Accueil RÉGIONS Chlef : Dahra mise sur le tourisme pour sortir du sous-développement

Chlef : Dahra mise sur le tourisme pour sortir du sous-développement

0

Sur ses 9 km de long, la façade maritime de la commune de Dahra offre une multitude de paysages à couper le souffle. Sauvage et inhabitée, cette portion de la côte abrite des plages désertes, des criques et des anses qui appellent au repos et à la détente.
Hélas, malgré ses atouts, cette région demeure inhospitalière et très peu fréquentée. Les estivants préfèrent de loin les plages surpeuplées de la wilaya de Mostaganem ou, à tout le moins, les rivages surveillés d’El Guelta et El Marsa qui lui sont mitoyens.
En cause : l’absence totale d’investissements touristiques dans ce qui est appelé à devenir probablement une zone d’expansion touristique. Mais pour ce faire, il y a un long chemin à parcourir. Aïssa Chaanane, biologiste et responsable du bureau d’hygiène de la commune de Dahra, a été chargé de la préparation de la saison estivale par le maire de Dahra. M. Chaanane n’est pas du genre à faire les choses à moitié. En se faisant confier cette tâche, l’homme s’est attelé à préparer un volumineux dossier sur le potentiel touristique de sa commune. Dans le minuscule bureau qu’il partage avec d’autres collègues, il nous parle avec passion de la côte du Dahra et des possibilités qu’elle offre en matière d’investissements touristiques… qui tardent à voir le jour, malgré les atouts naturels indéniables de la région. Dahra compte des plages très appréciées par les vacanciers qui préfèrent passer l’été dans le calme et la quiétude. Il y a les trois plages de Dechria, celle d’Ouja et la crique de Tamist. Cette dernière est accessible par deux sentiers «très dangereux», précise M. Chaanane. Notre interlocuteur indique que l’endroit est dépourvu de sanitaires, de mirador et de centre de surveillance de la Protection civile. En d’autres termes, tout reste à faire à Tamist. M. Chaanane fait rappeler que la plage de Tamist a bénéficié d’un plan d’aménagement qui a coûté 2 milliards de centimes. En 2013, cette plage a été concédée à un particulier pour une durée de 5 ans. Les trois autres plages les plus belles de la wilaya de Chlef, selon notre interlocuteur, sont celles situées à Dechria. La plage Dechria 1 et 2 ont été concédées pour une durée de cinq ans (2010-2014) à deux privés,.. La troisième n’a pas trouvé preneur. Notre interlocuteur précise que «là aussi, un effort doit être consenti pour mettre à niveau ces deux magnifiques plages.» Il manque en effet des installations pour la Protection civile et la sécurité des estivants, de même que les sanitaires et autres équipements de nature à rendre agréable le séjour des estivants. La commune dispose également d’un camping aménagé de manière sommaire sur la plage Dechria 2. Ouvert en 1985, il est loué depuis à l’Entreprise nationale des produits miniers non ferreux (ENOF), unité d’Oued-Fodda (Chlef). Un plan d’aménagement de ce camping a été proposé par la commune qui a décidé de le reprendre à son compte. L’objectif est de booster l’activité touristique sur cette portion de la côte et, pourquoi pas, inciter les autorités de wilaya à diligenter les études de faisabilité de la zone d’expansion touristique. Sinon à entrevoir la possibilité de réaliser quelques investissements légers pour attirer les œuvres sociales des entreprises publiques ou privées d’importance nationale, du moins des familles d’estivants de la région du centre-ouest en leur proposant un minimum de confort et de sécurité. Il faudrait, pour cela, le consentement des autorités de tutelle et l’adhésion pleine et totale des décideurs au niveau de la direction du tourisme de la wilaya de Chlef. Ces derniers ne devraient en effet plus se contenter de louer le potentiel de la wilaya, mais s’atteler à créer les conditions d’une véritable relance du secteur. Et pas uniquement sur le littoral. C’est d’ailleurs l’idée partagée par le chargé du dossier «tourisme» au niveau de la commune de Dahra. M. Aïssa Chaanane souhaite que le dossier relatif à l’aménagement des quatre plages phares de sa commune soit étudié au plus tôt par les autorités compétentes. En priorité, l’installation de quelques équipements de base, essentiellement l’éclairage public qu’il considère la vraie roue motrice du développement touristique. «Qui peut s’aventurer dans ces lieux quasi désertiques en sachant qu’il n’y a pas la moindre lumière à des kilomètres à la ronde», s’interroge notre interlocuteur. Le vice-président de l’APC de Dahra, M. Ahmed Slimani, est du même avis : «Il faut construire au moins des cabanons pour la Protection civile, les gendarmes et les services de l’APC, doter les plages de sanitaires et d’eau courante, aménager les pistes et les parkings, délimiter clairement les espaces afin que l’estivant se sente sécurisé. Si on laisse les choses en l’état, on ne peut nullement prétendre à développer ce secteur ni à faire connaître notre région», commente-t-il. Pour les employés de la commune, il est impératif d’engager sans plus tarder des opérations d’aménagement pour la prochaine saison estivale et, surtout, ne plus compter sur les concessionnaires des plages. «Ils encaissent et c’est tout !», dit Abdelhamid Saïdani. Selon cet agent qui a à cœur le développement de sa commune, «il est indispensable de faire connaître les sites touristiques autres que les plages ; Dahra est une zone montagneuse qui offre aussi des forêts et des promontoires qu’on peut exploiter dans le cadre de ce qu’on appelle le tourisme vert.» Là, des aménagements sont aussi à projeter pour attirer des touristes et leur faire découvrir les multiples facettes du terroir local. Le hic, souligne-t-il, est que ces propositions ne trouvent pas d’écho chez la wilaya. Dahra doit mener de front d’autres batailles contre le sous-développement chronique dans lequel vit la multitude de douars qui l’entourent. «Et la priorité des priorités est de combler le déficit en matière de scolarisation, d’habitat social et rural, d’eau potable et de transport. Les écoles sont saturées, des collèges nécessitent d’être rasés et reconstruits à nouveau vu leur état de vétusté, des centaines de familles exigent d’être logées, tandis que des douars entiers, y compris Dahra centre, doivent être alimentés en eau potable de manière régulière et en quantité suffisante. En outre, les 23 000 habitants de la commune souffrent le martyre pour leur déplacement eu égard à l’insuffisance criarde en moyens de transport collectif. Si rejoindre Taougrite est aisé pour les gens de Dahra, il leur est pratiquement impossible de se rendre dans les hameaux de Bordj Baal, Sidi-Moussa, Diour ou Dechria.
Bencherki Otsmane

Article précédentUniversité d’été de l’UNFA à Aïn Témouchent : le développement durable et les énergies renouvelables au menu
Article suivantBox-office US : un film d’horreur détrône Suicide Squad