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COINCÉ ENTRE UNE LOURDE DETTE EXTÉRIEURE ET UNE GROGNE SOCIALE SANS PRÉCÉDENT : Le Makhzen dans l’impasse

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Acculé sur la scène internationale, et malmené sur la scène locale, le Makhzen, et malgré une campagne de répression des militants des droits de l’Homme, des étudiants et des syndicalistes, ne sait plus quelle parade politique utiliser pour apaiser les tensions qui risquent de le mener à sa perte.

Il ne se passe pas un jour au Maroc sans que des manifestations contre la dégradation du niveau de vie et la hausse des prix des produits de première nécessité ne soient signalées. Dimanche dernier, la Confédération démocratique du travail avait organisé des manifestations dans plusieurs régions du royaume avec pour mot d’ordre : « Une journée de colère de la Confédération contre le gouvernement Akhannouch ». Cette organisation syndicale voulait par cette action, dénoncer l’inaction du gouvernement et son incapacité à faire face à la montée des prix et à la détérioration du pouvoir d’achat de larges couches de la société. La colère gronde également dans le secteur de l’Education où plusieurs actions de protestations contre la dégradation des conditions socio-économiques ont été organisées. La Fédération marocaine des fonctionnaires du secteur de l’éducation, qui regroupe plusieurs syndicats,   a voté un programme de lutte consistant en l’organisation de plusieurs actions, dont un sit-in mardi dernier, devant le siège du ministère de l’Éducation, ainsi que des rassemblements devant les académies régionales le 29 novembre à travers le pays. La grogne sociale n’a épargné pratiquement aucun secteur puisque même les  opérateurs du  secteur des transports, impacté par la hausse des prix des carburants qui ont atteint un niveau jamais égalé, ont appelé à des grèves générales.
Par ailleurs, les tribunaux marocains sont à l’arrêt depuis lundi dernier à la suite d’une grève générale décrétée par les avocats qui dénoncent la situation désastreuse dans laquelle ils évoluent et la campagne de ciblage sans précédent visant leur corporation. C’est ainsi qu’après plusieurs actions de protestation, c’est maintenant une cessation de l’activité dans tous les tribunaux du Maroc qui est décrétée pour dénoncer notamment ce qu’ils qualifient de « campagne de ciblage de la profession ». La décision prise par l’Association des barreaux du Maroc est entrée en vigueur lundi dernier, et ce, pour une durée indéterminée, rapportent des médias locaux. Cette escalade intervient après la grève observée la semaine dernière au niveau de plusieurs villes du pays. En effet, le bras de fer entre les avocats et le gouvernement Akhannouch est né d’un grand désaccord autour des nouvelles dispositions fiscales relatives à l’impôt sur le revenu des avocats prévues dans le projet de loi de Finances 2023.Il faut rappeler que le gouvernement marocain est piégé par le poids de la dette extérieure et celui de la dette publique. Le Maroc et malgré la caution de son nouvel allié Israël, n’arrive pas à convaincre le Fonds monétaire international pour contracter un nouveau crédit qui lui permettrait de financer la loi de finances 2023.
Il faut rappeler dans ce cadre que la dette extérieure a atteint en 2022 le montant de 21,7 milliards de dollars dont des tranches remboursables à court terme. Selon le centre « Attijari Global research (AGR) », le poids de cette dette pourrait compromettre toute politique de relance économique et pourrait précipiter de larges couches de la société dans la pauvreté. Il faut par ailleurs souligner que la dette publique qui avait augmenté, au mois de mars dernier de 3.8%, a compliqué la situation des équilibres économiques et réduit considérablement le portefeuille sur lequel devait compter le gouvernement Akhannouch pour financer son programme de développement. Dans ce cadre, il faut savoir que la crise du Covid a frappé de plein fouet  le secteur du tourisme qui participait, avec les transferts d’argent de la diaspora marocaine à hauteur de 37% au PIB. Le tarissement de ces deux sources a provoqué une réduction des apports pour soutenir la loi de finance 2023 qui a vu l’apparition de plusieurs nouvelles taxes dénoncées par de larges couches de la société.  Le 7 avril dernier le Maroc avait procédé à un tirage sur la Ligne de précaution et de liquidité (LPL) du Fonds monétaire international (FMI) pour un montant équivalent à près de 3 milliards de dollars, remboursable sur une période de 5 ans, avec une période de grâce de 3 ans. Il avait également, émis récemment un emprunt obligataire sur le marché financier international de 1 milliard d’euros (Md€), en deux tranches de 500 millions d’euros chacune. Mais malgré toutes ces parades, la tension est vive dans la société marocaine ce qui laisse supposer qu’après la politique de la carotte qu’il avait pratiquée ces derniers temps, le Makhzen s’apprête à passer à celle du bâton et de la répression pour faire accepter au peuple le principe de se faire plumer encore plus et comme meilleure illustration du vol des deniers des sujets de sa majesté, le financement à partir de fonds publics de la fondation M6 créée dans le sillage de la loi de finances 2023.
Slimane B.  

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