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SIÈGE DE LA CISJORDANIEUne stratégie coloniale d’asphyxie généralisée

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Depuis plusieurs jours, la Cisjordanie occupée est devenue une mosaïque morcelée par les barrages, les fermetures de routes et les restrictions de mouvement, transformant la vie quotidienne des Palestiniens en un calvaire organisé.
Ce n’est plus une simple mesure sécuritaire comme le prétend l’occupation israélienne : il s’agit d’un système de punition collective systématique, érigeant la Cisjordanie en une prison à ciel ouvert.
Cette paralysie quasi totale des villes palestiniennes n’est que l’autre visage de la même machine de guerre qui réduit Ghaza en cendres et provoque des escalades militaires avec l’Iran. La répression ne se limite plus aux bombes et aux incursions militaires, mais s’insinue dans les moindres recoins de la vie palestinienne : à travers les checkpoints, les ordres militaires, les permis de circulation refusés, la privation de dignité. Selon les dernières données, plus de 898 points de contrôle — incluant barrages fixes, temporaires, portiques et blocs de béton — entravent la circulation des Palestiniens, la plupart imposant des conditions humiliantes. Traverser la route pour se rendre à l’école, au marché ou même à un enterrement devient un exercice d’humiliation. Ce système d’entrave n’est pas un simple contrôle sécuritaire, mais une architecture quotidienne du châtiment collectif, un apartheid en mouvement. Pendant que les colons israéliens bénéficient de routes ouvertes et protégées, les Palestiniens, eux, sont enfermés dans des enclaves. Le contraste est criant : d’un côté, une libre circulation coloniale, de l’autre, des heures d’attente devant des grilles tenues par de jeunes soldats armés, au bon vouloir d’un ordre ou d’une humeur. Cette asphyxie de la Cisjordanie s’inscrit dans une stratégie plus large. Elle est liée à l’intensification de la guerre à Ghaza et à la tension régionale avec l’Iran. En exploitant le désintérêt et la distraction de la communauté internationale, Israël renforce sa mainmise sur la terre palestinienne et resserre l’étau sur les libertés. Chaque escalade est une opportunité pour accentuer l’oppression. Ce siège ne se limite pas à la sphère humanitaire. Il s’accompagne d’un étouffement économique systématique. Les routes coupées paralysent le commerce, empêchent les travailleurs d’atteindre leurs emplois, et étranglent un secteur privé déjà affaibli par les restrictions israéliennes. Ainsi, la faim, la pauvreté et le désespoir s’installent, sans qu’une seule roquette ne soit tirée. Israël expérimente en Cisjordanie une nouvelle forme de colonisation : elle ne repose plus uniquement sur les bulldozers et les chars, mais sur des plans d’urbanisme ségrégationnistes, des ordres militaires, et une logique de terreur psychologique. Sortir de chez soi devient une prise de risque ; y revenir, une victoire.

Une guerre invisible, un laboratoire de l’occupation
La Cisjordanie n’est plus seulement un territoire occupé, elle est devenue un laboratoire de contrôle où s’expérimentent les techniques de domination : surveillance, enfermement, répression collective. Elle est la ligne de front silencieuse de la guerre coloniale menée par Israël, un champ d’expérimentation du projet sioniste visant à briser la volonté avant de briser les armes.
L’armée israélienne a poursuivi son agression généralisée contre la Cisjordanie et El-Qods. Des incursions, des démolitions, des arrestations massives ont été signalées dans de nombreuses villes et villages. À El-Qods, les bulldozers israéliens ont détruit un immeuble en construction appartenant à la famille Rajabi, dans le quartier de Ras Khamis, au nom de l’absence de permis — un prétexte récurrent utilisé dans le cadre du plan de « ElQods élargie » visant à expulser les Palestiniens. À Tulkarem, l’agression se poursuit sans relâche depuis 148 jours, avec des démolitions massives dans les quartiers de la clinique, de Balawneh, d’Al-Ukasha, d’Al-Nadi, de Soualmeh, d’Al-Hamam et des écoles. Dans le camp de Nour Shams, l’agression atteint son 136e jour, accompagnée d’expropriations, de destruction d’infrastructures, et d’isolement des quartiers.
À Zita, au nord de Tulkarem, des raids quotidiens sont menés depuis plus de dix jours. 38 arrestations massives ont été enregistrées cette nuit. À Ramallah et Al-Bireh, 16 personnes ont été arrêtées, notamment dans les villages de Al-Mazrâa Al-Gharbya, Abu Shkheïdem et Barqa. À Bethléem, 12 personnes ont été arrêtées dans le village de Housan. À Salfit, quatre jeunes ont été arrêtés dans le village de Al-Zawya. À El-Khalil, les maisons de plusieurs familles ont été fouillées et saccagées. À Naplouse, des incursions ont visé les quartiers de Beït Iba, Sebastia et Rafidia, avec des saccages de maisons et l’arrestation d’un jeune homme. À El-Qods, deux enfants ont été arrêtés dans la localité d’Anata. Parallèlement, à Jénine, les destructions de maisons continuent à un rythme effréné. Depuis le 21 janvier 2025, l’armée a détruit plus de 600 maisons. Une annonce récente prévoit la démolition de 95 maisons supplémentaires, soit près d’un tiers du camp.
M. Seghilani

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