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Virée à Ath Ahmed, village natal de DA L’Hocine

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Comme il l’avait émis dans ses dernières volontés, le leader historique de la Révolution, Hocine Ait Ahmed, sera enterré dans son village natal à Ath Ahmed, dans la commune d’Ath Yahia relevant de la daïra d’Ain El Hammam, sise à une cinquantaine de kilomètres au sud-est de Tizi- Ouzou. Le destin a voulu donc que Da L’Hocine fasse son ultime retour au bercail, pour y élire à jamais sa dernière demeure et gésir aux côtés de son grand père, Cheikh Mohand Oulhocine, éminent poète Kabyle. Décédé mercredi dernier à Lausane (Suisse), l’âge de 89 ans, la dépouille du leader charismatique du FFS (Front des forces socialistes), sera rapatriée jeudi prochain et sera exposée au siège national de son parti à Alger pour la veillée funèbre, avant son enterrement prévu le lendemain, vendredi, selon les informations éparses fournies par des responsables de la Fédération FFS de Tizi-Ouzou. La nouvelle de sa mort a fait le tour de toute l’Algérie et de la Kabylie singulièrement, dont la résonnance a retenti à Ath Ahmed, où nous y sommes mis pieds hier vendredi pour recueillir l’état d’esprit des villageois et s’enquérir de l’atmosphère qui y règne dans cette bourgade, nichée sur les hauteurs de la région, à quelque 5 kilomètres du chef-lieu d’Ath Yahia. Le calme et la quiétude qui dépeignent la vie quotidienne de ce village a été bousculée par le décès du père et fondateur du FFS en 1963, au lendemain de l’Indépendance. Des citoyens fusent de partout et empruntent en dizaines le sentier qui mène vers ce village où se trouve la Zaouia de Cheikh Mohand Oulhocine, lieux sacrés de culte et de pèlerinage, convoités par des centaines de personnes, venues se recueillir à la mémoire du sien, Da L’Ho, comme l’aiment l’appeler ses militants. Les villageois accoudés par les autorités locales et de wilaya s’affairent à accueillir, par un sentiment d’affliction mais qui ne manque pas de fierté, la dépouille mortelle de Hocine Ait Ahmed. Il n y’a qu’à voir ses visages resserrés, non pas par le froid de canard qui sévit durant cette journée, mais par la perte d’un homme «qui s’est toujours dressé contre l’ordre établi et a fait de la démocratie et des libertés le fer de lance de son combat», dira fort à ce propos un militant FFS rencontré sur les lieux. «La nature a repris ses droits. La terre qui l’a vu naitre et l’a dorlotée dans ses bras a fini par le reprendre. Il sera enterré ici en humble montagnard comme il l’aurait souhaité lui-même. Et dire que le nom de Si L’Hocine a fait le tour du monde et a écrit des pans entiers de l’histoire du pays pour lequel il n’a cessé de combattre à l’effet de recouvrir son indépendance», fulmine sur place un habitant, accosté à l’entrée de cette bourgade, lequel, reconnaissant l’objet de notre visite, a livré son sentiment immédiat. La placette du village grouille de monde, telle une fourmilière. Des hommes et des femmes d’âges avancés, des jeunes et des enfants remplissent les lieux, comme pour démontrer de leur attachement consanguin à leur compatriote, exilé en Suisse depuis 1966. Formés en petits groupuscules autour du tombeau de Cheikh Mohand, des visiteurs investissent les environs immédiats et se partagent les dernières informations qui parviennent par ci, par là, autour notamment du rapatriement de la dépouille mortelle du «Zaïm». à côté du Mausolée du défunt versificateur Kabyle, la maison familiale des Ait Ahmed reçoit les citoyens mais surtout les femmes des villages environnant, pour fait part de leur condoléances et rendre hommage à Si l’Hocine, à une semaine avant l’arrivée de sa dépouille. «Le village n’a jamais reçu autant de monde auparavant. C’est ce qui renseigne sur la trempe de Da L’Ho, athirhem rebbi (Dieu l’ai en sa sainte miséricorde)», indique pour sa part un cousin du défunt. En effet, l’on a constaté la présence de militants, cadres et élus du plus vieux parti de l’opposition, issus de plusieurs régions du pays.

Des obsèques nationales et populaires
En outre, la veille déjà, on a appris la visite effectuée sur place par des responsables de la wilaya de Tizi Ouzou accompagnés par les autorités locales. Il était question de se pencher sur les préparatifs ayant trait à la cérémonie funèbre devant être consacrée à la hauteur du leader de la Révolution et du Mouvement national. D’ailleurs, l’exigüité des lieux mais surtout de la route qui mène vers ce village se pose comme problème devant être résolu, en vue d’accueillir dans de bonnes conditions les milliers de personnes attendues vendredi prochain. En plus des citoyens, des responsables à la tête de partis politiques, des cadres de l’état, d’anciens maquisards et des personnalités nationales vont venir saluer la mémoire du défunt. Ceci étant dit, la direction politique du parti compte organiser des funérailles nationales populaires pour rendre hommage au guide révolutionnaire. Avant de mettre le cap sur Ath Ahmed, durant la matinée, on a recueilli les impressions des responsables de la Fédération locale du parti. En effet, une cérémonie grandiose à été organisée à la maison de la culture pour évoquer la mémoire et rendre hommage à celui, «dont on ne peut parler de l’histoire de l’Algérie, de la Révolution nationale sans le citer (Ait Ahmed)», dira d’une voix nouée par le chagrin, Farid Bouaziz, Fédéral du FFS. Cette rencontre a été initialement programmée pour discuter des échéances électorales du 29 décembre prochain. Mais, la disparition du défunt a chaviré le programme du parti pour que le rendez-vous soit celui d’un hommage à Da L’Hocine. D’ailleurs, «que vaut les sénatoriales devant la stature d’un tel homme…», dira le même orateur, en montrant de son doit le portrait du défunt exposé devant la tribune d’une salle archicomble, dont l’assistance nourrit le discours par des applaudissements ininterrompus.
Pour Bouaziz, même si Ait Ahmed vit depuis des années déjà en exil, loin de son pays, mais son «cœur était toujours ici», a-t-il indiqué. L’assistance a été plongée dans une émotion indescriptible, encore sous le choc de la disparition de son ténor. Quelques uns n’en pouvaient plus retenir leur larmes, pendant que d’autres tentent tant bien que mal de s’affranchir de leur émoi, pour faire montre d’une détermination à poursuivre le chemin tracé par SI l’Hocine. Pour sa part, Hocine Haroune, cadre du parti, non moins président de l’APW a indiqué que le défunt a toujours milité pour dépasser les clivages et les différences parmi la classe politique. Loin du chef-lieu de la wilaya, le village Ath Ahmed, meurtri, attend dans la douleur l’arrivée de la dépouille de Da L’Hocine, afin de consacrer par son tombeau, un lieu de recueillement et de pèlerinage pour les générations à venir.
Farid Guellil

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