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Améliorer les performances économiques sans un coût social élevé 

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Par Ali El Hadj Tahar

Le troisième Conseil des ministres, tenu jeudi passé, a défini un Plan pour la sortie d’une crise multidimensionnelle où le problème économique est le plus aigu de tous. L’élection d’un président légitime a permis de sauver l’État de la dérive et de commencer à corriger certains problèmes urgents en plus de redresser le cap en matière de diplomatie et de politique étrangère. Mais s’agissant de la crise économique, les choses ne semblent pas aussi simples qu’on le pense même si l’Exécutif de Abdelmadjid Tebboune semble vouloir prendre le taureau par les cornes, en adoptant un Plan ambitieux.
Les problèmes se sont accumulés durant plusieurs années, et les mauvais réflexes avec eux. Le passage d’une économie productive à une économie rentière a commencé dans les années 1980 et s’est renforcé depuis 1999, avec la casse et le bradage systématiques de tout l’outil de production industriel national. Ni le privé ni le secteur public n’ont échappé à la désindustrialisation qui a fait passer l’apport de l’industrie dans le PIB de 20% à même pas 5% actuellement. Le Plan du gouvernement adopté jeudi se fixe trois axes majeurs, à savoir la transition et la sécurité énergétique, l’économie numérique et le développement de l’agriculture et de l’industrie agroalimentaire. À cet effet, l’État a décidé de promouvoir les projets d’industries manufacturières par un financement pouvant atteindre 90%. Tout en insistant sur la répartition équitable du développement au niveau national, le Gouvernement veut encourager les entreprises aptes à créer de l’emploi à travers des avantages fiscaux incitatifs. Ce Plan vise donc à booster la production nationale, même si le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, n’en a pas encore donné les détails opérationnels. Il est évident que la conjoncture est d’autant plus difficile qu’elle est marquée par la chute des réserves de changes et la stagnation du prix du pétrole sous la barre des 60 dollars le baril.
En outre, les réserves de change, qui étaient de 132 milliards de dollars au premier semestre 2014, n’ont pas cessé de chuter justement à cause du déficit budgétaire, le pays important plus qu’il n’exporte.
Aujourd’hui, le stock algérien en devises s’élève à seulement 62 milliards de dollars, soit l’équivalent de 12 mois d’importations. Il faut savoir que cet argent est placé dans les banques souveraines occidentales à un taux dérisoire de 1%, au lieu de servir à créer un fonds souverain comme l’ont fait beaucoup de pays, dont la Libye de Kadhafi, le Qatar et surtout la Norvège dont le fonds souverain est de 1000 milliards de dollars d’actifs.
Si le Plan du gouvernement semble réaliste et réalisable, il ne nécessite pas moins des sacrifices de la part de l’ensemble des Algériens, car rien n’est impossible pour équilibrer les budgets à condition que le réalisme l’emporte sur le mensonge et l’optimisme béat et surtout sur le défaitisme et le pessimisme. Les premières coupes à faire doivent l’être dans l’administration, toujours budgétivore, dans les dépenses publiques avec des parcs automobiles dignes de présidences de certains pays. Le Président et son Premier ministre n’ont certes pas les coudées franches, à cause d’une opposition toujours en embuscade et d’un Hirak qui ne décolère pas : demander au citoyen de se serrer la ceinture ne lui facilitera pas la tâche, puisque mener des réformes sur un terrain aussi explosif risque de faire de nouveaux mécontents. D’ailleurs, le Plan adopté jeudi passé ne prévoit pas de faire payer la facture des ajustements nécessaires par les catégories les plus faibles de la population, et c’est cela le plus difficile dans l’équation. Comment améliorer les performances économiques sans un coût social élevé ? Les pessimistes annoncent des temps difficiles avec érosion du pouvoir d’achat, hausse du chômage et retour des tensions inflationnistes alors que les chiffres, quoique timides, montrent le contraire.
A.E.T.

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