Pas de quoi fouetter un chat. Sur près de 900 000 candidats au Bac cette année dans notre pays, une vingtaine de tricheurs, répartis sur 7 wilayas ont été recensés. On est loin des milliers de cas de fraude enregistrées en 2019 malgré la coupure totale de l’Internet. Il n’empêche un seul cas de fraude, c’est un cas de trop. La procédure qui leur a été appliquée, cette année, est celle de la comparution immédiate. Les peines ont varié selon la gravité des faits. Elles se sont situées entre 5 années de prison ferme et une année. Toutes ont fait l’objet d’un mandat de dépôt à l’audience. Certains procès ont été ajournés pour quelques jours. Mais même dans ce cas, la détention provisoire a été prononcée à l’audience. Malgré le petit nombre de cas, une analyse s’impose et des leçons devront en être tirées. Pour éviter que le phénomène ne se répète dans les prochaines années. Le premier constat est que toutes ces affaires ont eu lieu dans les wilayas éloignées du pays : Timimoun, Touggourt, M’Sila, Ghardaïa, Barika (Batna), Djelfa et Aïn Defla. Pourquoi ? S’agit-il d’un manque d’information, de sensibilisation, de prévention ? Le deuxième constat est que parmi les suspects, il n’y a que trois, voire quatre filles tout au plus. Des candidates malheureusement qui ont brisé leur avenir. D’autre part, et parmi les prévenus, il n’y a pas que des candidats. Des adultes aux motifs divers sont impliqués dans ces fraudes. En général des proches des candidats. Tous ces mandats de dépôt à l’audience ou même ces détentions provisoires pour les procès ajournés, témoignent de la fermeté et de la rigueur dont fait preuve la justice. Il y a lieu de relever le professionnalisme et la diligence des services de sécurité dans la détection de ces fraudes et leur présentation devant la justice. Dans tous les cas, ces affaires ont été traitées conformément aux dispositions de l’article 11 alinéa 3 du Code de procédure pénale. Pour les sanctions, il faut rappeler que des amendements ont été apportés au Code Pénal. L’« atteinte à la régularité des examens et concours» (articles 253 bis 06 à 253 bis 12) est prévue dans la loi 06-20 du 24 avril 2020, dans son chapitre 9. C’est la tolérance zéro. Cette petite poignée de tricheurs qui étaient candidats ont vu le ciel leur tomber sur la tête. Ils en sont, actuellement, à se morfondre dans leurs cellules ainsi que leurs proches qui pensaient les aider en trichant. Ils avaient oublié la prudence lorsque le matin des épreuves, ils se dirigeaient vers les centres d’examens avec l’espoir de réussir. Un espoir qui s’est transformé en cauchemar et des vies freinées à jamais dans l’ascension sociale. Il est important d’informer l’opinion publique sur ces cas afin de sensibiliser la société, parents et candidats, qu’il ne s’agit pas d’un « jeu » mais d’un futur hypothéqué. Surtout que le progrès est tel qu’il permet aux services de sécurité de détecter les fraudes sans qu’il soit nécessaire, comme dans les années précédentes, de couper l’Internet sur tout le territoire. À méditer !
Zouhir Mebarki