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Bill Cosby, le scandale qui secoue l’Amérique

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Soupçonné de viol, le héros du Cosby Show nie les faits. Mais des femmes blessées ont décidé de parler. Elle a été nettoyée. Sur Hollywood Boulevard, la fameuse avenue de Los Angeles où les trottoirs sont constellés d’étoiles décernées aux stars du cinéma, on ne plaisante pas avec la propreté. Disparues, donc, les trois injures «Violeur !» peintes sur l’étoile de marbre rouge de Bill Cosby. Mais on a beau frotter, il y a des traces qui, elles, ne s’effacent pas. Il suffit de jeter un œil aux télévisions américaines ces derniers jours : des larmes qui passent en boucle, des témoignages qui donnent la chair de poule, des femmes entre 40 et 70 ans qui n’en finissent pas de raconter ce qu’elles ont trop longtemps tu. Que, oui, Bill Cosby, fut leur violeur. Elles seraient près d’une vingtaine concernées…
Bill Cosby ! La star du Cosby Show, le célèbre comique noir de 77 ans qui a fait rire des générations de téléspectateurs des années 1970 à 90, le symbole même du rêve united colours américain, le premier black du Nouveau Monde à avoir créé un sitcom uniquement interprété par des Noirs. Et, accessoirement l’époux depuis bientôt 51 ans de Camille, mère de leurs 5 enfants. À l’heure où, dans la patrie d’Obama, il suffit d’une étincelle pour que les tensions raciales s’embrasent, cette nouvelle a de quoi désespérer tous ceux qui entendent garder raison. Car il convient, bien sûr, de garder raison. Rien n’est encore avéré, jugé. Bill Cosby nie, ses avocats, selon le vieux principe de «la meilleure défense, c’est l’attaque», dénoncent, entre autres, l’attitude de certaines plaignantes qui, prétendent-ils, auraient volontiers empoché des milliers de dollars en échange de leur silence, laissant entendre la légèreté de leur traumatisme. Reste que l’armée américaine vient officiellement d’annoncer qu’elle révoque le titre honorifique d’Officier marinier de troisième classe attribué à Cosby en 2011 : «La Marine prend cette mesure en raison des allégations très graves contre M. Cosby qui sont en conflit avec les valeurs fondamentales de l’honneur, du courage et de l’engagement». Une prudence affichée qui s’explique peut-être parce que cette série de révélations nauséabondes a là-bas une curieuse résonnance. L’acteur n’avait-il pas déjà été accusé du viol d’une Canadienne il y a une dizaine d’années ? Le procès, en 2006, s’est terminé par un non-lieu, mais… Cette fois, c’est une certaine Jude Huth qui a engagé les hostilités. Elle a déclaré que Cosby l’avait violée en 1974, alors qu’elle avait 15 ans, dans le manoir qui appartenait au magazine Playboy. Alors qu’elle sortait des toilettes, il se serait montré insistant, vicieux. Puis elle dit avoir été droguée et violée. À l’écoute de son témoignage, une autre femme a rompu le silence. P.J Masten était serveuse «Bunny», playmate de Play Boy, oreilles et queue de fourrures de lapin, en 1972. Elle avait 20 ans. Bill, qui semblait si drôle, lui dit de venir au Whitehall hôtel où ses copains fumaient des cigares, jouaient aux cartes. Il lui sert un cocktail. Après, elle ne se souvient que d’une chose : s’être réveillée à 4 heures du matin, le corps plein de bleus, lui endormi à ses côtés. Elle a filé, affolée, en a parlé à sa manager, qui lui a dit : «C’est le meilleur copain d’Hef (Hugues Hefner le patron de Playboy : NDLR), personne ne te croira».
Elle s’est tue. «Ma vie s’est terminée quand j’ai rencontré Cosby ». Même dégoût, même mal de vivre, chez Carla Ferrigno, Victoria Valentino, Helen Hayes, Beth Ferrier, Tamara Green, Janice Dickinson… Et toutes celles, ex-Bunny, qui aujourd’hui mariées, ou traumatisées, n’osent rejoindre leur combat. À l’écran, impossible d’oublier les grands yeux verts de Chelan Lasha, aujourd’hui grand-mère. Pleins de larmes. Elles coulent au milieu de ses grandes boucles d’oreilles rondes qui dessinent le mot « Love ». Accrochées à ses lobes, comme si elle voulait y croire malgré tout.

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