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Retour gagnant après une longue parenthèse de 03 ans : Taoufik Makhloufi, grâce de Dieu et retours en grâce (1)

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Bien porter son prénom. Des signes du destin jamais démentis. Taoufik, «grâce à Dieu» ou, tout simplement, «succès». Au pluriel. À profusion. On peut dire la gagne. Ou distinctions prestigieuses. En dépit des contingences et coups durs, du sort qui s’enchaînent. De, et surtout, l’ingratitude ambiante. Par la grâce de Dieu, il aura eu souvent, grâce à des foulées majestueuses, des moments de gloire et retours en grâce. Pour crever l’écran là où on l’attend le moins. Et un clin d’œil sur Tokyo, une nouvelle, forcément belle, page à écrire.

Par Azouaou Aghilas

Le soleil se … lève
Après Doha, Dubaï. Cette fois pour des espoirs nouveaux. Après les «valides» et un seul haut fait d’armes (de qui on sait, c’est notre sujet du jour), c’est au tour des «paralympiques» auxquels revient le défi pas aussi simple d’«honorer l’athlétisme algérien». Objectif déclaré, à l’occasion de ce rassemblement qualificatif pour les J.O de Tokyo (dans la catégorie des «invalides» et la dénomination est plus qu’inappropriée pour qui connaît les nombreux exploits réalisés au plus haut niveau par nos représentants): dix-huit (18 médailles), dont deux (02) en or. Rien moins que ça mais on peut leur faire confiance sur un registre où ils ont rarement déçu les attentes. En droite ligne de la locomotive, ou chef de file désormais confirmé d’une discipline (l’athlétisme, hier source de bien des satisfactions mais aussi d’espoirs aujourd’hui déçus) Taoufik Makhloufi qui, poursuivi par la guigne et des blessures à répétition, est sorti de sa «retraite» forcée pour s’en aller, lourdes responsabilités sur ses frêles épaules, surprendre les «favoris» sur la reine du demi-fond, le 1500 mètres, et revenir au pays les bagages alourdis d’une médaille d’argent (on ne pouvait lui demander mieux même s’il y avait, pensent les spécialistes, de la place au titre suprême) à valeur d’exploit. D’un retour annoncé au sommet d’une hiérarchie toujours aussi hermétiquement fermée, à moins d’une année (l’évènement est déjà là et on ne sait toujours rien sur ce que fait notre «élite» sportive, où on en est la préparation et avec quelles ambitions on effectuera le long déplacement du Japon où il n’y aura pas de place pour les sans-grades) du rassemblement quadriennal du sport universel que s’apprête à accueillir la capitale du pays du «Soleil Levant». Doha, l’étape pour celui qui porte, à merveille et avec bonheur, les espoirs du pays, Tokyo pour la confirmation, lui qui s’impose (malheureusement, dans l’attente de l’émergence de nouveaux talents tardant à montrer le bout du nez) comme la seule chance de médaille dans un «conclave» à nul autre pareil. Le natif de Souk Ahras, à bientôt 31 ans, sur sa lancée de Londres 2012 (des J.O inoubliables et du vermeil pour dire toute la plénitude d’un talent hors pair et comme on n’en fait plus dans nos murs) et de Rio de Janeiro, quatre ans plus tard (2016 et deux titres de vice-champion olympiques, respectivement sur 800 et 1500 mètres, ses deux distances de prédilection), s’il annonce, et de quelle manière (trois années loin des terrains et des grandes compétitions ça laisse des traces sauf qu’au bout, c’est un podium mondial, un des plus prestigieux avec les J.O, qu’on agite comme précieux butin) un retour au premier plan que ses fans désespéraient revoir de sitôt, a cela de particulier de confirmer que l’athlète, l’homme, a de la ressource.
De la détermination à en revendre. Assez pour reprendre sa marche triomphale et se frayer à nouveau un passage forcé sur le chemin des cimes. Du caractère (il en fallait et il en faut toujours à ce niveau) pour s’imposer devant très forte, impitoyable, concurrence que celle des écoles africaines.

Reculer pour mieux sauter
Trois ans de silence et trois raisons plutôt qu’une de saluer la force mentale que son nouveau mentor, le coach français, Philipe Dupont, celui qui l’a aidé à traverser cette longue zone de turbulences, ne manque pas une occasion de le souligner (2) d’un compétiteur né. Refusant, une seconde nature, naturel même, de baisser les bras. Pas du tout disposé à ranger les crampons sans se battre. Loin s’en faut. Sans, et c’est une force directrice chez lui, sa force première, s’atteler à soigner (Doha, n’étant qu’une étape de plus sur la voie de la résurrection) un palmarès déjà éloquent faisant de lui une des icônes du mouvement sportif national. Un des meilleurs représentants à l’échelle mondiale du demi-fond court. Revenu de loin après trois saisons «blanches», Taoufik, en «bon gestionnaire du temps», et alliant «patience et envies de toujours en découdre», a su donner raison à son coach sur la route de la «reconstruction.» En «rebondissant» au bon moment. Au-delà de toute espérance.
à force de «rigueur et de sérieux», même s’il a fallu aussi, pour son entraîneur, «énormément de patience pour le remettre au travail (…) le bousculer carrément» avant que la mayonnaise ne prenne. Patience et sérieux. Les qualités d’un champion hors normes. Qui a ses «caprices mais foncièrement attachant pour ses qualités humaines», jugent ses proches et ceux qui l’ont approché de près. Un champion qui avance sur le succès au «mental», ajoute encore coach-Dupont sous le charme de son poulain. Pour «les sacrifices consentis, sa capacité à se surpasser une fois dans le bain et son intelligence à gérer son quotidien, les efforts à l’entraînement et les périodes et/ou situations compliquées.» Autant de «dons» du Ciel que le technicien, au grand vécu, met en avant quand il parle de son champion. La «meilleure recette» concoctée par le tout nouveau N°2 mondial de la distance (et pas n’importe quelle distance) pour humer à nouveau, et ça fait énormément de bien pour le moral, et pas seulement, l’air si enivrant, incomparable, des sommets. Du tout «bénef» et un tournant décisif avant de mettre le cap sur l’évènement des évènements où tout athlète ambitieux rêve d’émerger. De reconnaissance tout simplement. Et quand, en plus du talent et d’un optimisme à en revendre, on met les «tripes», l’exploit n’est jamais très loin.
Qui fait dire à notre athlète de l’année (ce ne sera que plus juste pronostic avant la grande cérémonie des remises des prix de fin d’année où il remonte, sans surprise, tout en haut des sondages), avec en prime un message affectueux en direction de l’E.N de football et son maître Belmadi (ses commentaires mettant en valeur les mérites de ce dernier dénotent d’un grand respect pour ceux qui prônent le travail) qui annonçaient la couleur dans l’étape si problématique d’Égypte pour mettre, avec brio, l’habit de nouveaux maîtres d’Afrique, que la couleur de la médaille ramenée du dernier rendez-vous de l’élite mondiale de l’athlétisme, importait peu pour lui.

