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Yémen : Al-Qaïda confirme la mort de Nasser al-Wahishi

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Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) a confirmé la mort de son chef, Nasser al-Wahishi, dans une attaque de drone au Yémen, et annoncé son remplacement par le chef militaire du groupe, Qassem al-Rimi, dans une vidéo mise en ligne mardi. Nasser al-Wahishi a été «tué dans une attaque de drone américaine qui l’a visé, ainsi que deux autres moudjahidine», a indiqué un membre du réseau dans une déclaration filmée et postée sur YouTube par Al-Malahem, le service de propagande du groupe djihadiste. Le chef militaire d’Aqpa, Qassem al-Rimi, a été ensuite nommé à la place de Nasser al-Wahishi lors d’une réunion de hauts dirigeants du réseau, selon la même source. La mort de Nasser al-Wahishi, dont le groupe a revendiqué l’attentat contre Charlie Hebdo en janvier, a été évoquée par plusieurs médias. Aqpa est considérée par Washington comme la branche la plus dangereuse du réseau extrémiste, et plusieurs de ses membres ont été tués dans des attaques de drones américains ces dernières années.
Selon la chaîne américaine CNN, qui faisait référence à deux responsables de la sécurité nationale au Yémen sans les citer, Nasser al-Wahishi, considéré comme le numéro deux d’Al-Qaïda, a été tué dans la région du Hadramout, à l’est d’Aden (Sud). Il avait été désigné en 2013 adjoint du chef du réseau Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri. Un responsable yéménite local a de son côté déclaré que Wahishi avait probablement été tué dans un raid à Mukalla, tenu par Al-Qaïda, dans le sud-est du Yémen, et que son corps se trouverait dans une morgue locale entourée de strictes normes de sécurité. Les frères Chérif et Saïd Kouachi, auteurs de l’attaque meurtrière contre le journal satirique Charlie Hebdo le 7 janvier dernier à Paris, avaient ainsi dit agir au nom d’Aqpa.
Les États-Unis avaient annoncé en octobre 2014 offrir 45 millions de dollars de récompense pour la capture de huit des dirigeants du groupe, dont son chef Nasser al-Wahishi. Aqpa est née de la fusion en janvier 2009 des branches saoudienne et yéménite d’Al-Qaïda. Le groupe extrémiste, surtout présent dans le sud et le sud-est du Yémen, a profité de l’affaiblissement du pouvoir central en 2011, à la faveur de l’insurrection populaire contre l’ex-président Ali Abdallah Saleh, pour renforcer son emprise dans le pays. Des membres d’Aqpa sont régulièrement tués par des tirs de drones au Yémen, vraisemblablement dans des raids menés par les États-Unis, qui sont le seul pays à disposer de ces aéronefs sans pilote dans la région.

«Une volonté claire d’entraver le processus»
Une délégation des rebelles yéménites, soutenus par l’Iran, était attendue mardi en Suisse pour des consultations avec des représentants du gouvernement en exil, sous l’égide de l’ONU, qui a appelé à une trêve humanitaire dans les combats. Des consultations devaient commencer lundi matin, mais l’avion à bord duquel la délégation des rebelles du mouvement Ansarullah et de ses alliés avaient quitté Sanaa dimanche soir a été immobilisé pendant près de 24 heures à Djibouti. Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a cependant donné le coup d’envoi du processus en tenant une réunion lundi matin avec les représentants du gouvernement, en exil en Arabie saoudite. Dans une déclaration à la presse, il a appelé à «observer une trêve humanitaire de deux semaines à l’occasion du Ramadan», qui commence cette semaine. Selon une source proche des rebelles, le Soudan et l’Égypte n’ont pas permis à l’avion de traverser leur espace aérien. Dans un communiqué posté sur sa page Facebook, le porte-parole d’Ansarullah, Mohamed Abdel Salam, a affirmé que ce retard était dû à «une volonté claire d’entraver le processus», et a remercié le sultanat d’Oman qui a selon lui «déployé ses bons offices» afin de régler le problème. Oman est la seule monarchie du Golfe à ne pas participer aux opérations militaires contre les rebelles dirigées depuis le 26 mars par l’Arabie saoudite.
Mascate, qui entretient de bonnes relations à la fois avec l’Iran et l’Arabie saoudite, a accueilli fin mai des discussions entre une délégation américaine et les rebelles yéménites.

«Retrait des groupes armés des villes»
La rencontre de Genève intervient alors que des frappes aériennes de la coalition arabe n’ont pas pu enrayer la progression des rebelles chiites d’Ansarullah, soutenus par l’Iran et forts de l’appui des unités de l’armée restées fidèles à l’ancien président Ali Abdallah Saleh. Les combats ont fait depuis le mois de mai plus de 2 600 morts, selon Ban Ki-moon. Le secrétaire général a appelé les parties en conflit à parvenir à des accords «locaux» de cessez-le-feu et à un «retrait des groupes armés des villes».
Les positions des protagonistes sont tellement éloignées que les premières consultations auront lieu sous la forme de «discussions de proximité», l’envoyé spécial de l’ONU pour le Yémen, le Mauritanien Ismail Ould Cheikh Ahmed, faisant la navette entre les deux délégations. Le ministre des Affaires étrangères Ryad Yassine, qui dirige la délégation gouvernementale, a déclaré à l’AFP qu’il n’était «pas très optimiste» sur les chances de paix avec les rebelles, qu’il a accusés de vouloir venir en nombre à Genève «pour créer le chaos». Une première réunion interyéménite fixée le 28 mai sous l’égide de l’ONU avait déjà été reportée sine die.
Le Yémen est le seul des pays du Printemps arabe où un soulèvement populaire en 2011 a abouti à une solution négociée. En vertu de ce règlement, l’ancien président Ali Abdallah Saleh, resté au pouvoir pendant 33 ans, a pu demeurer au Yémen et jouir de l’immunité. Les rebelles d’Ansarullah sont issus de la minorité zaïdite, une branche du chiisme, et représentent environ un tiers de la population. M. Hadi, un sunnite du sud du Yémen, est le premier président du pays qui n’est pas issu de cette communauté.

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