays pourraient revenir à la « normale » dans « les meilleurs délais ». C’est la porte-parole de la commission européenne, chargée du commerce, qui l’aurait affirmé. Il s’agit pour elle non pas de corriger la faute très grave du Premier ministre espagnol, mais de rétablir les relations commerciales et d’investissement entre l’Algérie et l’Espagne. Pour cette responsable de l’UE, l’Algérie a érigé des barrières commerciales avec l’Espagne, qu’il faut lever, tout simplement. Le gouvernement espagnol continue de faire pression sur l’UE pour qu’elle intervienne dans la relation bilatérale entre l’Algérie et l’Espagne, sous prétexte que la politique commerciale de l’Espagne est commune avec l’UE. L’accord d’association Algérie-UE est évoqué dans ce sens. Dans cette optique, au lieu d’agir sur l’Espagne pour l’amener à respecter la légalité internationale concernant le Sahara occidental, l’UE tenterait donc plutôt de faire pression sur l’Algérie pour modifier sa décision souveraine dans ses relations avec l’Espagne. Ce sont les dirigeants espagnols qu’il faut ramener à la raison pour qu’ils s’alignent sur les principes du bon voisinage, fondés sur le respect de la légalité internationale. Certes, l’UE a conscience des répercussions du conflit créé par l’Espagne avec l’Algérie, notamment sur l’approvisionnement en gaz des pays membres de l’UE et la crise énergétique qu’ils risquent de traverser, l’hiver prochain, si la guerre en Ukraine se poursuit. On sait que l’Algérie continue d’assurer les engagements pris avec l’Espagne tout en maintenant une position ferme à l’égard de ce pays à cause de ses revirements sur la question du Sahara occidental. D’ailleurs, Enagás, citée par les médias espagnols, a rapporté qu’en janvier, l’Algérie a fourni, par le gazoduc sous-marin Medgaz, un quart, soit 8 545 GWh, de la demande mensuelle de gaz naturel de l’Espagne. Mais c’est surtout l’Italie qui, grâce à son anticipation, non seulement assure ses approvisionnements mais a maintenant l’opportunité d’être un hub gazier pour l’Europe. Le Président Tebboune a indiqué que l’Algérie n’était pas opposée au fait que l’Italie devienne un hub pour la distribution du gaz (algérien) vers d’autres pays, dont l’Allemagne.  Entre l’Algérie et l’Espagne, la situation pourrait revenir à la normale rapidement, si le gouvernement espagnol revient sur son alignement sur la position marocaine sur le Sahara occidental. Car, c’est ce revirement, perçu comme geste hostile par Alger, qui a entraîné la décision annoncée le 8 juin 2022, par l’Algérie, de la suspension immédiate du Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération conclu le 8 octobre 2002 avec le Royaume d’Espagne. «Une très mauvaise nouvelle pour l’Espagne», avaient alors commenté des représentants de la classe politique et de la société civile, espagnoles, qui craignaient à juste titre les retombées négatives de cette décision pour l’économie espagnole. Dès le début de la crise diplomatique avec l’Algérie, l’Espagne a tenté d’impliquer l’UE. Le gouvernement espagnol avait essayé de faire intervenir les instances de l’UE en envoyant des informations à Bruxelles sur 81 problèmes commerciaux subis par des entreprises espagnoles, en prétendant qu’ils pourraient violer le traité entre l’UE et l’Algérie, selon des données jusqu’au 3 août 2022. Il y a quelques jours, un haut responsable au ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger a attiré l’attention sur la confusion sciemment entretenue par le directeur général adjoint de la Direction générale pour le commerce à la Commission européenne, entre les dimensions politique et commerciale, dans le conflit algéro-espagnol.
M’hamed Rebah

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