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Épidémiologie : la veille sanitaire n’existe pas en Algérie, selon le Pr Bengounia

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Pour cet épidémiologiste et spécialiste en médecine préventive, professeur au Chu Mustapha Pacha, tous les pays légifèrent dans le sens de la prévention ce qui n’est pas le cas de l’Algérie qui tarde à mettre en place un institut national de veille sanitaire pourtant très nécessaire.
Revendiqué depuis prés de 14 ans, cet institut tarde à voir le jour malgré l’engagement de la tutelle en 2012, a déclaré, hier, Abdelouahab Bengounia, au forum du quotidien El Moudjahid. « Nous avons proposé la création de l’INVS en 2001, mais le ministère de la Santé n’a toujours pas répondu favorablement », a-t-il dit, à cet effet. Selon lui, l’Algérie a besoin plus que jamais de cet institut tenant compte des risques frontaliers qui la guettent. Le professeur citera à titre d’exemple le virus Ebola qui s’est étendu dans neuf pays africains, ou encore le virus ZIKA bien que celui-ci se propage dans le continent américain. « L’Algérie n’est pas à l’abri de quoi que ce soit », prévient-il, expliquant que n’importe quel virus pourrait se déplacer d’un continent à un autre d’où l’énorme risque frontalier. Rebondissant, une seconde fois sur le volet préventif, le conférencier estime que la prévention reste « un slogan » qui embellit, seulement, le discours des politiciens, sans qu’il y ait du concret sur le terrain. L’hôte du forum a, de plus, regretté l’inexistence de ce projet dans la nouvelle loi sanitaire qui ne cède aucune place à la prévention. « La loi sanitaire n’a pas été bien discutée » dira-t-il encore avant de juger que cela nécessite un effort intersectoriel. À cet effet, Abdelouahab Bengounia préconise l’instauration du droit au bilan de santé systématique pour chaque citoyen de plus de 30 ans et, notamment, la création d’un institut national de veille. S’agissant du bilan systèmatique de santé (BSS), le professeur explique que celui-ci comporte un examen clinique assuré par des médecins généralistes pour le dépistage précoce et la prise en charge de pathologies, de cancer, et de maladies sexuellement transmissibles. Pour ce qui est de la nécessité de création de l’institut national de veille sanitaire, Bengounia la renvoie à la gravité de la situation sanitaire nationale, l’absence d’un moyen d’orientation de la politique nationale de santé, et enfin, poursuit-il, la démocratisation mondiale du concept santé. L’INVS a, en outre, pour mission d’effectuer la surveillance et l’observation de l’état de santé de la population, en s’appuyant notamment sur ses correspondants publics et privés dans le but de participer au recueil et au traitement des données sur l’état de santé de la population à des fins épidémiologiques. L’équipe de l’institut se chargera, aussi, de détecter tout événement susceptible de modifier ou d’altérer l’état de santé de la population, et d’alerter les pouvoirs publics en cas de menace sur la santé publique, et leur recommander toute mesure ou action appropriée. Aussi, elle devra assurer toute action de veille sanitaire pour identifier les causes d’une modification de l’état de santé de la population, notamment en cas d’urgence, d’établir, chaque année un rapport qui comporte, d’autre part, la synthèse des données de veille sanitaire et l’ensemble des propositions et des recommandations faites aux pouvoirs publics dans le cadre de ses missions.
Ania Nait Chalal

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