Accueil MONDE Présidentielle au Brésil : Cabo Daciolo, un candidat perché sur la montagne

Présidentielle au Brésil : Cabo Daciolo, un candidat perché sur la montagne

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Il a 1 % de chances dans les sondages mais «100 % de chances avec Dieu»: le député évangélique Cabo Daciolo est de loin, parmi les 13 candidats à la présidentielle d’octobre au Brésil, le plus illuminé.

Le député avait accepté une interview avec l’AFP, quand hélas il est parti «prier et jeûner pendant 21 jours dans les montagnes pour la Nation et pour Jair Bolsonaro», candidat de l’extrême droite poignardé début septembre, avec lequel il a des affinités. C’est à ses 264.000 abonnés sur Facebook que Cabo Daciolo a annoncé sa retraite en pleine campagne. S’il n’apparaît quasiment pas en public, il a coutume de haranguer des foules d’internautes, Bible en main, dans des vidéos enflammées commençant par «Gloire à Dieu». Car Cabo Daciolo n’est pas un candidat comme les autres. «Je ne suis pas un homme politique mais un envoyé de Dieu», a clamé sur Instagram ce pompier militaire de réserve de 42 ans au physique athlétique, qui veut chasser Satan du Congrès à Brasilia. «Tout le monde dit: Daciolo, tu es fou de te lancer dans la campagne présidentielle», a-t-il expliqué au magazine Epoca. «Pour les hommes mes chances sont de moins de 0,001 %. Mais pour Dieu, elles sont de 100 %». Pour lui, «les sondages mentent». La «victoire est acquise».

Jeûne et prière
Son épouse Cristiane est une chargée de communication inconditionnelle. «Son absence n’est que physique», a-t-elle assuré à l’AFP dans des messages sur WhatsApp, agrémentés de coeurs, «les réseaux sociaux sont à mille à l’heure dans la campagne pour Daciolo». Mais ne risque-t-il pas d’être pénalisé dans les urnes par une aussi longue éclipse ? «Il croit que cette campagne sera gagnée par le jeûne et la prière. De la même manière que Dieu a fait de lui, qui était un inconnu au premier débat (télévisé), une personne célèbre dans tout le pays», rétorque sa femme. Au bout de huit heures de grimpe, Cabo Daciolo s’est donc perché sur une montagne de la Zone Ouest de Rio, avec un groupe de pompiers et de pasteurs. Dans une longue vidéo sur Facebook, on voit le candidat, vêtu d’une chemise de bûcheron, vociférer, de nuit, devant un feu de camp. «Nous sommes le prochain président de la République», lance-t-il, en transe, gesticulant ou sautant sur place après avoir lu un passage de l’Epître aux Ephésiens: «Lève-toi, toi qui dors». Brandissant le Nouveau Testament, il fustige les élites politiques «de mèche avec la franc-maçonnerie mondiale», les médias et «le système corrompu par quelques familles comme Rockefeller». Il veut mater les narcotrafiquants en leur faisant lire la Bible. Sur Instagram, il récolte des commentaires peu chrétiens. «Il est dérangé. Vous pensez qu’on gagne en politique avec ces âneries ?», demande l’un. «Cet homme a-t-il un programme politique ? Que va-t-il faire pour la santé, l’éducation, les retraités et la sécurité ?», s’interroge un autre.

La Bible à un débat télévisé
Cabo Daciolo n’a pas toujours été un saint. «Je buvais beaucoup, je courais les filles», a-t-il avoué à Epoca. Puis il a fréquenté l’église évangélique Bola de Neve, créée par un surfeur — avec un autel en forme de planche. Le Carioca a ensuite acquis une certaine notoriété en meneur de grève des pompiers en 2011 à Rio, écopant de neuf jours de prison. Il a ensuite été député au Parlement fédéral sous l’étiquette du Psol, parti de gauche laïc, qui l’a expulsé au bout de quelques mois en 2015: il voulait changer l’article 1 de la Constitution «tout le pouvoir émane du peuple» en «tout le pouvoir émane de Dieu». Puis il a échoué au parti de droite Patriota, qui l’a accueilli pour la présidentielle faute d’avoir réussi à recruter Jair Bolsonaro. Fils de colonel, il affiche une proximité idéologique avec ce dernier, notamment son militarisme. Mais si Bolsonaro cite Dieu à tout-va, la ferveur de Daciolo, ex-pasteur de l’Assemblée de Dieu, est inégalée. Il est le premier candidat à avoir lu la Bible à un débat télévisé. Cabo Daciolo a trouvé ses adorateurs parmi les Brésiliens déboussolés ou dégoûtés par la politique, un terreau sur lequel prospèrent de plus en plus les églises évangéliques au Brésil.

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