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Théâtre des non-voyants : un rêve devenu réalité

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Le théâtre des non-voyants, un rêve devenu réalité pour quatre non-voyants, est un défi que s’était lancé, en 1980, Sadek Aït Hamouda, animateur culturel et metteur en scène originaire de Tassaft, dans la commune d’Iboudrarène (Tizi Ouzou), un petit village incrusté dans un écrin de chênes et faisant face à l’exceptionnel mont de Taletat. Rencontré à Tizi Ouzou, M. Aït Hamouda, qui n’aime pas se mettre sous les feux de la rampe, se souvient que l’idée est née d’une rencontre avec un handicapé visuel, flûtiste, prénommé Messaoud. « Un jour Messaoud est venu me trouver pour me demander si je n’avais pas quelque chose pour lui dans le Centre culturel de la défunte Société nationale des industries chimiques (SNIC) où j’étais directeur et animateur culturel, j’étais loin de penser à ce moment-là que ça allait être le début d’une belle aventure », une aventure qui marque la première expérience algérienne du théâtre des non-voyants. L’idée du départ était d’intégrer Messaoud dans la troupe théâtrale de la SNIC, mais ayant remarqué que celui-ci se déplaçait aisément sur scène et n’avait aucune difficulté à se repérer, l’idée de travailler exclusivement avec des aveugles s’est progressivement imposée à M. Aït Hamouda qui a chargé Messaoud de trouver des handicapés visuels pour un projet théâtral exceptionnel. Très vite, la troupe se forma, composée de Messaoud le flûtiste, Zanoune un violoniste, Djamel et Loukil, et qui signe la naissance du théâtre des travailleurs handicapés (TTH). Tous les soirs, Sadek Aït Hamouda retrouvait sa troupe dans un dortoir, situé rue Bencheneb dans la Basse Casbah (Alger), pour travailler sur une pièce intitulée Oued El Wayl, (le fleuve aux enfers), une triste et poignante pièce qui offrait un aperçu sur le monde des aveugles, « un bout de lumière pour les non-voyants et une façon de jeter à la face des voyants l’enfer vécu par ces handicapés visuels », dit-il. Abordant le travail sur scène avec les aveugles, M. Ait Hamouda se rappelle qu’au début des répétitions, il prenait les aveugles par la main pour les déplacer sur scène et leur apprendre certains gestes. « Mais, j’ai vite compris qu’il s’agit d’hommes et non pas de marionnettes », a-t-il relevé. Alors pour réussir le défi qu’il s’est imposé, il ne pouvait en aucun cas respecter les règles classiques du théâtre, « il fallait tout bouleverser au niveau technique et créer une nouvelle méthode de travail en commençant par éliminer la gestuelle des voyants ». Messaoud et ses trois compagnons ont appris à mémoriser la scène et à se guider par la musique qui accompagnait les différents tableaux de la pièce. « Il était important pour moi que le non-voyant puisse se placer exactement au centre de la douche de lumière comme un voyant et voir mieux », se rappelle M. Aït Hamouda. Lorsque la pièce est jouée la première fois, des spectateurs lançaient des « attention !  » lorsqu’un comédien arrivait jusqu’au bout de la scène. Mais ce dernier savait quand il fallait s’arrêter, « les faire avancer jusqu’au proscenium, l’avant-scène, était un choix qui avait pour but de montrer qu’ils peuvent jouer comme des voyants », explique M. Aït Hamouda. Celui-ci a indiqué que « cette pièce a été jouée dans plusieurs villes du pays, entre Blida, Médéa, Hassi Messaoud, invité de l’ex-Alfor actuelle Enafor, le TNA en présence de grands metteurs en scène tels Abdelkader Alloula, Mohamed Benguettaf, Hadj Omar. On avait présenté la pièce plus de 128 fois ». Elle avait permis aux non-voyants de comprendre que malgré leur handicap, ils pouvaient accéder à la création artistique dans ce genre (l’art dramatique) généralement réservé aux voyants », a relevé M. Aït Hamouda qui récidive, en 1983, en signant une deuxième pièce pour aveugles, intitulée « Al Mathoum » (l’inculpé). Sadek Aït Hamouda a écrit et mis en scène, dans les années 70 et 80, plusieurs pièces théâtrales dont « Si Moh U Mhand » et « L’araignée », adaptation de Mouloud Mammeri, « la Révolution millénaire », « la Famille maudite » et « Chroniques d’exil » avec une troupe de jeunes émigrés de Saint-Etienne, dans la Loire, en France. En 2014, il signe un travail au théâtre régional de Tizi Ouzou en montant le poème dramatique de Kateb Yacine, « Le vautour ».

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