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L’ex-patron de l’OPEP prévoit un rééquilibrage du marché pétrolier : bientôt un baril à 70 $-80$, selon Chakib Khelil

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Affichant un optimisme inflexible, l’ex-ministre de l’énergie et des Mines algérien et ancien P-DG de Sonatrach, Chakib Khelil a fait part ,lors d’une entrevue accordée à Alger à l’agence américaine Bloomberg, de sa certitude d’un proche rééquilibrage du marché mondial pétrolier prévoyant une augmentation des prix de 70$ à 80$ le baril. Cette fois, il n’est pas question de spiritualité ni d’une quelconque implication ou inculpation dans un scandale financier, mais d’une expertise sur la conjoncture pétrolière nationale et internationale. S’exprimant en qualité d’ex-président de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), Chakib Khelil a de nouveau annoncé la stabilisation prochaine du marché pétrolier. Une analyse pour le moins rassurante en cette période de fortes turbulences. La stratégie saoudienne « fonctionne puisque le marché se stabilise » et l’Arabie saoudite a atteint son objectif concernant la réduction de la production hors-Opep a-t-il déclaré. Mettons entre parenthèses toute la polémique autour du retour de l’ancien ministre et de son implication dans des affaires douteuses, force est de constater que l’annonce de Khelil est loin d’être une utopie et qu’elle est corroborée par d’autres analyses dont celle de Seith Kleinman, chef de la recherche énergétique au sein de Citigroup Inc., une des plus grandes organisations de services financiers au monde. En effet, selon ce dernier, en étouffant les producteurs à coûts élevés, l’approche saoudienne a quelque peu palier à la surproduction mondiale entraînant un rebond de 80% des prix depuis janvier 2016. Un résultat prometteur en vue de la prochaine réunion de l’Opep le 2 juin prochain à Vienne.

Selon Khelil, la solution doit être trouvée dans un consensus entre les producteurs et les consommateurs. Sa position s’accorde avec celle du gouvernement algérien. En effet, l’actuel ministre de l’énergie, Salah Khebri, avait soutenu en février dernier que « les cours actuels du pétrole sont déraisonnablement bas et l’Algérie continuera à œuvrer sans relâche pour un consensus entre l’ensemble des pays producteurs en vue d’une révision à la baisse de l’offre pétrolière et redresser ainsi les prix ». Cet ancrage gouvernemental est-il juste un acte altruiste et philanthrope ou faut-il y voir un indice d’une potentielle ambition politique ? Quoiqu’il en soit Khelil a indiqué qu’il est « prêt à aider son pays à titre quelconque », si on lui demande. Par ailleurs, l’ex-ministre appelle le gouvernement à favoriser le développement des puits de moindre importance par l’octroi de participations majoritaires surtout aux investisseurs étrangers. Khelil a indiqué qu’un effort d’investissement supplémentaire pourrait faire augmenter la production d’au moins 10%. Toujours sur le volet international, il a également exhorté l’Algérie à exploiter des sources à l’étranger. Dans ce sens, Bloomberg n’a pas manqué de rappeler les tentatives de Khelil pour attirer les investisseurs étrangers lors de son mandat ministériel, mais que celles-ci avaient été avortées lorsque le gouvernement s’est dirigé vers une politique de nationalisation des ressources pétrolières.
Chakib Khelil a également parlé d’une Opep « politisée ». Tout en soutenant la politique de l’Arabie saoudite, il a indiqué que l’échec des négociations pour aboutir à un accord lors de la réunion des pays producteurs en décembre dernier à Doha au Qatar est, selon lui, l’illustration d’une « politisation de l’organisation qui ne s’était pas vu depuis l’embargo arabe de 1973 ayant conduit au choc pétrolier ». L’Algérie, elle-même, s’est constamment opposée à la stratégie menée par l’Arabie saoudite au sein de l’Opep. Néanmoins, Khelil espère que « l’Opep va revenir à l’avenir à sa mission et jouer son rôle de défenseur des pays membres ». à ce titre, l’ancien ministre fonde ses espoirs sur les changements survenus en Arabie saoudite, à savoir le changement du ministre de l’énergie – Khalid el-Falih –, pour mettre fin à cette politisation du cartel tout en tenant compte de la concurrence que représente le pétrole américain, rapporte Bloomberg.

Des menaces planent
Soucieux des défis économiques du pays, Chakib Khelil a décrit la dépendance de l’Algérie aux hydrocarbures comme une véritable « épée de Damoclès sur la tête de notre pays ». Le Fonds monétaire international (FMI) a appelé ce mois-ci l’Algérie à réduire ses dépenses pour atténuer le « choc » de la crise pétrolière allant dans la voie de la politique engagée par le gouvernement afin de diversifier les ressources et de stimuler le secteur et l’investissement privés. Khelil met également en garde contre les risques de rebond du marché américain qui pourrait notamment raviver l’exploitation du gaz de schiste. « Nous devons maintenant tenir compte de la concurrence des Etats-Unis et de la production canadienne de schiste » a-t-il déclaré dans son interview. D’autre part, l’Arabie saoudite a perdu son rôle de producteur central – « swing producer » – au détriment des Etats-Unis qui jouent aujourd’hui un rôle important dans la détermination des prix selon Khelil.
Jusqu’à la crise récente, on parlait de l’Arabie saoudite dans ce fameux rôle de « swing producer » avec une production variant au gré des cours du baril et de la nécessité ou non d’ouvrir les vannes afin de réguler les prix et de ne pas heurter l’économie.
Cependant, il estime aussi que l’offre américaine ne sera pas suffisante pour répondre à la demande à court terme.
« Dans les trois prochaines années, nous risquons vraiment un risque de l’offre sur le marché » a prévenu Khelil.
Anissa Benkhelifa

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