S’estimant renforcé dans sa stratégie avec des départementales «nettement gagnées» par la droite et le centre, Nicolas Sarkozy se projette vers 2017 en promettant «un projet républicain d’alternance, fort, réaliste et profondément nouveau», au coeur du nouveau parti qu’il s’apprête à fonder.
L’UMP, alliée à l’UDI et au MoDem, se retrouve aux commandes de 66 départements (de 1 125 à 1 155 cantons), avec un gain de 25 départements, dont la Corrèze et l’Essonne, les très symboliques fiefs du président François Hollande et de son Premier ministre Manuel Valls. Autres prises de
guerre : le Nord, fief de Martine Aubry, ou la Seine-Maritime, celui de Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères. Un seul revers : le basculement de la Lozère à la gauche, qui ne contrôle plus que 34 départements.
Défis
La droite républicaine et le centre ont ainsi fait mieux qu’inverser la tendance (jusqu’ici, la gauche détenait 60 départements, la droite 40), objectif de base revendiqué au fil des meetings de campagne. «L’alternance est en marche, rien ne l’arrêtera.» Dimanche soir, devant les caméras, le président de l’UMP lance ces mots – les mêmes que ceux prononcés par lui au soir du premier tour – sur un ton de défi. Défi envers la majorité, dont aucune jusqu’ici n’avait «perdu autant de départements», assure Nicolas Sarkozy, bien que ce soit la première fois qu’on renouvelle l’ensemble des conseillers départementaux (ex-cantonaux) du pays (renouvelés jusqu’ici tous les trois ans par moitié). Défi surtout envers le président de la République et sa politique que les Français, assure-t-il, viennent de «massivement» rejeter. «C’est un désaveu sans appel», selon l’ex-chef de l’État, qui s’exprimait devant la presse, au siège de son parti à Paris, réitérant ses accusations de «mensonges» contre le couple exécutif. Nicolas Sarkozy semble également défier les ténors de l’UMP, ses futurs concurrents à la primaire de 2016. S’il est vrai que, contrairement à Alain Juppé ou François Fillon, il n’a toujours pas annoncé sa candidature à la pré-présidentielle, personne ne doute que telle soit son intention.
Accusé à gauche mais aussi à droite d’avoir eu des débuts poussifs après son retour en politique en novembre, Nicolas Sarkozy peut aujourd’hui se sentir conforté dans sa stratégie : d’abord rassembler son camp pour faire oublier la guerre entre copéistes et fillonistes qui avait failli le faire exploser.
«La route sera longue»
Puis assurer l’alliance de la droite et du centre – «mais du vrai centre», répète depuis des mois l’ancien président qui n’a jamais pardonné à François Bayrou, président du MoDem, d’avoir choisi François Hollande en 2012. Alain Juppé, régulièrement hué dans les meetings UMP quand il évoque l’alliance nécessaire, selon lui, de son parti avec celui de François Bayrou, a tenu à saluer «la victoire de la stratégie d’alliance de l’UMP, de l’UDI et du MoDem». Entre les deux tours de scrutin, Nicolas Sarkozy a lui-même tenu à s’afficher à deux reprises aux côtés de Jean-Christophe Lagarde, président de l’UDI, lundi au siège du parti centriste à Paris, jeudi à Perpignan où il tenait son dernier meeting, Jean-Christophe Lagarde affirmant, comme il l’a redit dimanche soir, qu’«en additionnant» leurs différences UMP et UDI montraient qu’elles étaient «capables de construire une alternance». Dimanche soir, l’ancien locataire de l’Élysée a promis que l’une de ses «priorités» serait de «renforcer» cette unité droite-centre, insistant sur le caractère «collectif» de la victoire aux départementales. Après avoir apaisé son parti – ce qu’ont publiquement admis Alain Juppé et François Fillon – et posé l’alliance avec le centre, Nicolas Sarkozy montre sa détermination à passer à l’étape suivante de sa stratégie : inventer un nouveau parti qui pourrait s’appeler Les Républicains, un nom de baptême avancé par plusieurs médias sans que quiconque à l’UMP, jusqu’à Nicolas Sarkozy lui-même, démente. Nicolas Sarkozy veut doter cette nouvelle machine, destinée dans son esprit à gagner la prochaine présidentielle, d’«un projet profondément nouveau» en vue de l’alternance.
C’est «une responsabilité très lourde» pour l’UMP, a prévenu François Fillon, qui espère assumer celle-ci pour la présidentielle 2017, lui aussi déjà dans le match pour 2017. «L’espoir renaît en France», mais «la route sera longue et difficile», a lâché dimanche soir le président de l’UMP.