Au nom de la modernisation, des villes sont en train de subir de véritables crimes contre l’urbanisme. Les outils et les organes de régulation ne parviennent plus à juguler les agressions perpétrées au nom de la promotion immobilière, censée changer l‘aspect urbanistique de nos villes et cités.
L’exemple d’Oran, pour les spécialistes et le plus frappant. Le laxisme des autorités en charge de la régulation et parfois la complicité, avérée, de certains responsables locaux ont favorisé une véritable OPA lancée contre le foncier urbanisable.
La cupidité de certains promoteurs immobiliser semble ne pas avoir de limites. Pour eux, le Plan directeur d’aménagement urbain (PDAU), ou le plan d’occupation du sol ne sont pas des outils de contrôle et de régulation. «Qui est le promoteur qui respecte le cahier des charges d’un POS ? À ma connaissance il n’en existe pas, aussi bien à Oran qu’ailleurs. Un cahier des charges qui fixe les constructions à R+2 ou R+3 n’est pas une contrainte. On l’ignore royalement quand on dispose d’un permis de construire », dira un promoteur bien connu à Oran. Récemment, des citoyens qui avaient acquis des lots de terrain dans le cadre d’une coopérative immobilière pour la réalisation d’habitations, ont été surpris de voir le terrain réservé à l’aménagement d‘un espace vert cédé à un promoteur qui a réalisé des immeubles en R+5 et R+6, au mépris du cahier des charges et du POS. Comble de l’ironie, ils ont été déboutés par la justice au motif que le promoteur dispose d’un permis de construire délivré par les services de l’urbanisme de la commune de Bir El-djir sur avis d’une commission technique. Aujourd’hui, l’intimité dont ils jouissaient dans leurs habitations est sérieusement menacée par les bâtiments réalisés par le promoteur. L’autre exemple est la mésaventure vécue par les habitants du POQ 52 qui ont vu un promoteur obtenir un permis de construire en bonne et due pour la réalisation d’un immeuble en R+10 sur une assiette dans le POS 52, dont le cahier des charges limite les constructions à R+3. Le comble est que ce promoteur a enfreint même les dispositions du permis de construire, puisqu’il a réalisé une tour en R+12. L’action en justice, en référé, qu’ils ont engagée à son encontre leur a permis de geler le permis de construire, mais sans plus. La réalisation de cette tour se poursuit allègrement sans aucune réaction des autorités locales.
Le PDAU et le POS inefficaces
Le PDAU ou le POS qui sont censés réguler l’urbanisme dans l’espace de la ville ne sont pour certains que des lois bonnes à être transgressées. La commune de Bir El-djir, dont deux maires sont actuellement incarcérés pour des faits liés à leur gestion, est le mauvais exemple en matière de transgression des règles. Les services du cadastre et de l’urbanisme sont aujourd’hui dépassés par la masse de réclamation et la masse de demande de régularisation introduites par les citoyens. On y trouve des situations cocasses, comme deux à trois permis de construire pour une habitation ou carrément un permis établi pour une construction dont l’assiette n’est même pas répertoriée dans la POS. Le Plan directeur d’aménagement urbain (PDAU) ou le plan d’occupation du sol (POS), semblent dépassés par les nombreuses infractions commises par des promoteurs qui agissent, couverts il est vrai, par le laxisme des autorités locales et la complicité de certaines parties. Le domaine forestier, les terres agricoles, les zones de servitude pour les installations électriques ou de gaz ne sont pas hors de portée des nombreuses atteintes. L’affaire du directeur de l’Agence foncière d’Oran, actuellement écroué en attente de son procès, a révélé que le foncier, aussi bien public que privé, est sujet à toutes les atteintes. Il suffit d’oser pour s’acheter une assiette quel que soit son statut et de payer encore pour obtenir un permis de construire pour donner au projet un semblant de légalité, même si au fond il enfreint toutes les lois.
S. Ben