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Brésil : La candidature de Bolsonaro dopée par les réseaux sociaux

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Il s’est lancé dans la campagne présidentielle au Brésil avec un minuscule parti politique et huit malheureuses secondes par spot télévisé: le candidat d’extrême droite Jair Bolsonaro le dit lui-même, c’est grâce aux réseaux sociaux qu’il recueille près d’un tiers des intentions de vote, à trois jours du premier tour.

«Si nous perdons les réseaux sociaux, c’est terminé», a affirmé l’ex-capitaine de l’armée au cours d’un de ses nombreux «directs» sur Facebook, où il est suivi par près de sept millions d’abonnés. Les quatre dernières élections ont été remportées par le candidat qui comptait le plus de temps d’antenne dans les spots officiels. Un temps de parole attribué selon le poids des partis au Parlement. Mais la campagne 2018 a été marquée par l’influence prépondérante des réseaux sociaux comme Facebook, WhatsApp, Twitter ou Instagram, dans un pays qui compte près de 120 millions d’internautes. Le Brésil comprend plus de 200 milions d’habitants. «Les réseaux sociaux ont eu bien plus d’influence sur la campagne que les spots télé», explique à l’AFP Caio Tulio Costa, cofondateur de la plateforme d’analyse numérique Torabit. «Certains candidats qui ont un temps important de parole à la télévision sont très peu performants sur les réseaux sociaux», ajoute-t-il, citant les centristes Geraldo Alckmin et Henrique Meirelles, crédités de 7 % et 2 % d’intentions de vote dans les derniers sondages. Mais d’autres considèrent que le petit écran conserve du poids, et donnent comme exemple le candidat de gauche Fernando Haddad, deuxième dans les enquêtes d’opinion, mais quasi inconnu dans le pays il y a un mois. Ancien maire de Sao Paulo, il a remplacé au pied levé l’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva, incarcéré et inéligible, sous la bannière du Parti des Travailleurs, qui bénéficie du deuxième plus important temps de parole. «La télévision a permis que la population prenne clairement connaissance du fait qu’il était le candidat de Lula», affirme Michael Mohallem, professeur de sciences politiques de la Fondation Getulio Vargas (FGV).

Depuis l’hôpital
Jair Bolsonaro a redoublé ses efforts sur les réseaux sociaux ces dernières semaines, étant empêché de faire campagne dans la rue après avoir été poignardé le 6 septembre. Il a frôlé la mort, mais était de retour sur la toile quelques jours plus tard, apparaissant par vidéo depuis son lit d’hôpital, tandis que ses fils donnaient sur Twitter des nouvelles de son état de santé. Le candidat d’extrême droite est rentré chez lui samedi dernier, après trois semaines d’hospitalisation, mais il ne participera pas au dernier débat entre présidentiables, organisé par TV Globo, la plus grande chaîne du pays. Son adversaire de centre gauche Ciro Gomes l’accuse d’avoir produit un «faux certificat médical» pour éviter de s’exposer au débat. Mais Jair Bolsonaro ne devrait pas se contenter d’assister à l’émission depuis son canapé: il a l’intention de commenter les débats en direct sur Facebook. D’après un sondage publié mardi par l’institut Datafolha, les électeurs de Bolsonaro sont bien plus connectés que ceux de son principal rival Fernando Haddad: 81 % d’entre eux utilisent au moins un réseau social, contre 59 % pour ceux qui disent voter pour le candidat de gauche.

La guerre des «fausses informations»
Malgré les efforts des autorités brésiliennes, des médias traditionnels et des réseaux sociaux eux-mêmes, la campagne a été polluée par un grand nombre de fausses informations. Dans une élection extrêmement polarisée, le camp Bolsonaro aussi bien que le camp Haddad disposent d’une armée de militants numériques qui tentent de répandre toutes sortes de contenus plus ou moins fiables pour nuire à l’adversaire. Les deux candidats s’accusent d’ailleurs mutuellement de disséminer des fausses informations par le biais de «robots», faux profils d’utilisateurs créés pour doper des publications. Mardi, Fernando Haddad a dénoncé les «coups bas» du camp Bolsonaro et a annoncé la création d’un numéro de WhatsApp sur lequel il reçoit des signalements de désinformation. Il a affirmé par la suite avoir reçu 5.000 messages en 12 heures. Le duel promet d’être sans merci s’ils s’affrontent au second tour — ce qu’indiquent les sondages depuis plusieurs semaines — d’autant plus que les deux candidats auront le même temps d’antenne pour leurs spots télévisés.

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