C’est aujourd’hui que les électeurs (rices) en Tunisie iront aux bureaux de vote, pour choisir lesquels des 15000 candidats des 1500 listes, qui occuperont les 217 sièges de l’Assemblée des représentants du peuple.
Le scrutin législatif se tient, faut-il le noter, à moins d’une semaine de la tenue, du second tour de la présidentielle, qui se tiendra, dimanche prochain, pour départager, les deux candidats en lice, le conservateur Kaïs Saied et l’homme d’affaires, Nabil Karoui,patron du parti QalbTounès, en détention dans le cadre d’une affaire « liée à des crimes de blanchiment d’argent, d’évasion fiscale, d’escroquerie, où sont accusés Ghazi et Nabil Karoui», selon le parquet de Tunis.
Ils sont sept millions de Tunisiens appelés à aller voter, aujourd’hui, pour élire la nouvelle assemblée parlementaire, après avoir été conviés, le 15 septembre dernier, à glisser l’urne au premier tour de la présidentielle, et devront se diriger, dimanche prochain, pour la troisième fois en l’espace de moins d’un mois, aux bureaux de vote pour élire, le futur président de la Republique. Si lors du vote du premier tour de la présidentielle, l’électeur tunisien a balayé, avec son bulletin de vote, les partis traditionnel, détenteurs du gouvernail du pays, après la révolution dans ce pays, dont principalement le parti islamiste de Rachid Ghenouchi, celui-ci, candidat à la députation, risque de voir son parti perdre des sièges, au terme du scrutin législatif. Alors que son rival au sein d’Ennahda n’a pas réussi à passer au second tour, n’enregistrant que 12% des suffrages, le patron d’Ennahda, Ghennouchi, pour la première fois, se présente candidat, dans une élection, en Tunisie, de l’après janvier 2011. Visant le siège de la présidence du parlement tunisien. En se présentant aux législatives tunisiennes, Rachid Ghenouchi, espère, semble-t-il, vouloir, dans les prochains années, être au-devant de la scène, en jouant un rôle politico-institutionnel, s’il venait à s’asseoir au perchoir de l’assemblée après avoir préféré des années durant faire de la politique, sans occuper de poste de responsabilité dans les Institutions du pays, (Parlement, Gouvernement, Présidence). Le scrutin législatif, qui se déroule aujourd’hui, en Tunisie, risque, sur fond de l’abstention exprimée lors du 1er tour de la présidentielle, la mise à l’écart des partis de l’après-révolution, qui étaient aux commandes du pays et risque à son tour de ramener son lot de surprises, dont l’élection d’un nouveau parlement mosaïque. Alors que la présidentielle, dans ce pays, s’est annoncée inédite, avec un candidat en course, en prison, ce dernier ayant gagné ce tour, qu’il gagne ou perd au second, problème, la présidentielle tunisienne présente un casse-tête pour l’Instance indépendante des élections (Isie) et un sérieux et complexe problème pour les tunisiens et le pays. Si celle-ci perdure, le parlement qui sera élu, aujourd’hui, devra faire face à ce qui en découlera, comme conséquences, sur la vie politico-institutionnelle du pays. Il s’agit en premier lieu de l’éventuelle victoire d’un candidat, toujours en prison, Nabil Karoui au 2ème tour de la présidentielle de dimanche prochain, et second s’il venait à la perdre, ira-t-il jusqu’à déposer un recours contre les résultats, en raison d’un non-respect d’égalité des chances, entre les candidats, lui qui a été en prison, avant, durant et après, le premier et second tour d’une présidentielle. Alors que sa victoire pour passer au 2ème tour de la présidentielle a fortement nourri la campagne électorale pour les législatives en Tunisie, qui se tiennent, aujourd’hui, entre les deux tours de la présidentielle, le parti de l’homme d’affaires Nabil Karoui compte bien gagner des sièges, au terme du scrutin législatif. Pour des observateurs de la scène politico-institutionnelle tunisienne, l’homme du monde des affaires et des médias aurait même les yeux sur le poste de premier ministre s’il venait à perdre au second tour. Par ailleurs, le scrutin d’aujourd’hui sera un dur examen pour le parti Ennahda en particulier et les islamistes en général, conscients qu’ils ont perdu beaucoup de terrain, après avoir mis à nu à la teneur de leur discours mobilisateur par leur exercice du pouvoir qui n’a pas été pour améliorer la vie du simple citoyen tunisien ou réussir à sortir le pays de la crise économique qui l’étouffe. Situation qui s’est davantage dégradée, durant et après le règne de la Troïka, dont Ennahda était le principal acteur. Après le scrutin d’aujourd’hui et celui de la présidentiel de dimanche prochain, la Tunisie sera appelée à relever de nouveaux défis, notamment politico-institutionnelle, au regard du déroulement en cours de la présidentielle.
Karima Bennour