L’information est tombée comme un couperet dans la matinée d’hier. Alors que la 175ème Conférence ministérielle des pays membres de l’Opep est prévue pour ce jeudi à Vienne, le Qatar vient d’annoncer sa décision de quitter l’Organisation des pays producteurs de pétrole.
Par cette décision, la réduction de la production de pétrole, visant à contrer la récente baisse des prix, semble «incertaine». L’annonce a été faite, hier, par le ministre qatari de l’Énergie, qui a affirmé que cette décision est motivée par la volonté de se focaliser sur la production gazière. «Le Qatar a décidé de se retirer comme membre de l’Opep avec effet en janvier 2019», a déclaré Saâd Al-Kaâbi, ministre de l’Énergie qatari, lors d’une conférence de presse à Doha, ajoutant que l’organisation en avait été informée hier matin. Le Qatar continuera à produire du pétrole, mais se concentrera sur la production de gaz. «Nous n’avons pas beaucoup de potentiel (dans le pétrole), nous sommes très réalistes. Notre potentiel, c’est le gaz», a souligné Kaâbi, dont le pays est membre de l’Opep depuis 1961.
Plus loin, le ministre qatari a affirmé que cette décision n’a aucun rapport avec l’embargo imposé à Doha depuis la rupture des relations diplomatiques en 2017 avec l’Arabie saoudite et ses alliés. D’ailleurs, afin de se montrer rassurant, celui-ci a précisé que «l’Émirat continuera à produire du pétrole et à nouer des partenariats avec notamment le Brésil mais se concentrera davantage sur le gaz». Malgré cela, Kaâbi a précisé qu’il se rendrait à la prochaine réunion de l’Opep prévue cette semaine à Vienne. La réunion s’annonce délicate surtout qu’elle devrait aboutir à un accord pour baisser les prix du pétrole en dégringolade depuis le mois de novembre dernier.
À préciser, d’autre part, que la 12ème réunion du Comité de suivi ministériel conjoint Opep et non-Opep (JMMC) aura lieu le 5 décembre. À cela s’ajoute la 5ème réunion ministérielle des pays Opep et des pays non-Opep participant à la Déclaration de Coopération. Autant de rendez-vous décisifs qui visent à assurer l’équilibre du marché. Mais la décision du Qatar vient chambouler les cartes.
Pour les analystes, cette décision est essentiellement politique, surtout que le royaume saoudien est affaibli par l’affaire du meurtre du journaliste saoudien Djamel Khashoggi, tandis que les relations entre Ryadh et Doha sont tendues ces derniers mois. Cependant, au sujet des répercussions sur le marché, certains experts minimisent les dégâts, en affirmant que sortir de l’Opep est surtout symbolique. En revanche, la fissure au sein des pays membres est à craindre dans le futur. En effet, le départ de Doha va affaiblir l’Opep elle-même.
En outre, il convient de signaler que cette décision, intervient à peine quelques jours après l’annonce formulée par la Russie et l’Arabie saoudite, au sujet de leur intention de renouveler leur accord sur une baisse de production. D’ailleurs, cette annonce avait fait grimper le cours de l’indice Brent de 2,60 dollars, pour atteindre les 62,06 USD. L’annonce du Qatar ne détendra pas, pour autant, le marché. Et la possibilité d’arriver à un accord de réduction semble incertaine. En ce sens, il convient de rappeler qu’une étude, rendue publique par la banque américaine, consacrée au pétrole, a évalué «à deux chances sur trois la probabilité» que l’Opep décidera «de la réduction» lors de son conclave, à Vienne.
Lamia Boufassa