Le meilleur ambassadeur est …
«De l’argent oui, mais en diamant pur», lui qui sort d’une longue traversée du désert depuis son retour du Brésil il y a trois ans. Revient de loin comme il le répète tout au long d’un face à face médiatique des plus attrayants à suivre et qui nous fait (re)découvrir les multiples facettes d’un champion hors pair qu’on ne connaît finalement qu’à travers ses chevauchées fantastiques l’ayant mené à imposer le respect parmi ses pairs champions du monde et olympique.
Un champion qui dit ne pas connaître la signification du mot «impossible.» Pour qui, donc, tout reste «possible» dans un milieu où «rien n’est jamais simple.» Comme à l’occasion de cette finale disputée devant de grosses pointures (dans tous les sens du mot) menées par un certain Cheruiyot, l’imbattable Kenyan, et deux de ses seconds (sur le vu des performances de l’année), en l’occurrence le Norvégien Ingebrigsten et le Polonais Lewandowski, un tandem au départ promu à se partager les honneurs, avant que lui n’en décide autrement en mettant la pression sur le futur champion, connu pour ses accélérations, et de finir pratiquement dans ses pointes.
L’exploit? Il est là. Sur fonds de petits «regrets», même s’il fait honneur à tout un pays. Du genre, et avec du recul, la «période de préparation insuffisante» pour une épreuve aussi «éprouvante» de son propre aveu, lui qui se voit «plus à l’aise et mieux armé» sur le 800 mètres où, à cette occasion, ses chances étaient réduites en raison de «chronos moyens.» Petits «regrets» mais absolument pas le moment de faire la fine bouche avec ce statut de dauphin ouvrant bien de nouvelles portes. Ouvert sur de nouveaux exploits dès Tokyo.
Avec la particularité que personne ne se présentera en terrain conquis. Au juste, sur quelle distance compte-t-il concourir alors que son cœur balance entre le 800 et le 1500 mètres ? Laisser le temps au temps (un peu plus de huit mois pour prendre la meilleure décision en concertation avec un coach qui «saura encore trouver le bon tempo») et ne pas se précipiter et réunir tous les moyens pour aller chercher l’or. Faut-il le prendre au mot quand il dira, sans réellement trancher, que «c’est plus facile pour moi de courir le 800 mètres, le 1.500 mètres étant une course très éprouvante et exigeante»? Laissons apprécier à sa juste valeur ce retour triomphal et se préparer à donner encore du rêve à nos champions en herbe. La discipline, en perte de vitesse dans nos murs, en a grandement besoin. Encore une fois merci pour ces moments de joie que nous fait partager notre meilleur ambassadeur du… moment.
A. A.

(1) Sur le prénom Toufik et son caractère apparemment trempé dans de l’acier (à lui d’apprécier ou non mais on aimerait bien avoir son avis), on peut notamment lire (une lecture parmi tant d’autres n’engageant que son ou ses auteurs):
«Être hypersensible et à fleur de peau, Taoufik est un garçon sujet aux sautes d’humeurs dans sa vie de tous les jours. Tantôt aimable, souriant, avenant, attentionné et généreux, Taoufik peut rapidement se transformer pour devenir un personnage colérique. Peu avare en contradictions, Taoufik exprime beaucoup de difficultés à savoir ce qu’il veut dans la vie. Perfectionniste, il remet sans cesse en cause ses décisions et ses choix.
Difficile pour lui alors de choisir une orientation professionnelle sur la durée et de mener une carrière dans le même métier sur le long terme.
En règle générale, les Taoufik constituent des pères de famille attentionnés et capables de faire preuve de sang-froid dans les situations qui l’exigent.»

(2) Dans un long et récent entretien (intéressant à lire), accordé à son retour du Qatar à notre confrère du journal «Reporters», notre champion s’est exprimé notamment sur ses pépins de santé et son manque de compétition avant Doha, la patience à toute épreuve dont il a fait preuve avant une place de dauphin au goût particulier, ses espoirs et ses objectifs sur la route de Tokyo où il compte bien, il en fait la promesse ferme, figurer avec une nouvelle (à nouveau le titre suprême et un remake de Londres ?) présence sur le podium.

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