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La grogne amplifie à Bouira

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De sorte que l’on a l’impression que c’est tout le chef-lieu de wilaya qui crie et tout le mouvement revendicatif semble s’être donné rendez-vous ces deux derniers jours au siège de la wilaya. Toute la colère et toute l’indignation s’y sont concentrées. Des voix énergiques s’élèvent sur un ton menaçant et ces voix portent fort loin, constituant une rumeur qui va se confondre avec celle de la ville.

Le détonateur de cette explosion sociale à l’échelle de la ville ? L’affichage des listes des bénéficiaires du logement social. Fortement contestées, et la commission de daïra fortement critiquée, car selon nombre de manifestants que nous avons approchés devant l’entrée de la wilaya, les critères de sélection n’ont pas été respectés, toutes les voix s’élèvent pour demander unanimement l’annulation de ces listes et la désignation d’une nouvelle commission de la daïra qui donnerait des preuves de son impartialité et de sa probité dans son travail. Pour beaucoup de ceux avec qui nous avons pu ainsi nous entretenir, cette commission a failli dans sa mission. À titre d’exemple, ils citaient des citoyens venus d’autres wilayas et établis récemment à Bouira, tel l’exemple de cet artiste, des jeunes hommes et des jeunes filles non mariés, des dépôts de dossiers datant de 2012 et 2013 et d’autres plus récents encore, datant de trois mois et même d’une semaine avant l’attribution des logements.
Des filles et des femmes travaillant dans un hôtel. Bref, un long chapelet d’accusations égrené à longueur de journée devant la presse ou devant quiconque les écoutait. Et tous les manifestants martèlent leur détermination à occuper les lieux autant qu’il sera nécessaire et tant que leurs revendications ne seront pas prises en considération. Ils exigent d’ailleurs la venue du ministre de l’Habitat et même du Premier ministre pour régler ce problème.
Quelques-uns d’entre nos interlocuteurs ont voulu prendre la parole pour occuper cet espace. Aïssa : agent de l’APW, père de cinq enfants, occupe un logement si étroit que sa fille aïnée qui a seize ans a fait son lit dans le garage de la voiture. Le rapport de la commission sortie sur les lieux lui était favorable. Il a déposé un premier dossier qui n’a pas été retrouvé. On lui conseille de refaire un autre. Il le dépose en 2009. Son incompréhension est totale. Sofiane parle pour sa grand-mère à Ouled Bellil. Elle a déposé sa demande en 99, et depuis, chaque semaine, le mardi, elle se rendait à la daïra pour voir où on en était avec l’étude de son dossier. Mais sans résultat.
Pour ce jeune homme qui travaille et qui sollicite lui aussi un logement, 40 à 50 logements sur les 500 ont été bien distribués. Tout le reste a été marqué par le favoritisme et le piston. Exemple ce bénéficiaire qui aurait trois fermes et trois villas, ces filles de l’hôtel, ou ce jeune de 22 ans, ou encore ce fonctionnaire qui gagnerait 7 millions et qui aurait déposé son dossier une semaine avant l’affichage des listes. Saïd a sept frères. L’ainé a déposé un dossier en 89, mais lui a constitué le sien en 2006. Il occupe un F3 avec ses cinq autres frères.
La situation qu’il nous présente est intolérable. Il dénonce le parti pris de la commission et cite à titre illustratif ces deux filles de l’hôtel et les dossiers déposés en 2012. Il appelle à refaire toutes les listes et à mettre en place une commission plus soucieuse d’équité. Salah qui a fait sa demande de logement en 1990 s’indigne que des personne qui ont l’âge de son fils ont bénéficié, et lui non. «Nous réclamons la présence de Sellal pour régler ce problème» tonne-t-il. Chérif a 96 ans. Il loge dans un garage à Haye Taoura. Ce natif de Bouira attend toujours un logement.
Il vit très à l’étroit avec sa famille. Il veut que l’on refasse toutes les listes et que le travail, cette fois, se fasse sur une base sociale plus équitable. Nabil dont le père est fils de chahid et aveugle vit avec 17 membres de sa famille dans un F3. En évoquant sa situation, le désepoir s’empare de lui et il nous quitte sans achever ses doléances, Tous ceux qui l’entouraient le connaissent et connaissent sa détresse.
Ali D.

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