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Risque de défaut de paiement : Un test pour le flair politique de Biden

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Joe Biden, qui se targue d’être un maître dans l’art du compromis politique, joue gros dans les difficiles négociations budgétaires devant éviter un défaut de paiement des Etats-Unis.

Alors qu’approche le début de mois de juin, synonyme de banqueroute potentielle de l’Etat américain, certains élus démocrates – anonymes – se demandent: mais où est donc le président américain? Candidat à sa réélection, le démocrate doit trouver un compromis budgétaire avec l’opposition républicaine, afin que les conservateurs consentent à voter, au Congrès, pour un relèvement du plafond de la dette publique américaine. « La stratégie de communication de la Maison Blanche est atroce », vitupère par exemple un parlementaire démocrate auprès de CNN. Le président républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, à qui cette crise offre sa plus grande exposition médiatique à ce jour, se fait un plaisir d’occuper le terrain, multipliant les échanges avec la presse. Pendant un bon moment, le président américain a, de fait, été absent: il s’est rendu plusieurs jours au Japon pour un sommet du G7. Mais avant cela, il avait réuni deux fois les dirigeants parlementaires dans le Bureau ovale. Et il a écourté son voyage, qui devait ensuite l’emmener en Océanie, pour revenir à la Maison Blanche. Peu après son retour, il y a reçu Kevin McCarthy, cette fois en tête-à-tête. Pour le reste, il veut laisser de « l’espace » à son équipe de négociateurs, a dit sa porte-parole Karine Jean-Pierre. Une équipe qui, fait notable dans un climat politique exécrable à Washington, ne reçoit que louanges de la part des républicains. Joe Biden a-t-il perdu ce flair qu’il se vante d’avoir acquis en plusieurs décennies de vie politique, faute de comprendre un paysage politique bouleversé?

« Otage »
Ou sa réserve est-elle au contraire une tactique pour ne pas trop s’exposer avant la conclusion d’un compromis qui, immanquablement, décevra chez les démocrates et chez les républicains? « Nous devons trouver quelque chose que nous pourrons vendre des deux côtés », avait-il mis en garde en recevant dans le Bureau Ovale Kevin McCarthy, élu laborieusement à la Chambre des représentants en raison des réticences des élus trumpistes les plus à droite. Le démocrate de 80 ans ne se fait sans doute pas d’illusions: dans cette crise politico-budgétaire difficile à comprendre hors de la bulle de Washington, il n’y a, pour chaque camp, pas grand-chose à gagner et beaucoup à perdre. Si un compromis est trouvé, cela signifie que les républicains auront transigé sur leurs demandes de rigueur budgétaire et que la Maison Blanche aura capitulé sur certaines dépenses – de toute façon, le seul fait de négocier est déjà un recul pour le président, qui refusait au départ de se laisser prendre « en otage. » Mais Joe Biden sait qu’il a beaucoup plus à perdre en cas de défaut, lui qui se débat déjà avec une cote de popularité réduite, et avec des questions récurrentes sur son âge et sa vitalité. « Il y a des trumpistes à la Chambre des représentants qui savent les dégâts (qu’un défaut) ferait dans l’économie. Et parce que je suis le président, et parce que les présidents sont responsables de tout, c’est Biden qui serait tenu responsable. Et voilà un bon moyen de s’assurer que Biden n’est pas réélu », a-t-il lancé lors d’une récente conférence de presse.

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