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Migrants : Nouvelle errance pour l’Aquarius en Méditerranée

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Deux mois après avoir suscité une intense crise diplomatique, le navire Aquarius recherchait de nouveau hier, un port d’accueil en Méditerranée, avec 141 migrants à bord, mettant l’Europe face à ses contradictions et ses «responsabilités».

Vendredi, le navire affrété par les ONG SOS Méditerranée et Médecins sans frontières a secouru au large de la Libye 141 migrants, dont une moitié de mineurs et plus d’un tiers de femmes, essentiellement originaires de Somalie et d’Erythrée. Mais comme en juin où le bateau avait erré pendant une semaine, faute de ports où accoster, Malte et l’Italie ont refusé d’accueillir l’embarcation. L’Espagne, qui avait accueilli l’Aquarius en juin lors de sa dernière errance, rechigne à se proposer à nouveau. «L’Espagne n’est pas le port le plus proche», a déclaré à l’AFP une source gouvernementale espagnole. La France, dont le président Emmanuel Macron avait été vivement critiqué en juin pour ne pas avoir ouvert ses bras à l’Aquarius, estime elle aussi que ses ports ne sont pas les plus proches, le navire se trouvant actuellement entre Malte et l’île italienne de Lampedusa. Paris discute actuellement avec les autres pays méditerranéens de l’UE pour trouver «rapidement» un port, a indiqué lundi la présidence française. La présidence française n’a pas commenté deux propositions d’accueil, l’une par le port de Sète, dans le sud-est de la France, et l’autre par la Corse, qui avait déjà proposé d’accueillir l’Aquarius en juin.

«Sauver des vies»
«C’est la dimension humanitaire qui doit prévaloir, il s’agit de sauver des vies, des familles», a soutenu l’ancien ministre communiste Jean-Claude Gayssot, directeur du port de Sète. Jean-Guy Talamoni, le président de l’Assemblée de Corse, a quant à lui souligné que les migrants à bord n’étaient «pas tous en bonne santé» et qu’il y avait «donc une question d’urgence». «L’Europe a failli dans cette affaire et il est temps qu’elle se réveille et que chacun prenne sa part de responsabilité», a-t-il déclaré hier. La présidente de l’ONG européenne SOS Méditerranée, la Française Sophie Beau, a tenu le même discours, appelant lundi «l’ensemble des pays européens à prendre leurs responsabilités». La situation actuelle est «en contradiction la plus totale avec le droit maritime international», juge la cofondatrice de l’ONG, lors d’une conférence de presse une conférence de presse hier à 13h00 GMT à Paris. Contre vents et marées, l’ONG avait annoncé à grand renfort de presse le 1er août que l’Aquarius reprenait la mer, se disant «renforcée» dans ses «convictions» après l’intense crise suscitée en juin. Le navire avait alors erré pendant une semaine, avec plus de 600 migrants à bord, essuyant le refus de Malte et de l’Italie, dont le ministre de l’Intérieur d’extrême droite Matteo Salvini faisait un point d’honneur de son refus d’accueillir de nouveaux migrants. Des vives polémiques s’en étaient suivies en Europe. Paris avait dénoncé «l’irresponsabilité» de Rome, qui, à son tour, refusait «les leçons d’hypocrisie» de la France. Lundi à nouveau Paris a regretté la «posture politique très dure» de l’Italie qui a pourtant «les moyens d’accueillir le bateau», selon l’Elysée. En Allemagne, le défi migratoire avait ravivé en juin les critiques, au sein même du gouvernement, sur la politique d’accueil de la chancelière Angela Merkel. Il avait fallu attendre que l’Espagne ouvre le port de Valence pour qu’enfin l’odyssée s’achève, au bout d’une semaine. Pour régler la solution de manière plus pérenne, un mi-sommet européen avait été convoqué le 24 juin mais sans réussir à arracher un compromis avec les partisans d’une ligne dure sur l’immigration, comme l’Italie ou le groupe de Visegrad (Hongrie, République tchèque, Slovaquie et Pologne). Compliquant la position de l’Aquarius, Gibraltar a annoncé qu’il allait retirer son pavillon au navire après lui avoir demandé de suspendre ses activités de sauvetage, pour lesquelles il n’est pas enregistré dans le territoire britannique. L’Aquarius a en effet été enregistré en 2009 à Gibraltar en tant que navire de recherche, a expliqué Gibraltar. SOS Méditerranée a dénoncé «une différence artificielle» qui n’a «aucun fondement technique».

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