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L’ALGERIE FACE À LA DEUXIEME VAGUE DE LA PANDÉMIE : Faut-il aller vers un reconfinement total ?

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Le non-respect des consignes sanitaires et des mesures de distanciation sociale pourrait pousser le gouvernement à un retour au durcissement du confinement. C’est du moins le souhait tant exprimé par les personnels hospitaliers qui revendiquent un confinement obligatoire face aux comportements irresponsables de beaucoup de citoyens. Après avoir écarté l’idée dans un premier temps, les autorités publiques réfléchissent à renforcer les mesures sanitaires et rendre obligatoire le confinement dans les wilayas les plus touchées par la pandémie.

Pour les observateurs et spécialistes de la santé, une deuxième vague de Covid-19 est bien installée dans le monde au vu de beaucoup de pays de l’Europe qui recommencent à se barricader pour se protéger de la pandémie, et l’Algérie n’y échappe pas. Il faut dire que les mesures annoncées jusqu’à maintenant n’ont pas réellement eu l’effet escompté. Alors que les marchés, cafés et restaurants du pays regorgent de gens regroupés et collés les uns aux autres, sans port du masque ni observance de la distanciation, les médecins et infirmiers, déjà épuisés, continuent à payer la lourde facture de ce relâchement périlleux.
Le confinement de l’ensemble de la population pourrait être un moyen efficace pour enrayer l’épidémie. « Il y a péril en la demeure. Nous sommes dans la deuxième vague. Elle est violente. Et les prochains jours risquent d’être encore plus graves », a averti, ce jeudi, le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, qui a déploré le fait que les gens ignorent l’ampleur de la pandémie. Le ministre a d’emblée soutenu que les autorités sanitaires ne cachent rien et ne travestissent pas la réalité de la crise sanitaire.
« Les chiffres des contaminations sont ce que les tests PCR ont réalisé », a-t-il indiqué. C’est-à-dire que les décomptes épidémiologiques communiqués chaque jour représentent le nombre de tests PCR réalisés au quotidien.

Forte pression dans les hôpitaux
Face à la recrudescence de la pandémie, le ministre a imputé la responsabilité à la baisse de la vigilance et au non-respect des règles sanitaires de prévention contre le Sars-CoV-2 qui se propage à une vitesse vertigineuse au sein de la population depuis une quinzaine de jours. C’est dire que ce que nous vivons ces jours-ci pourrait être logique à la suite d’un relâchement total et impuni sur le terrain. Les autorités sanitaires disent que l’heure est à la mobilisation générale pour venir à bout de  cette épidémie mortelle. Le ministre de la Santé a reconnu la forte pression qui pèse sur les structures de santé, notamment celles de la capitale, de Tipasa ou de Jijel, prévenant que toute réticence à ouvrir davantage de lits dédiés à la prise en charge du Covid-19 sera sévèrement sanctionnée dans un contexte «de guerre contre un virus désarçonnant ». Il a mis le manque de lits d’hospitalisation sur le compte du peu de réaction de certains chefs de service qui, selon lui, n’ont pas tous opposé de réticences à cesser leurs activités habituelles pour ouvrir des lits pour le Covid-19.
Une réunion avait regroupé la semaine dernière le Premier ministre avec les membres du comité scientifique de suivi de la pandémie, qui lui ont fait part de l’aggravation de la situation de l’épidémie de coronavirus dans au moins une dizaine de wilayas dont la capitale, selon Mohamed Berkani Bekkat, président de l’Ordre national des médecins, par ailleurs membre du comité de suivi de l’épidémie de Covid-19.
Des mesures de confinement total ou partiel vont être annoncées incessamment pour limiter la propagation de la pandémie, a-t-il indiqué. «L’Algérie avait très bien géré la crise au départ, en fermant ses frontières et en instaurant des mesures de confinement qui ont donné des résultats satisfaisants. Cependant, dès la levée de ce dispositif et la rentrée sociale il y a eu, d’un côté, un relâchement dans le respect des mesures barrières et d’un autre, un manque de coordination entre les établissements hospitaliers. Il y a eu aussi des erreurs dans les études épidémiologiques », a-t-il fait observer.

Une dizaine de wilaya en alerte
La situation est inquiétante pour au moins une dizaine de wilayas, où les hôpitaux sont saturés, comme Béjaïa, Bouira, M’sila, Blida, Chlef, Jijel, à leur tête la capitale Alger. L’hôpital algérois Mustapha-Pacha a enregistré entre mardi et mercredi derniers 160 cas de contaminations, et dans le même établissement sanitaire de la capitale, 400 professionnels ont été contaminés depuis l’apparition de la pandémie. Ce rebond de la situation pandémique risque de durer encore 6 mois, mais avec une dangerosité plus élevée que celle de juillet-août derniers de par le nombre, a alerté le professeur Rachid Belhadj, directeur des activités médicales et paramédicales de l’hôpital Mustapha-Pacha, dans une vidéo diffusée mercredi dernier sur la page officielle de la Faculté de médecine de Ben-Aknoun.
Il a insisté sur la pression exercée ces derniers jours sur les lits de réanimation d’hospitalisation qui deviennent saturés au niveau du service Covid-19 de l’hôpital Mustapha-Pacha, au moment où « tous les moyens ont été mis en œuvre au niveau des autres services afin d’exploiter toutes les capacités d’accueil, mais avec l’obligation de maintenir le niveau de prise en charge des autres pathologies », citant les urgences médicales, l’oncologie, la maternité, la chirurgie infantile.
Le professeur lance un appel contre le relâchement face à la propagation de la pandémie du Covid-19. Selon lui, la tâche des professionnels de la santé est «lourde» car «le virus est encore là, et évolue rapidement au moment où l’on assiste aux regroupements familiaux à travers les fêtes de mariage et à la participation aux enterrements», déplore-il. Pis encore, ce relâchement est flagrant et dangereux «du moment que la population ne respecte plus les règles élémentaires des mesures barrières liées au port obligatoire de bavette et la distanciation sociale».
Hamid Mecheri

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