L’Algérie doit diversifier ses exportations pour ne pas se tenir en haleine éternellement à chaque fluctuation du prix du baril de pétrole, estime le Forum des chefs d’entreprise (FCE) qui a présenté en juillet dernier son « Plan d’émergence économique de l’Algérie » au Premier ministre. Parmi les objectifs de ce plan, la réduction des importations, porter les exportations hors hydrocarbures à hauteur de 10 milliards de dollars. Est-ce possible ? S’interrogent les professionnels qui commencent à perdre patience quant à l’application des mesures annoncées jusque-là pour booster le secteur.
Il faut dire que le développement des exportations hors hydrocarbures en Algérie continue de se heurter à de nombreuses entraves bureaucratiques, notamment du point de vue de la complexité des procédures douanières, du manque de logistique et d’infrastructures portuaires ainsi que de l’insuffisance des mécanismes d’aide à l’exportation. Elles stagnent depuis près d’une dizaine d’années autour de deux milliards de dollars et n’arrivent pas à dépasser ce cap. Les opérateurs économiques renoncent à exporter non pas parce que leurs produits ne sont pas compétitifs, mais parce qu’ils sont outrés par la complexité et les lenteurs des procédures. Il n’y a pas d’attitude favorable à même d’inciter les opérateurs algériens à exporter. Des exportateurs qualifient même de parcours du combattant l’opération d’exportation. D’autres raisons font que le développement des exportations hors hydrocarbures soit freiné, du essentiellement à la faiblesse de l’outil de production. Cela nécessite une mise à niveau et une amélioration de la compétitivité pour pouvoir exporter. D’un autre côté, les entreprises ne sont pas réellement intéressées par l’exportation. Elles ont leur part de marché en Algérie et il est difficile de les convaincre d’exporter. Les procédures administratives (douanes, autorisations…) sont jugées également compliquées…C’est un phénomène général qui ne concerne pas que l’exportation. Il faut du temps pour avoir son registre du commerce, sa carte fiscale… Et malgré les allègements de ces dernières années, ça demande un dossier lourd et ça reste tout de même un facteur contraignant pour l’entreprise.
Il y a aussi l’environnement global des affaires qui n’encourage pas le développement de l’entrepreneuriat, de l’investissement et donc de l’exportation. Le secteur financier doit également consentir un effort supplémentaire de modernisation et jouer le rôle d’accompagnateur de l’entreprise.
Donc même s’il y a des avantages et des facilités accordés en particulier aux entreprises exportatrices, cela reste contraignant.
La priorité pour booster les exportations réside dans la mise en place d’une stratégie, d’une politique, à même de favoriser les exportations. Il faut une vision à moyen et long termes. Il faut fixer des objectifs et mettre les moyens pour les atteindre. Selon les professionnels, cette stratégie doit être appuyée par des politiques sectorielles, qui alimentent les exportations. Aussi, l’entreprise doit être au centre de ces politiques.
I. B.